La sécurité affective de l’enfant [Chronique livre]

Depuis que Mouflette est toute petite, et comme la majorité des mamans, je suppose, je m’intéresse au confort de l’enfant, le confort matériel, bien entendu, quoi lui apporter pour qu’il soit en pleine santé physique, mais aussi le confort intellectuel et affectif, de quoi a besoin un enfant pour se développer en parfaite harmonie et être épanoui et heureux.

J’ai lu de nombreux bouquins, des livres un peu durs tels que « Parents toxiques » (que je conseille absolument. Je vais sans doute le relire pour le chroniquer, car c’est pour moi un indispensable dans la bibliothèque d’un adulte, victime de parents toxiques ou non), des farfelus tels que « Tout se joue avant 6 ans » (oui bien sûr… Après 6 ans, si t’as râté ton gamin, tu peux le mettre à la poubelle il sert plus à rien), ou encore « Oedipe toi-même » dont j’avais apprécié la lecture même si je ne suis pas une grande fan de son auteur. Bref, beaucoup de livres, et je suis toujours contente d’en découvrir de nouveaux.

J’ai lu récemment « La sécurité affective de l’enfant », derrière ce titre prometteur, un petit guide d’une centaine de pages, plutôt déculpabilisant et facile d’accès.
Ce guide ne donne pas vraiment d’aide concrète, mais il propose plutôt des pistes afin de faire confiance à son intuition de parent, à montrer un exemple de couple aimant, d’adulte sécurisant et de respecter l’enfant dans ses particularités et ne pas faire de la fratrie un tout mais bien prendre en compte l’individualité de chaque enfant.

J’ai retenu plusieurs passages qui ont particulièrement retenu mon attention, je vous les livres afin que vous fassiez une petite idée du contenu du bouquin:

L’auteure pense que l’instinct maternel est un leurre, que ça n’existe pas. Elle parle d’intuition des parents, de ceux qui voient grandir au quotidien cet enfant qui est le leur. J’approuve sa théorie, je pense en effet que l’instinct animal chez la femme du XXI° siècle est bien trop enfoui pour resurgir… La culture, la société nous empêche de laisser ressortir cette part animale en nous et c’est sans doute ce qui fait de nous des êtres civilisés.
En revanche, on a une intuition, on sait, on sent ce qui est bon ou non pour notre enfant. Et ça semble assez normal aussi sachant que l’on a vécu 9 mois en symbiose puis quelques mois de manière très rapprochée.
Cette intuition est quasi-vitale, encore faut-il savoir l’écouter.

J’aime aussi quand l’auteure dit que la femme doit suivre ses envies, ne pas se forcer… Que ce soit pour allaiter, par exemple, ou d’autres choses inhérentes aux premiers mois du bébé et qui n’incombent qu’à la femme. Se forcer au nom de quoi? D’une société qui nous impose des modèles? Qui nous juge si l’on ose se permettre de faire un choix?
Grosso modo, quand un choix est possible, autant prendre celui qui nous convient et continuer sa parentalité dans l’épanouissement et le bonheur plutôt que dans la culpabilité…

Un passage que j’ai particulièrement aimé niveau déculpabilisation:

« La toute-puissance parentale, contrairement à ce que pensent certains, ne construit pas la sécurité affective, elle en empêche, au contraire, l’élaboration. Pourquoi? Tout simplement parce que (…) c’est l’expérience relationnelle partagée qui la construit »

N’est ce pas hyper rassurant pour les parents que nous sommes de se dire qu’on peut se tromper, qu’on peut dire à son enfant « ben, désolée mais là, je ne sais pas répondre à ta question » ou encore « Je me suis planté, ça arrive même aux adultes, tu vois! ». Je partage entièrement l’avis de l’auteure à ce sujet, je pense qu’il vaut mieux accepter ses faiblesses et faire admettre à nos enfants que nous ne sommes pas des demi-dieux omnipotents et omniscients.
Je pense que ça aide un enfant à se construire en se disant « mes parents font des conneries, néanmoins, ils sont des modèles sur lesquels je peux m’appuyer. Moi aussi je peux faire des bêtises, mes parents m’y autorisent et savent que c’est comme ça que l’on apprend et que l’on grandit ».
Je pense en effet que l’enfant se sent plus en sécurité dans un climat où l’erreur est possible du moment qu’elle est admise et reconnue et excusable. C’est aussi une force de voir ses parents grandir avec nous, savoir que l’on est pas étranger à leur évolution comme ils ne sont pas étrangers à la nôtre.

Un autre point important souligné par l’auteure est le fait que la scolarité seule ne « suffit » pas à l’enfant.
C’est à dire qu’un enfant en échec scolaire, par exemple, ne doit pas juste être vu comme un cancre mais on doit prendre l’intégralité de ses capacités afin de le revaloriser: l’art, le sport…
Aussi, on ne doit jamais décider qu’une matière est moins importante qu’une autre au prétexte qu’elle n’est pas « principale ». Globalement, le français n’est pas tellement plus important que le cours d’arts plastiques ou de musique.
Qui sommes nous, parents d’un gamin de 10 ans, pour décréter que les seules matières importantes dans sa vie sons les sciences, les maths et le français? Qui nous dit qu’il n’est pas un futur grand tennisman ou un futur virtuose du violon (bon, s’il commence à 10 ans, le violon, ou le tennis, il est mal barré, certes…).
Bref, on doit accompagner notre enfant dans ses capacités et non lui imposer ce qu’une société normative a décidé qu’il était important.

Bref, j’ai aimé ce petit guide, je partage nombre de points de vue de l’auteure et me suis très peu sentie en contradiction avec ses propos.
Je lui reproche seulement de ne pas vraiment donner de clés pour aider notre enfant en difficulté, mais plutôt de donner des pistes afin de déculpabiliser les parents que nous sommes et de respecter au mieux l’enfant que nous avons.
Ce n’est pas une mince affaire, cela dit!

« La sécurité affective de l’enfant »*de M-D Amy – Editions Jouvence – 7,70€

 

 

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17 Discussions on
“La sécurité affective de l’enfant [Chronique livre]”
  • je dévore les livres sur l’éducation des enfants, les conseils ect…j’adore ca, mais en général ce sont mes amies qui me les prêtent, parce que bon ce n’est pas donné tous ces ouvrages, par contre, celui la il me plaît bien!!!!!!!!!!!!!!!!!!il est abordable alors je retiens l’idée, merci!

  • Je partage ce point de vue qui permet de s’excuser auprès de nos enfants quand on réalise qu’on s’est trompé ou qu’on a mal réagi. Et après on peut en discuter. Ca montre à nos enfants qu’on n’est pas des robots, et les décomplexe aussi face à leurs propres erreurs.

  • J’aime bien. Perso, je m’excuse relativement souvent car j’ai tendance à m’emporter au moins une fois par semaine et ma puce a pris la même habitude: elle vient me voir pour me dire : « écuse moi Maman, j’a fait une betise …. ».
    Je craque à chaque fois!

  • Merci pour le conseil, ton résumé donne envie de se le procurer. Je n’ai rien lu pendant ma grossesse et j’ai commencé à ouvrir un livre quand Rafaël a eu un an, sans grande conviction. On m’a conseillé dernièrement « tout se joue avant six ans » et je n’ai pas réussi à le lire, même en zappant des chapitres entiers, trop psy, trop loin de la réalité, trop coach, bref trop de trop.

  • Le concept de l’adulte omniscient est un vrai problème dans notre société, et c’est encore plus vrai en milieu scolaire. La maîtresse ne peut pas ne pas savoir, ne peut pas avoir tort. C’est pourquoi, quand l’adulte est mis en situation « dangereuse » où il risque de s’avouer plus « faible » qu’on ne le pense, il décide alors de ne pas risquer « sa place » et d’esquiver le danger. A l’école, c’est vraiment flagrant.

    Il y a encore trois ans j’étais intervenante musique en milieu scolaire. J’invitais, systématiquement, les instits à participer aux activités. J’amenais toujours des instruments manufacturés en classe, sur lesquels nous travaillons l’exploration sonore: permettre aux enfants de créer du son sans forcément « savoir » jouer de l’instrument en question (violons, guitares, tambours, parfois trompettes, flûtes…bref, des vrais instrus quoi, pas seulement des triangles et des tambourins), et créer de vrais morceaux de musique avec tous ces matériaux sonores trouvés au fil des séances. Dans la plupart des cas, la réponse des instits était à moitié étouffée en début de séance entre deux portes genre « ah non mais moi je fais pas ça devant les élèves, je sais pas faire! ».

    En fait, toute l’année, un des objectifs secrets des séances de musique était de ramener le maître au niveau de l’élève, justement parce que la pratique artistique permettait aux enfant comme à l’adulte d’être tout aussi débutants. Lui faire accepter qu’il pouvait fort bien se retrouver avec eux en situation d’apprenant et que, même, un élève pouvait lui apprendre des choses. Cela s’est passé plusieurs fois: un enfant qui trouvait un son intéressant au violon (avec une corde pincée par exemple), pouvait tout à fait montrer au maître comment il avait fait, pour que le maître reproduise ensuite.

    Et une fois que cette relation s’était inversée, que le maître avait accepté de lâcher prise et de baisser les armes, d’avouer qu’il ne savait pas tout faire et qu’il ne connaissait pas tout, et que même un enfant pouvait lui apprendre à faire des choses, alors la vie du groupe classe était définitivement transformée et la relation à l’apprentissage complètement repensée.

    Punaise comme j’ai adoré faire ce boulot. Ca me manque, des fois, notamment quand j’en parle comme ici 🙂

  • Coucou
    J’aime beaucoup cette façon de voir les choses et j’essaie au mieux d’accompagner mes enfants comme ça… Comme tu le dis « accompagner l’enfant dans ses capacités » je trouve ça très « beau » finalement.
    Cependant, la société est ce qu’elle est et là où je mettrais un bemol c’est ici : »…et non lui imposer ce qu’une société normative a décidé qu’il était important ». Peut être est ce à cause de mon vécu et mes expériences, mais j’ai envie que mes enfants puissent s’intégrer dans cette société « facilement », pour pouvoir vivre bien, avoir le choix (dans leur travail, leur façon de vivre etc…) et pour ça il faut à mon avis se plier à certaines choses imposées par la société… Je ne sais pas si je suis très claire !! Disons que j’adhère parfaitement à l’idée d’accompagner son enfant dans ce qu’il est, mais je pense qu’il faut aussi apprendre à s’intégrer dans cette société et de fait, se plier à certains trucs (le français et les maths sont importants, même si mon enfant devient tennisman :/). Parce que c’est comme ça. Je ne dis pas que c’est bien et que j’adhère totalement, mais je veux que mes enfants se sentent bien parmi les autres dans la société que l’on a aujourd’hui.
    (oui oui ça me travaille beaucoup le rôle de parent :p)(mais j’avoue qu’un bouquin qui fait déculpabiliser c’est aussi bon à prendre !!)

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