L’action pour abandon de famille

Sans titre 1Il est des décisions très difficiles à prendre… Que l’on sait susceptibles de déclencher les foudres mais qui sont nécessaires à la protection de nos enfants…

J’ai grandi sans père, j’ai très peu connu cet homme violent, dangereux et très instable psychologiquement. Dans l’absolu, je n’ai pas manqué grand chose, du peu que j’en ai vu, c’était un homme qui aurait pu me détruire (bon, d’autres s’en sont chargé pour lui, soit). Il n’a que très peu exercé son droit de visite (et de manière aléatoire et très perturbante pour moi) et n’a jamais payé la pension qu’il me devait.
Arrivée à l’âge adulte, il m’a menacé de me demander des aliments (une pension pour ascendant quoi), et de fait, il en avait tout à fait le droit si sa situation le nécessitait…
La justice aurait pu me contraindre à payer pour un homme que je ne connaissais pas et qui ne s’est jamais occupé de moi car je n’avais aucune preuve du contraire.

J’étais alors maman, je n’avais déjà pas grand chose pour subvenir aux besoins de ma fille, cette menace de me voir privée du peu d’argent que j’avais pour une personne qui m’avait abandonné m’a pas mal angoissé.

Quand mon père est décédé, peu avant la naissance de MissCouette, j’ai ressenti un certain soulagement. D’une part parce que cet homme qui m’avait tant fait souffrir malgré nos peu de contacts n’allait plus jamais pouvoir me faire de mal. D’autre part parce que la menace d’être dépourvue d’argent à cause de lui ne planait plus au dessus de moi.
Ce soulagement a été assorti d’une sorte de culpabilité mêlée d’un certain dégout… Etre soulagé de la mort de quelqu’un, c’est assez difficile à vivre, même si cette personne était manifestement un sociopathe…

Mouflette a, malheureusement, un vécu similaire au mien avec son père biologique. Heureusement, l’histoire se déroule mieux pour elle, elle a un père adoptif très présent pour elle, incapable de lui faire le moindre mal.

Bref, l’histoire est longue à raconter tant le père biologique de Mouflette l’a rempli de turpitudes. Diverses plaintes pour non présentation d’enfant, quand ça n’était pas son week-end, ou sa semaine de vacances, ou après 1 an et demi d’absence totale… Mouflette n’a pas été chez son père depuis qu’elle a 2 ans. Et en 10 ans, elle n’a eu de ses nouvelles que deux fois. La première peu après le prononcé du divorce, il a voulu faire exécuter son nouveau droit de visite (le même qu’avant, à la différence près que c’était à moi de lui amener Mouflette au lieu de l’obliger lui à se déplacer. La justice m’étonnera toujours dans ses décisions d’une logique impénétrable!), mais ne connaissant pas son nouveau lieu de résidence, je n’ai pas pu m’y rendre… Il a alors porté plainte, une médiation a été ouverte, à Versailles (alors que j’habitais Toulouse) où j’ai dû me rendre avec ma fille pour prouver ma bonne foi, et lui ne s’est jamais pointé… Une occasion en or de rencontrer sa fille dans un endroit à peu près neutre (même si j’étais très en colère, j’en conviens) et il ne l’a pas saisi…
Ca m’a bien arrangé vu que sa plainte a été immédiatement classée sans suite et que j’ai pu changer le jugement de divorce en ma faveur, la nouvelle ordonnance ne lui accordant plus qu’un week-end par mois et c’était à lui de venir chercher sa fille (ça parait peu, un week-end par mois, voire carrément inhumain, mais dans les faits il ne venait jamais voir sa fille, donc 1 we ou 50, ça ne changeait pas grand chose)

Durant cette période, il m’a demandé à voir sa fille, ce que j’ai accepté. On s’est vu quelques heures, puis à nouveau plus de nouvelles pendant plusieurs années.
Jusqu’aux 7 ans de Mouflette, grosso modo, quand Mister Mii et moi nous sommes mariés et que j’ai pris contact avec lui afin de lui demander de coopérer dans la démarche d’adoption de Mister Mii.
Je lui ai présenté des arguments pécuniaires, il n’aurait plus à payer de pension une fois l’adoption prononcée, ce qui n’a pas dû lui échapper vu qu’il a immédiatement cessé de la payer.
Et enfin, il a essayé de reprendre contact avec elle l’année dernière, dans une démarche maladroite où il m’a fait comprendre à demi-mot qu’il venait en paix, qu’il ne souhaitait pas faire appel à la justice, mais il a éveillé en moi des soupçons (disons qu’à chaque fois qu’il a dit venir en paix par le passé, il a terminé en me poignardant dans le dos et en portant plainte contre moi, ça a de quoi rendre un tantinet parano). Il a envoyé une carte à Mouflette pour son anniversaire, qu’elle a lu sans trop y prêter attention et à laquelle elle n’a pas souhaité répondre, souhait que nous avons respecté et dont nous avons fait part à l’intéressé.

Il a mis plus de deux an pour signer les papiers visant à accepter l’adoption simple. Sans son consentement, il était difficile d’obtenir cette adoption simple (pas impossible, mais beaucoup moins facile).

Il a fini par signer les papiers et la procédure a ensuite été assez rapide. Mister Mii est devenu officiellement le père de Mouflette en 2011.
L’adoption simple ne coupe pas les liens de parenté avec les parents biologiques, Mouflette gardait donc ses devoirs et obligations non pas auprès de deux parents mais de trois.
Ainsi, elle pourra hériter de chacun de nous. Mais elle devra aussi subvenir à nos besoins, à tous les trois, en cas de problème.

Et c’est là qu’intervient l’action pour abandon de famille.
Cet homme n’a pas payé la pension qu’il devait à sa fille durant 3 ans, entre le moment où je lui ai parlé de l’adoption et l’effectivité de celle-ci (déjà ça laisse une idée de la manière dont il a laissé trainer les choses). Il aurait pu faire appel au JAF afin de modifier ou suspendre la pension, plutôt qu’arrêter de la payer de manière inconsidérée et totalement irresponsable.
Cet homme n’a pas vu sa fille depuis plus de 8 ans, il n’a pas eu de contact avec elle, d’aucune manière que ce soit, pas un appel pour prendre de ses nouvelles, pas une petite carte à son anniversaire, rien du tout, jusqu’à se réveiller l’année dernière, comme un cheveu sur la soupe, qui s’est rendormi aussitôt…

Apparemment, il justifie sa totale absence par le bien-être de Mouflette. S’il a choisi de ne plus jamais la voir, c’est pour son bien, à cause de nos rapports houleux (dont il n’était bien évidemment pas responsable du tout, hein, ça va de soi!). Il a préféré s’effacer plutôt que laisser sa fille grandir dans un climat hostile. Ca paraîtrait presque louable et sacrificiel, dit comme ça… On aurait presque envie de le plaindre!

Bref, j’ai donc intenté une action pour abandon de famille.
Cette procédure vise à punir les débiteurs d’une créance d’aliment. Autrement dit, dans notre cas, le punir, lui, de ne pas avoir honoré son obligation de payer la pension de Mouflette pendant 3 ans.
Il risque 2 ans de prison (risque nul, pour une première condamnation), le remboursement de sa dette à sa fille et la perte de l’autorité parentale.

J’ai lancé cette procédure pour plusieurs raisons. (Ca ne veut pas dire que j’aurai gain de cause!)

– Tout d’abord pour protéger ma fille de l’angoisse dont je parlais en début d’article. J’ai grandit avec la peur qu’un homme que je ne connaissais puisse venir me prendre le peu que j’avais. Je veux protéger ma fille de ce sentiment si désagréable. Grandir, commencer sa vie d’adulte en sachant qu’un homme qui ne s’est jamais occupé de vous peut venir vous ruiner, ce n’est pas partir avec de bonnes bases.
S’il est condamné, Mouflette aura un argument si un jour il vient (ou une institution quelconque, même s’il a les meilleures intentions du monde, il n’est pas à l’abri d’avoir un accident grave et se retrouver aux mains d’une clinique, mettons, qui ira chercher l’argent là où il est, chez Mouflette, son parent le plus direct…) lui réclamer une pension d’aliments.

– Ensuite parce que cette démarche, si elle aboutit, le privera de son autorité parentale (sans rompre les liens de filiation). Dans les faits, ça ne changera absolument rien pour lui. Mais pour nous, c’est l’assurance qu’il ne pourra jamais revendiquer un quelconque droit sur notre fille. Pour ma part, je ne vois aucun inconvénient à ce qu’il ait des contacts avec elle, à ce qu’il la voit, si elle est demandeuse, mais je préfère nous protéger d’une éventuelle action de sa part. Vu le passif de l’individu, je n’écarte aucune hypothèse. Je préfère que la demande vienne de Mouflette, plutôt qu’il puisse s’imposer dans sa vie de manière intrusive et brutale.

– Enfin, en tant que parent, il est, à mon sens, de mon devoir de servir les intérêt de mon enfant. Quelqu’un a une dette envers elle, elle est mineure, c’est à moi d’intenter l’action qui lui permettra de recouvrer son argent.
J’avoue que cette partie est pour moi la plus insignifiante, si ça n’avait été que pour l’argent, je n’aurais pas lancé la procédure (qui est très coûteuse…)

J’ai parfaitement conscience que cette démarche est très pragmatique et surtout pas très humaine. Mais il m’a offert sur un plateau un moyen de mettre ma fille à l’abri, je l’ai saisie.
Je ne l’ai pas fait de gaieté de coeur, parce qu’ouvrir cette procédure, c’est continuer d’évoluer dans un climat tendu, et j’en ai franchement ras le bol de la justice.
Je ne suis pas très à l’aise avec ma démarche, non pas parce que j’ai des scrupules (il n’est pas totalement idiot, il a un avocat, il aurait pu se renseigner très facilement sur les conséquences d’un arrêt de paiement de pension, il est adulte et à priori responsable), mais parce j’ai un peu peur des conséquences.

C’est une décision mûrement réfléchi, j’ai mis plus d’un an à la prendre. J’agis pour ma fille, dans son intérêt, et si je ne l’avais pas fait, je m’en serais terriblement voulu de ne pas avoir fait le nécessaire pour la protéger.
Mister Mii me soutient dans ma démarche. C’est long, l’issue est aléatoire, je ne suis pas sûre d’avoir gain de cause, mais au moins, j’ai fait tout mon possible pour ma fille.

Enfin, pour en revenir à la procédure, je trouve qu’elle porte mal son nom et amène une certaine confusion. C’est une procédure de recouvrement de pension, pouvant amener à la perte de l’autorité parentale (mais ça n’est pas obligatoire). En aucun cas cela ne signifiera que Mouflette est une enfant abandonnée (pas plus que dans les faits du moins) (et pas plus que l’adoption simple, d’ailleurs), cela veut juste dire qu’il n’a pas honoré ses obligations.
Ce n’est d’ailleurs pas une assurance totale que Mouflette sera à l’abri, mais disons que c’est une carte très forte lui permettant de ne pas avoir à payer pour un homme qui ne l’a lui-même pas fait.
Mouflette aura donc toujours un père biologique, elle gardera ses liens de filiation avec lui et sa famille quoi que décide le juge.

Un lien expliquant mieux que moi cette procédure est disponible ici, pour ceux que ça intéresse.

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36 Discussions on
“L’action pour abandon de famille”
  • Je crois que je ne comprendrais la justice qui rend parfois des décisions absurdes !
    Tu as raison de vouloir protéger Mouflette. C’est une démarche difficile, mais nécessaire dans votre cas

  • Article très intéressant & touchant.
    Je comprends tout à fait tes motivations.
    Cela me renvoie à une histoire familiale dont j’hésite à te parler en privé.
    En tous les cas, tu es réfléchie & courageuse.
    Gros bisous

  • Quand je lis ton article je me dis que je suis bien contente finalement que mon père ne m’ait pas reconnu, je l’ai voulu quand j’étais plus jeune, je le lui ais demandé et il a toujours refusé car toujours dans son mensonge et croyant toujours que personne n’était au courant de mon existance dans sa famille et dans la famille de son ex femme. Ma mère était sa maîtresse alors qu’il avait une femme et deux fils. Elle ne m’a pas faite dans son dos, elle ne l’a même jamais obligé de m’élever, mais il a voulu rester ( en me voyant à partir de l’age de 5 ans une semaine par mois sauf le week end) tout en me cachant à son entourage et en disant à ces fils (que j’ai vu pour la première fois pour mes 9 ans) que je l’appelais « papa » juste parce que je le connaissais depuis toujours. Ils n’étaient pas dupe et étaient même content d’avoir une petite soeur mais il a continué de nier et ils l’ont donc cru. Ce n’est que plus tard quand j’ai décidé de prendre contact avec mes frêres qu’ils ont appris mon existance et compris ce qu’il s’était passé qques années plus tard. Mais on s’est peu vu ils avait vécu toute leur vie sans moi donc il n’avait pas besoin de moi comme moi j’avais besoin d’eux… Bref ils ne voulaient pas le dire à leur mère et qques années plus tard elle leur a dit qu’elle avait toujours été au courant et que finalement tous le monde était au courant.
    Durant 21 ans je faisais partie de son mensonge, je ne le voyais qu’épisodiquement (mais plus souvent que ta fille pour le coup) je me suis battue pour qu’il m’accepte pendant toutes ces années. et quand j’ai eu mon fils à 21 ans et demie, il n’est pas venu nous voir à la maternité (il n’était d’ailleurs pas venu me voir à ma naissance), il est venu quand mon fils avait un mois mais ne l’a pas pris dans ce bras, il est revenu quand il avait 6 mois et même scénario. Il m’appelait toujours au mauvais moment, le soir quand je m’occupais de mon fils, je ne pouvais donc pas répondre, il n’a pas appeler pour le premier anniversaire de son petit fils et là pour moi la coupe a été pleine, j’ai décidé de ne plus jamais donner de nouvelles et de couper les pont, j’avais trop souffert pendant toutes ces années et finalement il m’a fait souffrir en me refusant le reconnaissance de paternité. Mais en lisant ton article je crois que je devrais plutôt le remercier, il n’a aucun droit sur moi et je ne devrais jamais payer pour qqun pour qui je n’ai aucun intérêt…

    bon courage dans ta démarche j’espère qu’elle sera payante!

    bonne journée et merci d’avoir partager cela!

  • Eh bien écoute, j’ai tout compris ^^ Tu expliques tout extrêmement bien, notamment les termes « techniques » donc en quoi consiste cette action pour abandon de famille..

    Je trouve ta démarche, je dirai normale, parce qu’on sent que tu ne l’as pas prise en 2secondes, que tu as tout pris en compte. Et puis, je comprends le fait que tu veuilles mettre ta fille à l’abri!! Je sais, que si mon père avait été du même acabit, ma mère aurait pris la même décision. Alors, je comprends très bien toute cette démarche!

    Je te souhaite plein de courage et pense fort à toi 🙂

  • Quelle ténacité et quelle force tu as toujours dans les épreuves à surmonter, bravo.
    Comme tu as raison de protéger votre fille, il peut tant y avoir de revirement de situation…C’est quand même incroyable que même adoptée, son père biologique peut exercer l’autorité parentale….

  • Je comprends parfaitement le sentiment que tu as eu et que tu souhaites éviter à ta fille, parce que je le reconnais… Je le ressens encore et je pense que jusqu’à ce qu’il meure, je le ressentirai…Peut-être le dernier lien qui me reste avec lui… Je ne sais pas si ma mère a toujours fait au mieux mais je sais que tout ce qu’elle a fait en mon nom était pour me protéger, je lui en serai toujours reconnaissante, c’est elle qui m’a rendue du forte!…
    J’apprécie vraiment tes billets, j’aimerais être comme toi parfois…
    Bonne continuation!

  • je comprend tout a fait ta démarche sincère et de protection pour ta fille, pour être honnete avec toi, je n’ai pas la même histoire, mais payer pour des parents qui ont abandonné un enfant me touche de près, c’est ce qui est arrivé à ma mère et j’ai failli payer pour une grand mère que je n’ai jamais connu et qui a abandonné ma mère quand elle avait 6 ans.je comprend tout a fait le sens de ton action, et je te soutien dans celle ci, tu fais le bon choix, en tout cas c’est mon avis, et je trouve que tu remplis complètement ton rôle de mère dans cette action!ca va être long, peut être, l’argent on s’en fout, le principal c’est la cause et le résultat moral in fine!

  • Ohhh mais que tu as raison!!! je suis toujours en train de bouillir quand je vois l’absurdité de la justice française et ses incohérences évidentes et énormes!!! Il y a très peu de moyens aujourd’hui de protéger ses enfants d’un parent maltraitant hélas… Tu es courageuse de lancer ta procédure et je crois que c’est le bon choix effectivement pour Mouflette… ça n’est pas normal qu’un parent puisse faire n’importe quoi sans risquer quoi que ce soit… je croise les doigts pour ta procédure et oui j’espère que tu auras gain de cause (ne serait-ce que dans le jugement même si effectivement dans les faits il ne se passe pas grand chose) juste pour que Mouflette ait des billes plus tard pour se défendre de lui… oui tu as raison… Bravo pour ton courage…

  • Merci pour cet article, très bien rédigé et très clair d’ailleurs.
    Je me retrouve pour beaucoup dans ce que tu dis, non pas dans ta position mais dans celle de Mouflette : divorce des mes parents quand j’avais 9/10 ans, voulu par ma mère car mon père avait de gros problèmes d’alcoolisme, en plus d’être menteur et voleur, et de faire des dettes un peu partout que ma mère a dû payé toute seule. Peu après le divorce, nous avons quitté (ma mère, mes deux frères et moi, ainsi que mon beau père et le bébé qui venait de naître) la ville où vivait mon père, et c’est là que tout a commencé, vu son travail de cuisinier, et ses problèmes avec l’alcool, il n’avait à la base qu’un droit de visite, sous la surveillance de ma mère. Sauf qu’en ne vivant plus dans la même ville, c’était compliqué, ma mère nous a donc autorisés à rester dormir chez lui quand nous venions rendre visite à la famille, j’avais à ce moment là tout juste 12 ans et nous avions comme choix de rester au restaurant avec lui jusqu’à la fin du service (23h-00h) ou que je garde mes deux petits frères (de 4 et 9 ans) chez lui, c’est donc ce qu’il s’est passé, la plupart du temps.
    Peu de temps après, il a rencontré quelqu’un, une avocate, qui a commencé à le monter contre ma mère, l’accuser de non présentation d’enfants, etc, alors que, selon le jugement de divorce, ma mère était seule juge de s’il était apte ou non à nous recevoir. Enfin bref, pour résumer, ça a duré pendant des années, où ma mère l’a régulièrement accompagné, que ce soir en cure ou à l’hôpital, sans qu’il en soit reconnaissant un instant. Arrivée aux alentours de mes 18 ans, il a eu un infection au cerveau, à cause de l’alcoolisme, et a été longtemps hospitalisé, puis interné, avant d’être placé en maison de repos. C’est là qu’on s’est rendu compte de ce que ça impliquait, pour moi qui allait entrer dans ma vie d’adulte, mais qui était toujours étudiante. On parlait de me placer comme tutrice, etc, finalement je n’ai pas tout compris, même aujourd’hui, tout ce que je voyais, c’était qu’un homme qui s’était détruit, qui n’avait jamais accepté de se soigner pour nous, et qui n’avait plus payé de pension depuis au moins 5 ans, risquait de devenir mon fardeau. Il a été placé sous tutelle de l’Etat, en attendant… Je ne sais pas quoi. Quoi qu’il en soit, je sais que j’ai cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Pour le moment, je suis encore étudiante, mais après ? Et mon frère, qui a 21 ans et entre dans la vie active depuis quelques mois à peine, que peut-il lui arriver ?
    J’aurais aimé que ma mère fasse quelque chose, quand il en était encore temps. Maintenant, il me reste l’espoir de réussir à prouver qu’il n’a pas été là, mais rien n’est gagné, surtout avec autant d’années de recul…
    [Désolée pour le gros pâté x) Et encore, j’ai édulcoré certains passages…]

  • J’ai tout comprit, personnellement je suis contente que ma maman n’est pas fait se genre de demarche envers mon pére et même si il ne m’a pas revu depuis presque 23 ans je suis prête à l’aider financièrement. Mais bon mon cas est different de celui de ta fille, le plus important c’est qu’elle soit elle aussi d’accord, se qui a l’air d’être son cas (mais je l’aurais aussi été à son âge, paradoxe).

    • Disons que l’essentiel c’est de lui donner le choix… Si elle veut, plus tard, subvenir aux besoins de son père, elle pourra le faire! Mais elle n’y sera pas contrainte. Ca fait une énorme différence! 🙂

  • La maladresse est là quand j’essaie de répondre à tes billets très personnels… Mais encore une fois, je tiens à t’exprimer mon plus grand respect. Je suis toujours très touchée par ces sujets lourds et forts que tu évoques, avec beaucoup de dignité.
    Que votre chemin à venir soit le meilleur et le plus beau possible.

  • Je ne sais que dire à part que je pense que tu as raison.
    Je ne vois plus mon père depuis mes 14 ans, ça m’embêterai que dans des années il se ramène et me demande des sous…
    Par contre, je ne suis pas sure que la démarche fonctionne de mon côté, puisqu’il a bien payé la pension jusqu’au bout…

    Pas facile, les relations avec des parents empoisonneurs…

  • bonjour
    très intéréssant … mais mouflette à 11 ans … et si un jour vous rentrez en conflit … les enfants ont toujours quelque chose a reprocher a leurs parents … si elle vous reprochait cette décision que « vous » prenez pour elle…

    nous avons élévé nos enfants de la même façon , jamais aucun conflit le monde des « bisounours » pendant 29 ans , nous pensions bien connaitre notre fils et en faites le grain de sable vient se mettre dans le rouage et paffff … les reproches tombent , les manipulations des amis, d’une autre famille et soudain votre vie eclate…

    vous n’avez pas peur que votre fille qui je l’espère un jour fondera une famille , qu’elle vous reproche cette décision ….

    vous savez pour payer une pension alimentaire a ses parents , il faut etre très très solvable , si vous avez des enfants , un credit etc… vous ne payez pas de pension …nous y sommes passés pour nos grands parents

    car on ne paye pour tous les ascendants , père, mere, grand pere, grand mere…

    ;o) bon courage … c’est une grande prise de conscience ..

    • Bonjour,

      Bien sûr que j’ai peur qu’elle me fasse des reproches un jour! 🙂
      Je prends chaque décision avec la peur de me la voir un jour reprochée… Mais je préfère prendre des décisions difficiles qui lui laisseront le choix de faire comme elle l’entend (ce jugement, elle ne sera pas obligée de l’opposer en cas de demande de son père, elle pourra choisir de l’aider, et je respecterais alors son choix!), plutôt que de rester passive.

      Je préfère qu’elle puisse me reprocher mes actes plutôt que mon inertie! 🙂

  • (10.000 ans plus tard…)
    Merci pour tes explications.
    Et je te trouve encore une fois très courageuse de rentrer dans cette démarche, je trouve que tes arguments sont très valables, et qu’il faut en vouloir pour intenter des actions comme celle-ci. Je vous souhaite qu’elle aboutisse favorablement, mais en attendant le plus important c’est que tu protèges ta fille du mieux que tu peux.

  • bonjour! et bien je trouve la démarche tout a fait louable et juste
    l’ayant moi même entamez pas pour une histoire d’argent mais pour le principe!!
    car je trouve totalement injuste que quelqu’un n’ayant jamais pris soin de vous (pas même financièrement!!) puis avoir le droit de vous réclamez quoi que ce soit!! juste parce qu’il sont de l’ADN en commun!!!!! malheuresement la justice française (qui na de juste que le nom!!) elle ni voit auccun incomvénient 🙁
    bref bon courage pour la suite!!

  • Bonjour,
    je suis dans le même cas, j’ai lu avec beaucoup d’attention votre témoignage… pouvez-vous me dire où vous en êtes ? avez-vous eu gain de cause ? (autorité parentale exclusive).
    Bien cordialement et dans tous les cas bonne continuation à vous

    • J’ai eu gain de cause dans la mesure où le père de ma fille a été condamné.
      Mais il n’a pas perdu l’autorité parentale (je ne sais pas ce qu’il faut pour ça du coup! Tuer son enfant peut-être?)

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