Etre parents…

Sans titre 19Si la maternité m’est un peu tombée dessus par hasard et que j’ai accueilli ce nouveau rôle de maman avec enthousiasme et excitation, Mister Mii, lui, est devenu parent par choix, tout en douceur et en apprivoisement… Si je suis née maman en même temps que Mouflette à la vie, Mister Mii a appris à devenir le papa de Mouflette, et cela a pris plusieurs année.

Nous formons aujourd’hui une famille, et avec MissCouette nous apprenons, lui comme moi, à devenir parents de deux enfants.
Avec Mouflette, nous étions tous les deux très jeunes, pas du tout expérimentés, et nous avons appris, trébuché, nous sommes devenus des parents jour après jour, pas toujours dans la facilité, voire souvent dans le doute, le questionnement, la douleur parfois…

Mouflette a 12 ans et je ressens toujours cette difficulté à être sa mère. Tout est à la fois évident et délicat. L’amour que je lui porte, toute mon affection, mon envie de lui offrir un cocon moelleux et doux, se confrontent à son caractère difficile, entier, intransigeant et surtout à la réalité. Mouflette n’a pas eu un début de vie facile, et elle a souffert avec moi de tous les choix qui ont jalonnés ma vie. J’ai essayé de toutes mes forces de l’épargner, de faire de sa vie une bulle colorée et jolie, mais je sais qu’à bien des égards, j’ai échoué… Ou tout simplement, ma petite éponge à sentiments de fille ne pouvait pas être mise à l’écart de ce que je vivais… Elle a senti, vécu, souffert peut-être aussi, de tous ces chamboulements nécessaires à ma reconstruction.

J’essaye tous les jours de réparer cela, d’être là pour elle, comme je l’ai toujours été, de lui apporter la stabilité dont elle a manqué, plus petite, surtout de lui montrer que je suis solide et que mon amour pour elle est inébranlable. Mouflette passe son temps à nous tester, à vérifier nos limites et surtout à éprouver autant que possible notre patience, notre affection et notre amour. Nous sommes là pour lui montrer que malgré tout, nous l’aimons. Je l’aime et je suis là pour elle, même si parfois, elle me pousse tant dans mes inquiétudes que la tentation est forte de baisser les bras… Je pense alors à ce dont elle a besoin, deux parents solides, une mère sur laquelle elle peut compter, quels que soient les obstacles, et je me reprends pour lui montrer que la voie à suivre n’est pas celle de la facilité.

Etre mère de Mouflette (et être son père, mais j’ai moins d’expérience à ce niveau…) est complexe, parce que Mouflette est une jeune fille complexe, que nous avons commencé nos vies ensemble très tôt et que je sens souvent mes épaules flancher sous le poids de son adolescence.

MissCouette, arrivée 9 ans plus tard, bénéficie de notre expérience et de notre maturité. A presque 30 ans, on n’est plus vraiment la même personne qu’à 20. Nos vies sont différentes, un couple solide et serein et une famille aimante et stable se sont formés, MissCouette est née dans un petit cocon de bonheur, son début de vie iddylique m’a douloureusement renvoyé à celui, chaotique, de Mouflette. Je donne tout ce que je peux à MissCouette, c’est facile, c’est évident, parce que je suis mère depuis déjà 12 ans et que j’ai appris ce qui était essentiel et ce qui avait peu d’importance… Sa vie est douce car j’ai beaucoup plus à lui donner que ce que j’avais pour Mouflette… Elle grandit dans une famille depuis sa première heure, là où Mouflette a connu déchirement, violence et séparation. Elle évolue dans un climat stable, structuré et sécurisant quand Mouflette a connu la vie avec un seul parent angoissé, anxieux et parfois dépressif.

Je tente de rattraper, chaque jour, mes manquements en tant que parent. Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir été défaillante, j’ai fait ce que j’ai pu, j’ai fait les meilleurs choix possibles, j’ai protégé ma fille autant qu’il m’était possible de le faire, mais je sais qu’elle a essuyé les éclaboussures du ras de marée dans lequel j’ai plongé. Je ne regrette pas mes choix, je ne regrette pas non plus sa présence à mes côtés, Mouflette est formidable et le monde serait moins beau si elle n’en faisait pas partie, mais je sais qu’à cause de moi, elle a grandit avec des failles, des angoisses, des difficultés qu’il lui faut surmonter aujourd’hui.

Alors que sa petite soeur grandit paisiblement, avec son petit caractère pas toujours facile (ça s’affirme vite ces petits machins là!), mais dans la sécurité et la protection d’un foyer qui lui est entièrement dédié.

Constat doux amer… Je veux le meilleur pour mes enfants, je suis pleinement capable de l’offrir sans effort à l’une, alors que j’ai dû me battre bec et ongles pour le décrocher à l’autre.
Ce n’est pas un constat d’échec, d’abord parce que la vie de Mouflette ne fait que commencer et j’ai bien des occasions de lui offrir tout ce qu’elle mérite, et ensuite parce que malgré les difficultés, sa vie est plutôt chouette aujourd’hui, même si elle traine quelques casseroles du passé.
Le mieux que je puisse faire aujourd’hui n’est pas de renier ces années noircies mais de l’accompagner afin qu’elle s’en remette au mieux, et qu’elle commence sa vie de jeune fille avec toutes les cartes pour être pleinement heureuse.

Etre parent n’est pas facile, c’est une remise en question permanente, des doutes, des choix, sans cesse, la peur de mal faire alors qu’on ne souhaite que le meilleur et que l’on fait tout pour l’offrir, c’est beaucoup d’abnégation aussi, s’oublier parfois pour donner tout ce que l’on a et plus encore. C’est accepter que l’on n’est pas le même parent pour tous nos enfants et que certains s’en sortent mieux que d’autres. C’est aussi un million de responsabilités, à commencer par l’acceptation qu’un jour, tous nos choix et leurs répercussions nous exploserons à la figure et que nous devrons, avec toute la bienveillance qui doit caractériser un parent, en assumer les conséquences et aider, encore et toujours, nos enfants à dépasser nos erreurs.

Rendez-vous sur Hellocoton !

Vous aimerez aussi :

24 Discussions on
“Etre parents…”
  • C’est la troisième fois que je lis ton texte et que je m’imprègne.
    Issue d’une famille de 5 enfants (dont les 3 premiers d’un père différent, mais adoptés ensuite par le deuxième papa), je ne peux que comprendre Mouflette et aussi Miss Couette (à travers mon p’tit frère et ma p’tite soeur.

    Pour synthétiser ce que tu décris, je ne retiendrai qu’une phrase : …être parent… « C’est accepter que l’on n’est pas le même parent pour tous nos enfants et que certains s’en sortent mieux que d’autres. »

    • Merci Norzem! C’est vrai que cette phrase résume assez bien… Même si le constat est dur à avaler!
      Et sinon, tu as bien vécu ton entrée dans l’âge adulte, forte de cette expérience peu commune et pas forcément facile à vivre?

  • ton dernier paragraphe résume parfaitement, à mon sens, toute le complexité d’être parents…je me remets très souvent en question aussi…mon mari dirait « trop souvent », mais aussi pénible que cela puisse être, je pense que c’est nécessaire…et j’apprends aussi, jour après jour, qu’on n’est effectivement pas le même parent pour chacun de nos enfants, et qu’au fond, c’est normal, vu que forcément nos enfants ne sont pas les mêmes non plus!

    par contre, quand tu dis « je sais qu’à cause de moi, elle grandit avec des failles »…j’ai envie de te dire que sans toi, elle ne serait pas là, et que grâce à toi, elle grandit, tout simplement…<3

    • Malheureusement, le simple fait de mettre au monde un enfant ne fait pas un bon parent ni une bonne raison pour être remerciée! 😉
      Et j’espère qu’elle grandit bien, parce que grandir, bah, tout le monde le fait, qu’il le veuille ou non, mais grandir armée pour affronter la vie, c’est une autre histoire…

  • Love!!!!!!
    Je ne sais pas quoi te répondre… Mon expérience, est loin d’être aussi dure que la tienne et celle de Mouflette, alors surement te diras-tu que d’un certain côté je n’ai pas à en souffrir, parce qu’il y a pire. Et je le sais.

    Enfin bref, je ne vais pas te raconter ma vie, tu as surement autre chose à faire 😉
    Tu sais, si jamais Mouflette ne le comprend pas encore, elle comprendra plus tard que tu as tout fait pour elle!
    Et, vous l’entourez, essayez de la comprendre et ça c’est une des plus belles choses, que l’on puisse faire! Très certainement, un jour elle te dira merci!

  • La remise en question, encore et toujours… et pourtant c’est pareil j’ai peur que toutes les décisions qu’on prend nous reviennent un jour comme un boomerang en pleine tête. On essaie de faire de notre mieux pour ne pas regretter mais on se dit qu’on aurait toujours pu faire encore mieux (Et pour l’instant j’en ai qu’une).

  • Parfois, tes textes sont si vrais, si transparents… il y a derrière tes mots à la fois de la fougue et de l’apaisement, un constat un peu amer mais terriblement honnête, et une énorme bouffée d’espoir. Je te suis admirative d’avoir un regard si juste sur ta vie, et si tendre dans le même temps.

  • Je n’ai pas d’enfants donc la parentalité, ça me dépasse un peu.

    Mais, ce que je vois dans ce texte, c’est que tu te remets en question et ça, c’est bien (cette avis n’appartient qu’à moi).

    Mouflette peut être fière de toi et d’elle aussi 🙂

  • Les enfants grandissent et découvrent toujours leurs parents comme des etres faillibles, simplement humains. Mouflette te semble en souffrir deja, mais es tu sure qu elle en ait eu vraiment conscience avant son adolescence? Les enfants sont résiliants, mais ces angoisses peuvent rester et difficile de dire quelle en est ta responsabilité…on se sent toujours coupable de tout en tant que parent. La maman ideale qu’est ce que c’est? Il y en a t’il meme? Chaque jour ou tu t’interroges et tu t efforces de la guider dans la vie, tu lui fais du bien. Tu as raison, les enfants sont des eponges… a nous d’etre fortes et sereines, assumer nos faiblesses, pour leur donner confiance en eux et les inviter a s’accepter tels qu’ils sont aussi.

    • Ha ben c’est sûr que ma part de responsabilité, je ne la connais pas, mais comme tu dis, quand on devient parent y’a le mot « doute » qui s’inscrit de manière indélébile sur notre front… On doit faire avec et essayer de guider nos enfants au mieux, tout en ne sachant jamais si on fait bien ou mal.
      Mais déjà, je me pose la question, tous les parents ne le font pas… 🙂

  • Il est si émouvant ton texte, ton ressenti… Je ne connais pas toute ton histoire et s’il est sûr qu’on se construit sur nos expériences bonnes ou mauvaises, il est aussi certain (enfin moi je le pense) qu’il y a un caractère inné chez chaque être humain. Cette grande phrase pour dire que tout ne t’est pas imputable ni à la situation, peut-être que Mouflette dans un couple tranquille aurait quand même eu son caractère à fleur de peau et peut-être que Miss Couette, née dans plus de difficultés, aurait gardé sa tranquillité d’esprit. Tu me diras qu’avec des « si » on mettrait Paris en bouteille (oui, bah oui, j’aime bien les expressions vieillottes, c’est mon truc), mais je vis personnellement avec 2 êtres qui n’ont que 2 ans d’écart, qui globalement ont vécu les mêmes choses et avec les mêmes éducations (l’aîné a peut-être un peu plus essuyé les plâtres) et pourtant, mon 1er est déjà un être complexe, plein d’angoisses, sans cesse en but aux règles établies, alors que le 2eme vit la vie comme elle vient, contourne les règles plutôt que de lutter contre elles et ne semble ne voir aucun problème mais que des solutions. Une psychomotricienne à qui je disais que peut-être mon Wan était trop perfectionniste parce qu’on lui avait mis trop la pression (vu que c’est le 1er, blabla), m’a répondu « oui, peut-être. Et peut-être aussi qu’il est né perfectionniste. », tout d’un coup mon monde s’est éclairé !
    Bref, un pavé pour dire qu’on ne saura jamais ce que la Mouflette aurait été dans une autre configuration, mais ce qu’on sait c’est que tu te battras toujours pour le bien-être de tes filles et c’est bien l’essentiel !

  • J’ai beaucoup aimé votre texte qui m’a vraiment touchée. Je suis moi-même maman depuis presque deux mois et seule, et je prends déjà conscience que cela ne sera pas simple, ni pour moi ni pour lui, de vivre sans un +1 sans son papa. Votre petite deuxième a vraiment de la chance et je suis sûre que la première saura un jour vous/tout comprendre…

  • être parent ce n’est pas évident, on en apprend tous les jours, je ne savais pas que l’on pourrait se torturer le cerveu autant, que l’on pouvait culpabiliser si souvent!a côté de cela c’est beaucoup de bonheur, on grandit tous les jours de cette richesse de devenir parent!

Leave A Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


six − quatre =