Je suis tellement d’accord avec tes derniers paragraphes ! Si certaines victimes de choses innommables s’en sortent comme t u dis, c’est sûrement plutôt parce qu’elles ont trouvé de la douceur, de l’affection et du positif sur leur chemin, que juste parce qu’elles ont subi le pire ! Pire qui aura sûrement eu davantage tendance à les fragiliser qu’à leur donner envie de continuer à vivre coûte que coûte. Et les personnes qui ont cette volonté ou cette capacité de résilience sont peut-être celles qui avaient l’ancrage le plus solide auparavant, fait de bienveillance et de joie. Comment imaginer que l’on puisse être plus heureux en ayant subi des sévices que sans ?!! C’est effectivement une vision dangereusement relayée et sidérante… Tout ça me fait aussi penser aux artistes, grands écrivains, etc. On a l’impression que les grands penseurs, les grands artistes de ce monde sont souvent des gens qui ont eu une vie assez malheureuse et que c’est ce qui leur a donné cette inspiration, cette force créatrice. C’est souvent vrai d’ailleurs mais si nous admirons leurs oeuvres, qu’ont-ils eux-mêmes pensé de leurs vies ? On ne se penche pas trop sur leur bonheur de leur vivant et pourtant… Bref, je ne peux qu’acquiescer à ta phrase « Et toutes ces personnalités qui réussissent après avoir été choyées, sans doute beaucoup plus nombreuses, pourquoi ne pas les prendre aussi comme exemple pour promouvoir la douceur et le respect? » parce que promouvoir le respect, c’est un sacré boulot !!! Répondre
Tout à fait! Je suis persuadée que de grands artistes ont trouvé leur inspiration dans le bonheur… Prend JS Bach, il n’a pas eu une existence particulièrement malheureuse, à ma connaissance, sa musique est portée par sa passion de dieu (donc du joli, à priori), et il est l’un des plus merveilleux musiciens du monde! Bien sûr les écorchures donnent de la densité à une personne, à quelques personnes… Mais cette densité peut-être acquise d’une manière plus douce, je pense. Et on ne parle ici que de ceux qui « s’en sortent », d’une manière ou d’une autre, pas tellement de ceux qui sombrent! En fait c’est un sujet vaste qui est difficile à traiter en quelques lignes… Les expériences douloureuses enrichissent, sans doute autant voire plus que les expériences heureuses. Mais dans la souffrance brute, la mort, la maltraitance, la maladie, il ne s’agit aucunement d’expérience… On subit. Et on n’en apprend pas grand chose. Je n’ai pas le sentiment d’avoir appris des souffrances de mon passé (j’ai même dû apprendre à désapprendre tout ce que cela m’a appris de mauvais, plutôt!). En revanche j’ai appris de mes échecs, de mes ruptures, des douleurs gérables de la vie… Et j’ai pris tout ce qui était porteur d’espoir et de bonheur… Ce sont des notions qui se confondent, à tort! Mais au final, est-ce que ça ne rejoint pas cette « utopie » populaire qui voudrait que tout soit acquis sans effort. Finalement, l’idée que souffrir un bon coup (même si la douleur est intolérable) permet d’apprendre la vie, c’est peut-être plus facile à envisager qu’un long apprentissage, demandant effort, patience et tenacité… Répondre
Oui, c’est intéressant ce lien avec le fait que ce qui est acquis au prix de gros efforts a meilleure presse. Enfin, de là à considérer de vraies souffrances comme nécessaires, c’est abusif !! En réfléchissant, ce que j’ai pu constater dans mon entourage très proche (mon père), c’est que les grandes souffrances ont causé plus de résignation et d’aigreur que d’envie de savourer la vie, malheureusement. Alors moi aussi, je trouve ce proverbe vraiment nul. Vraiment. Répondre
Je suis entièrement d’accord avec ton analyse!!! « Le mal engendre le mal » (référence inside! ;-)) Répondre
Non, ton billet ne part pas dans tous les sens : il est touchant et très sensé. Je n’aime pas les phrases toutes faites que l’on répète sans se demander en quoi elles peuvent être parfois absurdes. Ce qui ne m’empêche certainement pas, sans doute, d’en prononcer aussi, je l’imagine bien. Mais la phrase que tu commentes aujourd’hui me fait bondir, tout comme toi. Répondre
Ha oui j’en prononce aussi j’en suis certaine! Mais certaines phrases me font plus bondir que d’autres! (et je me pose peut-être aussi trop de questions… ;-)) Répondre
Cette phrase que tu commentes si bien, si justement, me donne envie de hurler ; mais quand je l’entends c’est juste en mon intérieur que je crie. En effet, non, la souffrance et le malheur, les traumatismes quels qu’ils soient ne rendent pas plus fort, ils usent, ils abiment, ils fatiguent, ils sont un « handicap invisible », quand ils ne font pas perdre la raison. Cette phrase je l’entends comme un « ferme ta gueule et avance ». Mon psy me l’a dit (je devrais prendre le temps de retourner le voir, mais ce n’est pas facile de trouver le temps quand on est une maman parisienne qui travaille bien plus que 35h par semaine) ; mais je vais apprendre par cœur ton dernier paragraphe et me le redire chaque jour… pour ma fille j’en suis convaincue, mais pour moi, je devrais me le rappeler plus souvent. Merci pour ce beau billet si sensé, pour ton blog si touchant et pour tout ce que tu partages et apportes à tes lectrices. Je t’embrasse bien fort. Répondre
Merci beaucoup! « Ferme ta gueule et avance, et fais pas chier », devrais-tu rajouter… Que tout un chacun ne soit pas en mesure d’aider les autres, je le conçois parfaitement (je ne suis d’ailleurs pas un modèle!), mais ce sentiment véhiculé par une société, des autorités censées aider, je ne comprends pas… Répondre
A mon avis, on se balance ces phrases toutes faites parce que c’est tellement facile de les balancer, comme si ça résolvait tout… Une partie de ta réflexion m’a fait penser que j’ai bondi aussi en entendant les journalistes parler d’une de ces 3 filles enlevées… en disant « elle est heureuse » pardon ? Contente d’être sortie de cet enfer peut être, mais je vois mal comment on peut en arriver a être « heureux »… Répondre
Oui, c’est agaçant. Surtout dans la bouche de journalistes qui sont censés relayer une information claire… Après, que l’on dise des phrases toutes faites, ça arrive à tout le monde, ça n’est pas vraiment grave. Ca l’est quand la société entière semble partager ce genre d’avis et que ces avis sont dangereux… Répondre
Je suis tout à fait d’accord avec toi! Et je n’ai jamais compris cette expression… Je sais, que tout ce que j’ai vécu m’a énormément affaibli, sur le moment même et évidemment sur le long terme.. Je n’arrive pas à savoir, ce que ça m’a « apporté » de souffrir. En quoi, « grâce » à ça, aujourd’hui je suis plus forte, au contraire, pour l’instant je ne vois que les aspects négatifs sur ma vie. On verra plus tard. Merci, en tout cas 🙂 Répondre
Moi je sais que la souffrance ne m’a rien apporté du tout. J’ai fait des choix en fonction de mon vécu, je ne le regrette pas car je n’aurais sans doute pas la vie que j’ai aujourd’hui sans lui… Mais je sais qu’il ne m’a pas rendu plus forte, bien au contraire… C’est délicat parce que je sais pertinemment que si je n’avais pas ce vécu difficile, je n’aurais jamais eu Mouflette, par exemple, et elle est ce qui m’est arrivé de plus beau! Je sais que du positif est ressorti de mon vécu, parce que j’ai fait des choix de survie qui m’ont été bénéfique. Mais je sais aussi que j’ai eu de la chance, et tout le monde n’en a pas. Répondre
bonjour ! 🙂 excellent texte ! d’autant plus que je te rejoins… » banalisation de la souffrance « , tu évoquais cette idée, c’est totalement ça, c’est l’idée courante selon laquelle, ben c’est normal hein, faut trimer, faut prendre des coups dans la vie ! quelle horreur ! c’est selon moi une des raisons pour lesquelles nous vivons dans un monde si dur, alors qu’on pourrait tout-à-fait le rendre plus doux, sans devenir pour autant des gens désarmés face au moindre obstacle. » désarmés « , le mot dit tout… la vie c’est la guerre. eh bien moi, comme toi, je dis NOOON, pas d’accord 🙂 je reviendrai ! bonne journée 🙂 Répondre
Je pense qu’il y a un grand paradoxe dans notre société actuelle… On confond souffrance et expérience… On pense qu’en prenant des coups, ou en en donnant, la vie sera plus facile parce qu’on sera endurci! Alors que seule l’expérience, faite d’échecs, de réussites et de petites bosses est à même de nous apprendre la vie. On a tendance à confondre les petites bosses normales de l’existence (on tombe, on se blesse, on apprend, c’est normal, c’est l’expérience) et les grands chocs, les grands drames… Alors bien sûr la vie ne tombe pas sur un plateau doré. Mais souffrir, ce n’est pas la vie. La vie c’est apprendre, se tromper, faire des erreurs, gagner en expérience, avoir mal, parfois, mais à dose raisonnable. J’ai le sentiment que l’on confond trop facilement la douleur nécessaire d’une petite chute, dont on se remet très facilement mais qui permet d’apprendre. Et le chaos d’un grave accident. Duquel on apprend rien et qui fait souffrir atrocement et inutilement. On peut vivre après un tel chaos, et être heureux, heureusement! Mais ça n’est pas nécessaire pour accéder au bonheur… Répondre
en fait, je crois que cette phrase peut aussi vouloir dire que quand on on connu de grandes souffrances, on apprécie encore plus les belles choses de la vie, ça les rend encore plus précieuses! Répondre
Ca c’est sûr… Mais je pense qu’on peut accéder à cette lucidité même sans jamais avoir connu de malheur? Après je suis peut-être naïve… Répondre
je ne sais pas trop… je crois que « tant que le ciel ne t’es pas tombé sur la tête » d’une manière ou d’une autre, tu peux être heureux et savourer, mais à mon avis jamais aussi intensément… quand on a perdu notre bébé en 2009, la chute a été vertigineuse et je suis persuadée que nous ne la remonterons jamais complètement… 2 ans plus tard, mon frère décidait de mettre fin à ses jours et nous sommes retombés…. depuis tout ça (et bien d’autres choses encore mais je vais pas m’étaler et parasiter ton blog), chaque bon moment, chaque éclat de rire, chaque bonne nouvelle a une saveur toute douce, toute particulière. c’est comme des cadeaux… je sais pas si je suis très clair dans mon propos! j’ai jamais autant apprécié les petits plaisirs tout simples que depuis qu’il nous est arrivé tout « ça »…. et inversement: chaque petit et grand bonheur nous permet de surmonter plus facilement les mauvais moments… je connais des gens qui ont, selon le poncif, « tout pour être heureux » et n’ont jamais connu de grands malheurs et tant mieux pour eux) et qui se plaignent pour des choses sans importance, et qui oublient de se réjouir des bonnes choses que la vie leur apporte… je crois que leur vision du monde changerait s’ils avaient vécu (ce que je ne leur souhaite pas) des choses terribles… mais tout ça bien sur n’est que ma façon de voir les choses! et non t n’es pas naïve (enfin je crois pas): tu as une vision des choses et elle t’appartient! et j’aime a penser que malgré tout globalement on peut etre heureux sans passer par la case souffrance… Répondre
Coucou, J’ai lu ton article ce matin mais j’ai pas eu le temps de commenter… donc j’ai eu le temps de cogiter un peu 🙂 Avant de te lire, je n’ai jamais vraiment réfléchi à cette citation. Mais je suis d’accord avec toi. Un malheur (n’importe lequel) ne nous rend pas plus fort : au contraire, il nous rend triste et plus faible que les autres, qui ont eu une « enfance dorée ». A titre personnel, j’ai jamais penser que le suicide de ma grand-mère m’a rendue plus forte : je suis juste plus fragile et plus triste. Et cela ne pas apporter de la force… Répondre
la souffrance, lorsqu’on l’experimente et qu’on s’en releve, nous permet aussi de mieu comprendre celle des autres. et ainsi de pouvoir aider et accompagner certaines personnes dans un processus de comprehension et de guerison. elle donne aussi la legitimité et le poid necessaire pour une certaine ecoute de l’autre dans ce processus d’aide. ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort si on le decide soi meme. meme si ça peut parfois prendre toute une vie. en depassant ce sentiment de souffrance et de douleur que l’on s’inflige a nous meme, quels que soit les evenements abominables qu’on a pu vivre. ça nous permettre d’ apprecier chaque instant de bonheur d’autant plus qu’on a gouté a la souffrance et qu’on en est sorti. mais c’est avant tout une question de prise de conscience et de volonté personnelle. de comment on voit la vie et les evenements qui la jalonnent. Répondre
Bonjour, Je n’avais jamais vu les choses de ce point de vue et c’est très pertinent, merci de tout cœur pour cette réflexion. Cordialement, Carole Répondre
En effet je suis plutôt d’accord. La souffrance nous brise, nous tord, casse nos parcours, et fragilise la membrane de nos êtres. Je suis moi aussi convaincu que le bonheur et le positif sont les meilleurs outils pour se dépasser et aller encore plus loin. Toutefois puisqu’il n’existe pas de vie sans souffrance, pourquoi ne pas la considérer comme un outil ? D’ailleurs c’est dans ce sens que Nietzsche énonçait cette fameuse phrase « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » qui a par la suite été reprise dans le langage courant pour signifier que nous pouvons nous relever de chaque épreuve, mais qui dans sa philosophie ne prend pas du tout ce sens. Ce qui est central chez Nietzsche c’est avant tout son opposition et sa critique totale du catholicisme, qu’il considère comme une religion masochiste. Or, alors qu’il a souffert quasiment toute sa vie, ce qu’il souhaite nous dire par cette phrase c’est que la souffrance peut être un outil de connaissance. Un outil de connaissance que la souffrance ne sert… à rien. Que la souffrance n’apporte que la souffrance. Rien de plus, rien de moins. Ce qui finalement rejoint il me semble ton propos. Ainsi il s’inscrit en rupture totale avec le dogme catholique, pour lequel la souffrance est un sésame pour le Paradis le martyr un envoyé de Dieu, et nous savons tous à quel point le monde occidental est profondément marqué par ces préceptes. D’ailleurs nous sommes souvent la première cause de notre souffrance. Pour conclure je suis d’accord pour dire que celle-ci ne nous rend pas nécessairement voir nous fragilise ou même nous détruit. Mais « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » Du point de vue de la connaissance UNIQUEMENT. Merci pour cette article :). Répondre
Merci pour cette riche analyse! En effet, je partage le point de vue de Nietzsche tel que tu le décris. 🙂 Répondre