[Livres] Mère épuisée / Frères et soeurs / L’abécédaire de la jeune mère

Comme je le disais sur Facebook il y a peu de temps, en ce moment, j’ai rassemblé mes neurones et me suis remise à lire autre chose que des bouquins pour les 0-2 ans (bon, j’en lis encore, mais pas que, et ça change tout!).
J’ai lu trois livres que je vais résumer ensemble ici parce qu’ils traitent tous trois de la maternité, d’une manière ou d’une autre.

Place aux chroniques (Je précise, au cas où, que je mets systématiquement l’éditeur et le prix, pour ceux qui veulent acheter, mais pour la plupart des ouvrages, on les trouve en bibliothèques facilement! :-))

 

Mère épuisée – S. Allenou – Editions LLL – 17€

C’est un livre dont j’ai beaucoup entendu parler sur les blogs et à la télévision, et ça m’a rendu très curieuse, je me suis donc récemment lancé dans sa lecture.
Stéphanie Allenou, maman de 3 enfants dont deux jumeaux, nous livre son expérience de maman épuisée, au bord du craquage nerveux… La première partie du bouquin est la longue descente aux enfers, pas forcément perceptible, lente, douce et pourtant inéluctable… J’ai eu un peu de mal à accrocher au début, de part le présent de l’indicatif utilisé même pour les flash back qui a rendu la lecture un peu confuse parfois. Néanmoins, c’est très aisé à lire, les mots de Stéphanie sont simples, elle s’y livre sans fausse pudeur, sans étaler de détails glauques non plus, néanmoins cette partie est très triste et j’ai eu beaucoup de mal à m’identifier à cette femme fataliste qui subit sa vie sans réussir à se débattre.

J’ai bien mieux compris le point de vue dès la deuxième partie. Stéphanie est une battante, elle se décrie comme telle, mais dans son récit de femme qui sombre dans un profond désespoir, on a du mal à sentir qu’une vraie warrior se cache quelque part tant la vie qu’elle mène semble sombrer dans le malheur. Pourtant, elle trouve un souffle vital qui va lui permettre de s’en sortir et de sauver sa famille, sa vie et ses enfants.
C’est donc un beau message d’espoir, en fin de compte.

Je ne me suis pas reconnue dans son témoignage, sauf quand elle commence à frapper ses enfants, j’ai pu voir à côté de quoi, miraculeusement, Mouflette et moi sommes passées lorsqu’elle était petite et que ma colère et mon désarroi étaient tels que je ne voyais plus aucun autre moyen pour me faire entendre que d’en venir au main.
Je ne sais pas trop comment je n’ai pas sombré. Probablement parce que je n’étais pas dans l’état d’épuisement de Stéphanie Allenou qui ne lui permettait aucun recul.

En dehors de ce passage, je ne me suis reconnue à aucun moment. Par contre, moi qui ai la peur panique de porter un jour des jumeaux, lire ce livre n’a pas vraiment calmer mon angoisse…

J’ai noté quelques passages pour lesquels je voudrais partager ma réflexion:

« Je crierais volontiers sur cette dame qui n’a pas levé le petit doigt pour m’aider. Ce genre d’attitude est très fréquent: beaucoup pensent qu’il vaut mieux ne pas intervenir auprès des enfants des autres »

L’auteur, ici, est dans un parc avec ses trois enfants, l’un d’eux échappe à sa vigilance et elle en veut à une autre mère, présente dans le parc, de ne pas être intervenue pour ramener son fils auprès de sa mère.
Je trouve l’auteur un peu prompte à juger… Je comprends parfaitement son désarroi, elle a trois enfants, elle est morte de fatigue, comment surveiller efficacement trois enfants à la fois?
Néanmoins, l’autre femme n’y est pas pour grand chose. Nous vivons dans une société très individualiste où l’on apprend à respecter la sphère intime de l’autre sans trop se poser de question… L’auteure aurait apprécié une aide et c’est bien compréhensible, mais comment l’autre femme aurait pu le deviner?

Ainsi, je me pose la question… Parfois, au parc ou dans la rue, je vois une mère en difficulté avec l’un de ses enfants. Devrais-je essayer de l’aider? Quand il s’agit de porter une poussette, je ne me pose pas la question, mais quand il s’agit d’un enfant qui court au parc et s’approche d’une source d’eau par exemple, tant qu’il n’est pas tombé dedans, comment savoir si la mère est juste très laxiste ou a grande confiance en son enfant, ou qu’elle ne l’a pas vu faire? Si j’interviens, alors que l’enfant n’est pas encore en danger, je risque le fait que mon action soit prise par la mère comme un jugement sur sa qualité de maman…
C’est peut-être là que réside le drame de notre génération, on aimerait de l’aide mais on ne sait plus la demander, ni comment la donner…

« Je ne veux rien qui aille à l’encontre du bien de mes enfants, au contraire. Mais comment les protéger alors que je suis moi-même en détresse? »

Ici, on sent la détresse totale qui abîme peu à peu la relation de l’auteure avec ses enfants, la rendant maltraitante (une maltraitance insidieuse, non-assumée ni voulue). Elle est épuisée et tout prend des proportions hallucinantes. Une personne normalement reposée est à même de faire travailler sa patience et son recul face à un enfant récalcitrant. Ce n’est pas le cas d’une personne épuisée physiquement et moralement…

Bref, ce livre m’a plu car il m’a fait réfléchir sur des sujets importants, essentiels même: la sécurité affective de l’enfant, la place que l’on est capable de lui laisser au sein de la famille, comment une personne peut sombrer du manque de sommeil, du manque d’aide et d’écoute…
Je vous le conseille vraiment si ces questions vous intéressent.
Stéphanie Allenou ne tombe pas dans le pathos, même si la première partie de son livre n’est pas des plus joyeuses. Son témoignage est très fort car elle trouve les moyens de s’en sortir, ce qui fait sa force et celle du livre.

 

Frères et soeurs* – N. Le Breton – Editions La martinière – 10€

Alors ce livre, comme son nom l’indique, traite des fratries, de la place de chacun en tant que frère ou soeur, de la volonté ou non de « donner » un frère ou une soeur à son enfant.
Un livre que j’ai apprécié lire, qui donne des pistes sur ce thème trop peu traité en littérature éducative, je trouve.
J’ai apprécié que l’auteure ne cherche pas à donner un seul point de vue mais fasse la synthèse de plusieurs.
Par exemple, au sujet de l’écart d’âge idéal entre deux enfants, voici un extrait:

« Pour MArcel Rufo, il est urgent d’attendre 7 ans environ [entre deux enfants] afin que l’enfant soit autonome et qu’il ait engendré « des souvenirs de famille qui lui soient personnels […] Gilles-Marie Vallet pense qu’une fratrie, ce n’est pas une association d’enfants uniques mais des frères et soeurs qui jouent ensemble » (sous entendu, il ne faut pas trop attendre entre chaque enfant)

Je pense que ni l’un ni l’autre de ces deux spécialistes n’a raison, l’écart d’âge idéal, c’est celui que l’on choisi (ou qui s’impose au couple). D’expérience, même si je n’ai que deux enfants, je sais qu’un grand écart d’âge n’empêche pas une belle complicité. Je suis certaine qu’un petit écart apporte aussi son lot de bonheurs autant pour les enfants que pour les parents.

Le bouquin traite aussi de la jalousie, du droit de chaque enfant à ressentir ce sentiment désagréable mais fondateur.
Est aussi évoqué la place de la mère, la plus grande facilité qu’il y a à élever un deuxième enfant qu’un premier…
La place dans la fratrie est aussi prise en compte, comment les schéma et préjugés considérant le premier enfant comme le brouillon, celui qui est obligé d’être sérieux, le cadet comme l’enfant qui ne trouve pas sa place et le benjamin comme le chouchou capricieux n’a plus sa place à notre époque ou le droit d’aînesse n’est plus d’actualité et où chaque enfant est, en principe, traité avec équité à défaut d’égalité.
Le tabou sur la préférence d’un enfant est aussi levé. Avec tact et délicatesse, Nathalie Le Breton évoque ce sujet épineux et pourtant réel dans certaines familles. Elle tient des propos assez rassurants, estimant que le préféré de l’un n’est pas forcément celui de l’autre, mais surtout, que le préféré d’un moment ne le sera pas nécessairement en toute situation.

Je suis pour ma part incapable de dire que je préfère une de mes filles à l’autre, mais elles ont un tel écart d’âge qu’il n’est pas vraiment possible de les comparer. Je vis des instants très forts avec chacune d’elles, je les aime de manière très différente, mais je n’en « préfère » aucune des deux. Cela étant, je ne les aime pas pareil, l’amour que je leur porte n’est pas quantifiable, mais mon amour pour l’une et l’autre diffère… On ne peut pas aimer de la même manière une petite fille de 2 ans et une ado de 11…
La lecture de ce chapitre m’a néanmoins rassuré, le fait de ne pas aimer ses enfants de la même manière est plutôt normal…
Quand j’étais enceinte de MissCouette, Mouflette m’avait demandé si je l’aimerais autant après la naissance. Je ne sais plus qui a eu l’idée, mais je lui ai dit que je l’aimais comme j’aime les gâteaux au chocolat (pour métaphorer, j’aime ma fille plus que les gâteaux…) et sa petite soeur ne pourra jamais être un gâteau au chocolat, en revanche, elle pourra être un baba au rhum et j’adore les babas au rhum, mais impossible de dire quel gâteau j’aime le plus…
Ca l’avait rassuré, et moi aussi.

Bref, un livre que j’ai aussi aimé lire, qui se lit extrêmement facilement (je l’ai fini en une heure…) qui n’apporte pas de réflexion profonde mais qui a le mérite de poser des questions et d’élaborer des réponses qui aident à comprendre un peu la fraternité et qui déculpabilisent les parents.

 

Abécédaire d’une jeune mère* – A. Kalicky – Chêne – 12,90€

Ce petit livre est beaucoup plus léger. Il ne se veut ni un guide, ni un témoignage mais plutôt une satyre de la condition des jeunes mères… On trouve ici tous les mots de la maternité décortiqués de manière humoristique. D' »Accouchement » à « Zut », en passant par « Grand parents », Péridurale, Baby, Episiotomie et j’en passe…
Un petit livre divertissant, j’ai pas mal souri en le lisant. Il permet de dédramatiser un peu la situation.
Je conseille cependant de le lire juste après avoir accouché, le glossaire y prendra tout son sens!
Je pense en revanche que l’auteure n’a jamais été confrontée à une épisiotomie, car avancer que c’est indolore, euh, oui bien sûr oui…

 

 

 

 

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15 Discussions on
“[Livres] Mère épuisée / Frères et soeurs / L’abécédaire de la jeune mère”
  • Le petit abécédaire me tente bien, je vais aller regarder! Et puis visiblement on a pas toutes la même chance, parce que moi aussi j’aurais tendance à dire qu’une épisio est indolore…!

  • Sur l’épisio, quand on te la fait, tu es shootée 😉 même pas mal … après ah ça, ma ptite dame, c’est une autre paire de manche :-))))
    Bah, je ne me plains pas, j’ai clairement moins douillé que toi !
    Pitêtre que je tenterai le livre sur la fratrie, je suis en plein dedans… les loulous ont l’air d’être en train de chercher leur place et ce n’est pas facile, ni pour eux ni pour nous ! Cela dit, le bon écart d’âge, comme tu le dis, c’est celui que choisisse et assume les parenst ; mon pédiatre a coutume de dire : « tant que ce n’est pas un problème pour vous, ça ne le sera pas pour eux ! ».
    Bizzzzzz

  • Je trouve super que tu nous fasses régulièrement partager tes découvertes de livres, adultes et enfants…!
    Par rapport à ce que tu dis du premier livre, je me pose les mêmes questions. comment savoir quand intervenir ou non? on ne peut pas deviner si la personne a besoin d’aide, ou si on va empiéter sur son rôle de maman? Je me suis souvent interrogée par rapport à cela. Comme tu le dis, aider à porter une poussette, cela va de soi, on rend service, voilà. Mais comme la scène du parc…que faire?! Moi je n’interviens que si l’enfant est en danger, mais même cette notion là est parfois subjective!

  • J’ai déjà lu « mère épuisée »…j’avais eu du mal à accrocher…je n’étais pas toujours en accord avec sa vision des choses!
    celui sur la fratrie me tente bien…merci pour ces chroniques! 😉

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