2 mois pour une vie…

J’ai cet article en tête depuis des mois, mais rien ne sort comme j’aimerais… J’ai besoin d’écrire, de m’exprimer, mais tout arrive en masse dans mon esprit et je n’arrive pas à organiser mes idées.
Depuis des années, je suis sous cloche, c’est ma manière à moi de survivre. Je m’empêche de trop penser, et à force, je n’y arrive plus du tout. Je m’empêche de ressentir et je ne ressens plus rien. Je vis, je suis heureuse, j’aime ma vie, ma famille. Mais ce bonheur, je n’en profite pas pleinement car mon esprit est embrumé. Pour supporter le quotidien, pour rester solide et responsable, je me suis forgée, sans m’en rendre compte, une sorte de carapace, ou plutôt un scaphandre, dans lequel tout est contenu. Il me permet de respirer, de vivre, mais je ne suis libre d’aucun de mes mouvements, toute engoncée que je suis dans cet accoutrement qui ne me laisse aucune liberté.

Et puis voilà, depuis quelques jours, j’implose. Comme si tout ce qui est contenu dans mon cerveau depuis des années m’explosait à la tronche.
J’ai vécu des choses difficiles sans trop y faire attention. C’était presque devenu une routine, quelque chose de banal. Si les autres y arrivent, alors pourquoi pas moi? De quel droit pourrais-je me plaindre alors que d’autres sont dans la souffrance et les difficultés, les vraies? Moi, je ne vivais rien de traumatisant, rien de si grave que ça…

Quand j’ai décidé de porter plainte, il y a 9 ans désormais, le processus a été long et difficile. J’ai pris cette décision dans la douleur la plus profonde. J’allais mal, je faisais une dépression sévère, comme jamais… Je voulais tout bazarder, tout envoyer en l’air, je voulais me venger, qu’il souffre, qu’il paye. Je voulais prendre le contrôle de ma vie et lui signifier « Tu es le coupable, je n’ai rien fait de mal! » et surtout me le faire comprendre, à moi-même.
J’ai coupé les ponts, trop tard à mon sens. Et puis j’ai pris la décision, je suis allée un jour au commissariat déposer ma plainte. Je ne me souviens même plus des circonstances exactes tant j’ai fait de dépositions par la suite, tant cette période est remplie d’événements plus douloureux les uns que les autres. Confrontations, plainte, récit des faits, attente… Je souffrais le martyr. C’est difficile d’expliquer une douleur psychologique… Mais vraiment, je souffrais à vouloir en mourir, pour que cela cesse…

La vie a continué son cours. J’étais maman, Mouflette comptait sur moi et je faisais ce que je pouvais pour lui apporter. J’étais étudiante, j’ai fait ce que j’ai pu pour valider ma licence, en cette période troublée.

Ca a duré environ deux ans. La procureur saisie de l’affaire m’a appelé un jour pour me dire qu’elle classait l’affaire. Malgré ses aveux, malgré le fait qu’elle me croyait, malgré tout, elle décidait de classer l’affaire, trop complexe, trop ancienne. Elle m’a conseillé de me porter partie civile afin d’obliger la justice à m’entendre.

Deux ans à être trimballée à droite à gauche, à souffrir, à entendre les menaces, les petits mots assassins des gens de mon entourage (ou plutôt du sien). Je n’ai pas compté les appels d’intimidation ou de culpabilisation. Lui qui m’appelle pour me menacer de me tuer, me rappelant qu’il sait où j’habite. Son neveu m’expliquant que, tout de même, on ne porte pas plainte 15 ans après les faits, surtout que bon, c’est pas si grave ce que j’ai vécu. Et puis on laisse les gens tranquilles, comment pouvais-je être aussi égoïste? Son cousin qui me dit en face que si j’ai vécu ça, c’est sans doute que je l’ai bien cherché…
Je ne sais pas ce qui est pire… Aurais-je préféré qu’ils ne me croient pas? Je crois oui, ma parole aurait été mise en doute mais la gravité des faits aurait été reconnue. Là, ça n’a pas été le cas… On me croyait, on savait ce qu’il m’avait fait, mais j’étais la paria, celle par qui le chaos arrive, celle que l’on culpabilise…

Certains de mes propres amis n’ont pas compris ma démarche, l’un d’entre eux m’a dit que je devrais tourner la page, qu’on ne va pas mieux en ressassant la merde…

Il est difficile de se lancer dans ce genre de démarche car on est souvent tout seul… Ma chance? Avoir rencontré un psychiatre sensibilisé à la cause des victimes d’inceste qui m’a permis de faire la part entre les mensonges, la manipulation et ce dont j’avais besoin. Et mon mari qui n’a jamais cessé de soutenir ma démarche, malgré tout ce que j’ai pu lui faire traverser… Il aurait pu m’envoyer balader, me dire de tout arrêter, mais il m’a soutenu, parfois maladroitement, mais il a toujours été là pour moi et il a compris et respecté ma plainte.

J’ai donc saisi le juge d’instructions en me portant partie civile; Mon histoire est compliquée, comme le sont souvent ces histoires là, et je ne souhaite pas rentrer dans les détails… Tout ce que je peux dire c’est qu’à ce stade, je me suis mise en pilotage automatique…
Je rentrais en master, pour la deuxième année consécutive, j’allais me marier, ma vie continuait, cahin-caha… Et à partir de ce moment là, j’ai cessé de ressentir une douleur immense.
J’ai cessé de ressentir, tout court… Un peu comme lorsque l’on met un filtre sur un objectif, on voit les choses, mais elles sont un peu moins éclatantes, moins colorées… La lumière fait moins mal aux yeux, tout comme la beauté se fait moins voir aussi.
Mon filtre à moi était quasiment opaque… C’était il y a cinq ans, et j’ai tout de même vécu de belles choses, qui m’ont rendu très heureuse… Disons qu’avant, je ressentais la vie puissance mille, peut-être que ce cache était nécessaire pour que tout me soit plus supportable… J’ai toujours vécu en dents de scie, l’euphorie hystérique laissant place à la dépression saisissante…
Ce filtre m’a permis d’harmoniser un peu tout ça… Un peu trop…

Ces cinq années, je les ai vécu, au terme de ma plainte, ni bien ni mal. Je prenais contact avec mon avocate uniquement quand c’était absolument nécessaire. Je la laissé gérer, j’avais même bon espoir qu’elle prenne des décisions à ma place… Lors de la dernière confrontation, chez le juge d’instructions, j’ai vécu une sorte d’enfer, mais avec un tel détachement que le lendemain, j’avais déjà presque tout oublié… Pratique mais à mon avis dangereux…
A ce stade, je n’attendais qu’une chose, que tout cela finisse… Peu importe l’issue…
Ma plainte s’est terminée par un non-lieu, si mes souvenirs sont bons, avec renvoi de l’affaire en Correctionnel (alors que ça devait initialement aller aux Assises). Là, encore, tout s’est passé plus ou moins sans moi. Ma présence n’était pas nécessaire à l’audience alors je n’y suis pas allée… Je me suis protégée au maximum de tout ce qui pouvait ouvrir une brèche dans mon petit scaphandre…
En parallèle, je pourrissais mes études et repassais donc quatre fois mon master avant de l’obtenir… En me maudissant d’être aussi nulle, con et peu courageuse. La mésestime, mon autre rempart pour ne pas voir la réalité en face!

Et puis le verdict est tombé, définitivement. Il a pris deux mois de prison avec sursis et une somme non négligeable mais néanmoins un peu ridicule de dommages et intérêts. J’ai encaissé. Tout était enfin fini. J’avais dans l’idée de ne rien lui réclamer, terminer tout ça, me contenter du verdict qui écrivait noir sur blanc qu’il était coupable aux yeux de la loi et oublier la peine ridicule à laquelle il était condamner.

Mais je n’ai pas très bien réussi. On m’a dit « Tu as de la chance, au moins tu as une condamnation! » Et c’est malheureusement vrai… De toutes les victimes, je fais partie des 10% qui ont eu la force de porter plainte, des 5% qui ont vu un procès se dérouler et des 1% (je schématise, certes) qui ont vu leur agresseur condamné… J’ai malheureusement de la chance.

J’ai essayé de voir les choses comme ça. Maintenant je peux tourner la page.
Mais en fait non, plus j’ai essayé de voir ça comme une chance, comme quelque chose de positif et plus mon cerveau faisait de la résistance. J’ai décidé, forte de ce constat, de finalement réclamer l’argent (bon aussi parce que mon avocat m’a appelé pour me demander quoi faire et que, quand même, je n’allais pas le laisser sans payer après toute cette procédure longue, douloureuse et surtout tout ce qu’il m’avait fait subir… Elle avait raison!) des dommages et intérêts.
Difficile de réclamer cet argent… Difficile car évidemment, la culpabilité a refait surface… Alors quoi, il avait raison, je ne faisais ça que pour le fric? Alors j’étais effectivement vénale? Alors quoi, 10 000€ ça allait racheter mon enfance et toutes ces années volées? Je ne valais donc que ça?
Les dommages et intérêts, c’est un peu difficile à appréhender… Mais je suis convaincue que lorsque je les toucherais (si un jour je les touche), ça rendra un peu concrète la décision. Ca n’est pas qu’un bout de papier le désignant comme coupable, c’est aussi un jugement exécutoire qui doit lui faire payer pour ce qu’il m’a fait.

Evidemment, il met des bâtons dans les roues de mon avocat et de mon huissier (c’est merveilleux, j’ai deux avocats, deux huissiers, ma vie est fantastique!), et je culpabilise… Pourquoi je ne laisse pas tout simplement tomber? Pourquoi je fais preuve de cet acharnement? Je pense que c’est nécessaire, je ne veux pas le laisser impuni, je veux qu’il raque, je veux que ça lui fasse mal de me filer cette somme, même si, pour lui, c’est dérisoire… Je veux voir cet argent sur mon compte en banque et pouvoir me dire « voilà, enfin, c’est terminé, je suis allée au bout, tout ça est derrière moi et il a enfin payé, même presque rien, mais il a payé pour ce qu’il m’a fait, enfin, la justice est rendue, même si c’est du grand n’importe quoi, même si ma vie ne vaut pas que ça, au moins, symboliquement, j’ai fait en sorte qu’il paye… »
Alors je continue…

C’est dur… C’est dur parce que tout m’explose à la gueule, la décision est arbitraire et trop difficile à vivre. Mon avocat m’avait conseillé de faire appel. Mon mari m’a conseillé de faire appel. Même mon psy me l’a conseillé… Mais je n’ai pas pu, parce que j’en ai marre, je n’ai pas envie d’ajouter 2 ou 3 ans à cette procédure déjà bien trop longue. Et puis quoi, s’il prend 3 ans ferme, soudainement je vais me sentir mieux? Ou s’il me doit 45k€ au lieu de 10, d’un coup, ça va résoudre tous mes problèmes? Non. Je voulais qu’il soit condamné, il l’est, point.

C’est là qu’est toute la perplexité de ce genre d’action… J’ai toujours été assez lucide, si au début ma plainte a été motivée par un fort désir de vengeance et par la haine pure et simple (ce qui est, à mon sens, plutôt sain que de haïr profondément celui qui nous a détruit!). Mais au fur et à mesure des années, mon désir de vengeance s’est transformé en volonté d’aller mieux, tout simplement. Abandonner la bataille n’était pas envisageable, pas après tous les efforts, obstacles et épreuves endurés! Je voulais que mon statut de victime soit reconnu. Je voulais me prouver que j’avais un certain contrôle, celui qui m’avait tant échappé. Je ne voulais plus spécialement le voir derrière les barreaux, je m’étais mise à m’en ficher, en fait… Si j’apprenais qu’il a crevé, j’avoue que je serais soulagée de savoir qu’il ne fait plus partie de ce monde et qu’il ne profite plus de la vie… Mais savoir qu’il existe n’est pas une grande douleur pour moi, c’est comme ça, je vis avec.

Enfin bref… Je perds le fil, je ne sais même plus ce que je voulais dire… Les mots s’enchaînent, brouillons, dénués de sens, je ne crois pas très bien réussir à exprimer à quel point ce genre de procédure est fatigante, usante, difficile à vivre… Et pourtant, à mon sens, nécessaire et salvatrice.

Le verdict est consternant. Je suis encore dans une colère extrême de ce rendu là. Je ressens un profond sentiment d’injustice. Je sens aussi une grande perte de contrôle dans le fait qu’il refuse de me payer… C’est un peu comme « magique » dans mon esprit, ça n’a aucun sens rationnel… Je ne sais pas s’il paiera ou non. Peut-être que ça ne m’a pas été assez bien expliqué. Ou peut-être que j’ai refusé de comprendre ou d’entendre.

Néanmoins, je ressens une certaine fierté d’avoir surmonté chacune de ces épreuves. Je me suis forgé mon petit scaphandre, certes, mais j’ai survécu, j’ai avancé… Les choses que j’ai entrepris durant ces années ne sont pas toutes déroulées comme prévu. Je m’en veux énormément, notamment d’avoir mis tant de temps à réussir mes études. Et encore, ça n’est pas fini… Mais j’ai parfois des éclairs de lucidité et d’indulgence… Je suis forte, persévérante, et mine de rien, incroyablement courageuse. Sans doute parce que je n’avais pas le choix, je suis certaine que l’on a tous des trésors enfouis que l’on n’exploite que lorsqu’il y a besoin. Ca n’enlève rien à une certaine forme de mérite pour moi. J’ai survécu, je suis tout près de l’arrivée, même si j’explose, surtout si j’explose… La fin est proche et c’est peut-être parce que la pression commence à retomber que je peux enfin craquer. Peut-être parce que je suis prête, je sais, au fond, que j’ai suffisamment de ressources pour rester debout, même si en pleine crise, j’ai envie de mourir, j’ai désormais l’expérience nécessaire pour savoir que demain, ça ira mieux… Demain ou la semaine prochaine ou l’année prochaine. Mais ça ira mieux.

Et puis j’ai fait mon petit bonhomme de chemin, ce que j’ai construit avec mon mari, ma famille, c’est tout ce que je pouvais rêver d’avoir! Ils sont ma force, ils sont là pour moi et peut-être qu’au lieu de croire que je dois absolument ne pas flancher pour eux, je peux m’octroyer, au contraire, de m’écouler un peu, parce que c’est de cette manière que je pourrai me relever, au lieu de sans cesse tenter de tenir debout en manquant la chute à chaque pas.

Bref, j’ai laissé mes mots me porter et je ne sais pas trop ce que ça donne vu que j’ai peur de me relire. Je ne sais pas si ce texte est un témoignage, une complainte ou un récit inutile… Mais l’écrire m’a soulagé un peu et me permet de voir qu’au fond, même dans les moments où je me sens plus bas que terre, je garde l’espoir et je continue de voir le positif. C’est agréable de le constater.

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50 Discussions on
“2 mois pour une vie…”
  • Je dirais juste que tu es forte et courageuse mais que ça ne doit pas t’empêcher de flancher.

    Tu peux flancher parce que ta famille est là pour toi et qu’ils t’aideront à te relever, parce que tu es resté debout tout le long de cette épreuve et que là, tu en es presque arrivé au bout …

    En tout cas, soit fière de toi : fière d’avoir osé porter plainte, d’avoir été jusqu’au bout mais aussi fière de ce que tu as construit, que cela soit au niveau familial (MC et Mademoiselle A ont l’air d’être des filles merveilleuses) et au niveau professionnel (même si tu me diras que tu n’en ai qu’au niveau universitaire).

  • Je t’admire dans cette démarche !
    Je ne sais pas si j’aurai pu faire ce que tu as fait, vivre ce que tu as vécu et continuer malgré tout à vivre et à aimer la vie (on le voit au fil de ton blog tu es quand même une bonne vivante qui aime sa vie et qui a su remonter la pente)
    Dans ce moments là je me demande aussi comment tu ne hais pas tous ceux qui savaient et non rien dit ou rien fait et cette justice qui rend finalement son crime impuni (car oui 2 mois avec sursis et 10 k€ de dommages pour un geste comme le sien c’est être impuni).
    Je le redis je t’admire…

    • Merci Sophie!
      Oui, c’est impuni, mais c’est malheureusement tellement banal…
      Je me sens autant la victime de cette société, de cette fausse justice que de lui, finalement.
      Ceux qui savaient… J’ai fait le tri dans ma vie. La colère je l’ai ressenti, mais je ne la laisse pas me bouffer, ça ne m’apportait rien.

      Et c’est sans doute mon amour de la vie, ces quelques personnes qui m’ont montré ce qu’elle avait de beau (car j’ai eu cette chance d’avoir dans ma vie des gens foncièrement bon, mon oncle notamment) qui m’ont fait tenir si bien, qui m’ont permis de me battre et de construire du beau à mon tour. 🙂

  • Je trouve ton billet très positif.
    Résister aux mensonges, commérages, menaces etc. l’intérieur d’une famille c’est tellement difficile et destructeur.
    Bravo et courage!

  • Un grand bravo d’être allée jusque là, je pense que ton désir de justice, ta colère et ta détermination t’ont aidé à tenir jusqu’au bout.
    Ne lâche rien, garde la tête haute, et essaie de trouver du bonheur dans les petits moments de la vie, même ceux qui paraissent anodins.

  • comment peux t’on dire que « tu l’as cherché »? je comprends la colère, je comprends que tu n’es pas envie de lacher l’affaire, je ne connais pas tous mais ce genre de choses ne peuvent s’apaiser grâce à un jugement ou une somme d’argent….

    cependant il faut bien avancer et tu l’as fait à merveille avec tes filles, ton parcours pro, ton blog et ton mari!je connais peu de gens qui ont réussi à faire aboutir leur vie comme cela mais au bout d’un moment pourquoi garder cette colère?parce qu’elle est de bonne compagnie et permet de se cacher derrière elle pour ne plus ressentir la peur et la peine…..

    en tout cas j’applaudis ton courage et ta grande détermination!

    • Je ne me cache pas derrière la colère.
      Je ne suis pas en colère!
      Révoltée oui, par la société et la justice. Mais en colère, plus vraiment.
      Je me bats car ça me permet de me construire et d’avancer… Et j’ai l’espoir d’en voir le bout bientôt et de pouvoir enfin tourner la page…

  • Tu es tres courageuse et ton texte n’est pas inutile, ta frustration n’est pas inutile. L’horreur dont tu as ete victime est sans nom. Tu es forte car tu as reussi a te construire une vie avec un homme qui te soutient. Ne lache pas , tu n’es pas en tort! Des gros hugs depuis sf a toi!

  • Difficile de trouver les mots… Tu as raison de te soulager en écrivant ce billet et de craquer, cela te permettra de relâcher cette immense pression dans laquelle tu vis. Courage ♥

  • Bonsoir,
    Je suis consternée de la sanction décidée par le tribunal.
    Mais, cela dit, tu sais quoi ? Oui, tu vas aller mieux. Petit à petit. Avec des hauts et des bas, mais tout, dans ton billet, montre ta force de caractère. Tu laisses aller les mots pour souffler un peu, tu en as bien le droit après tout.
    Ce scaphandre a ses qualités et ses défauts, mais c’est la façon que tu as trouvée de surmonter les épreuves. Fais-toi confiance. Je suis sûre que, entourée des personnes que tu aimes, tu vas aller mieux.
    J’espère de tout cœur que ce mal-à-l’âme va s’estomper le plus vite possible.
    Bien des chaleureuses pensées.

    • Merci Nathalie!
      J’ai des moments où je touche le fond… Et ça me fait du bien de l’exprimer.
      Et après, souvent, je vais mieux, beaucoup mieux… Comme si relacher la pression me permettait de remonter et prendre une bonne respiration!
      Dans la globalité, je vais très bien. J’ai des moments où je flanche, mais je vais bien.

  • En aucun cas ton récit est inutile. Je te trouve très digne, brave et courageuse de mettre en mots ton histoire. Je te souhaite de tout cœur d’aller mieux, de vivre et de profiter le plus simplement possible. Bises.

  • Et si tu versais les 10000€ a une asso de victimes?
    La justice veut qu’il paie 10000€, il DOIT payer cette somme, c’est normal c’est la loi et il n’a pas à se mettre hors la loi une nouvelle fois (même si bien entendu ça n’a rien à voir avec ce qu’il a fait auparavant).
    Tu veux qu’il paie ce qu’il doit, et c’est tout à fait normal.
    Mais ça a l’air de beaucoup te gêner de recevoir cette somme. Probablement parce que certains que tu cites y verraient « la preuve » que tu as fait tout ça pour l’argent. Mais aussi peut-être parce que ce n’est pas facile de profiter de cette somme sachant d’où et de qui elle vient. Et puis parce que tu parles de culpabilité face à cet argent…
    Alors je me dis qu’en la donnant à une asso, peut-être que tu ne ressentirais plus cette culpabilité? Peut-être que tu verrais cette somme d’une autre façon? Peut-être que tu serais plus en paix? Peut-être que tu la trouveras plus utile là-bas, que pour toi?
    Enfin j’en sais rien, mais c’est ce qui m’est venu d’emblée à l’esprit en te lisant.

    Je te souhaite de trouver l’apaisement.

  • Je trouve ton billet très important et émouvant dans l’émotion et la force qu’il dégage.
    Il faut dire. Oui, les mots même ceux que tu estimes maladroits, ou désordonnés sont aussi l’expression de ta souffrance et de ton cheminement personnel.
    Que le chemin que tu as parcouru est sinueux et caillouteux… pour une si jeune femme… J’ai jsute envie de te serrer fort dans mes bras et t’assurer que tout ira bien.

  • Tu as mon soutien. Et pour tout ce pourquoi tu t’es battu, et pour ton besoin d’écrire. Même si c’est brouillon, même si tu ne sais plus quoi dire ni comment le dire…

    Un jour, les petites filles de ma voisine m’ont contactées. On passait toutes nos vacances ensembles, chez leur grand-mère. On étaient insouciantes. Je le croyais. J’ai eu une vie heureuse avec elles. Et puis elles m’ont contactées. Elles m’ont parlé. De leur demi-frère. De leurs cauchemars. Des origines des maladies qui frappaient l’une d’entre elle.
    Je leur ai assuré mon soutien. Impossible de faire autrement.
    Je n’ai aucun moyen de les aider. Aucun moyen puisqu’il ne m’est jamais rien arrivé. Peut-être parce que j’étais plus grande ? Peut-être parce que je ne suis jamais tombée sur ces moments là. Peut-être parce que mon père était intimidant. Des peut-êtres qui font que je n’ai rien vu à l’époque, et que je ne peux les aider aujourd’hui dans leurs démarches. A l’époque, déjà, leur parents et grands-parents avaient étouffé l’affaire. Pas assez vite, néanmoins, puisque ma mère en a entendu parler. Aujourd’hui, ils nient en bloc. Pour eux, ce ne sont que des inventions de la part des jumelles. Comme le jour où l’une d’elle n’a plus pu se lever de son lit. Dos coincé. Opérations, traitement longue durée, longue convalescence. Puis, lorsqu’on lui a découvert une allergie sévère au gluten qu’elle n’avait pas avant. Les médecins ne comprenaient pas d’où venaient ces pathologies qui étaient bien réelles. Maintenant nous le savons. Sa soeur n’a rien, physiquement. Elle n’a déclenché aucune réaction symptomatique. Mais je sais qu’elle est autant touchée que sa soeur. Différemment.

    Alors aujourd’hui, je suis partagée. Il ne m’est rien arrivé, ce qui est tant mieux. J’ai eu ma part de souffrance des années après. Mais d’un autre coté je ne peux leur venir en aide. S’il m’était arrivé quelque chose à l’époque, que ce serait-il passé ?

  • Je n’ai pas de mots pour exprimer ce que ton billet m’a fait ressentir. Empathie, frustration, admiration etc
    Merci de nous livrer cela.
    Quels que soient les montants et les peines, dis toi que c’est toi qui a gagné. Même si ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Car il est le coupable et tu es la victime. Cette culpabilisation permanente des victimes me hérisse. Courage

    • Merci!
      Moi aussi beaucoup de choses me hérissent. De plus en plus d’ailleurs!
      Et je sais que j’ai « gagné ». Je ne l’ai pas laissé me détruire, même si je souffre encore des séquelles de ce qu’il m’a fait (et je ne peux pas tellement m’en vouloir pour ça). Je suis heureuse, je vis, je ris, c’est la plus belle des revanches, parce qu’au final, j’ai une vie plutôt normale et joyeuse! 🙂

  • Pour ma part, je n’ai pas eu le courage de porter plainte. J’ai vu un psy, j’ai fait un travail de résilience et j’en ai fait un livre. C’est libérateur.
    Je te souhaite bon courage pour la suite! Des bises.

  • 10000 euros ce n’est pas cher payé du tout et s’il te les renvoie à la figure c’est bien parce qu’il n’a rien d’autre à dire… et quand bien même tu pourrais lui répondre que si l’argent est la seule façon qu’il paie et bien soit, on est dans une société où personne ne va l’envoyer en prison pour qu’il se fasse violer donc il n’y a que l’argent… tant que tu peux le gérer psychologiquement tu as raison de ne pas lâcher l’affaire et n’écoutes personne de son camp, les coupables ont toujours une bonne raison d’accuser les autres ça leur évite de se remettre en question… bisous et courage-

  • Tu as eu beaucoup de courage, et avancer seule contre tous, je connais… pas pour les mêmes circonstances, mais cela revient relativement au même. En revanche, ton récit m’a énormément touché car je sais que ma mère a vécu exactement la même « chose » que toi… et son entourage (même sa propre famille, jusqu’à sa mère) ne reconnaissait en rien ces « faits », ils pensaient tous qu’il s’agissait de fabulations de jeune fille. Même un psy un jour lui a dit qu’elle inventait tout cela tellement c’était impossible que personne n’ait rien vu… et pourtant, ma mère n’aurait jamais inventé un truc pareil. « Il » a avoué que les faits étaient bien réels, mais ma mère n’a jamais porté plainte. Peut-être pour tourner la page, peut-être pour nous protéger ma soeur et moi, je ne sais pas. Quoiqu’il en soit, l’inceste est un phénomène dramatique autant par sa violence qu’à cause de l’entourage souvent muet, qui se tait, qui a honte, et qui laisse dans la détresse un enfant ou un jeune adulte.
    Je te souhaite de mener une vie heureuse avec ta propre famille.

    Bises

    http://celine-daily.blogspot.fr

  • Je te remercie pour ton temoignage.
    Je me sent moins seule et « bizarre » grace a toi.
    Je voie en toi une belle personne pleinne de courage, d’une grande capacité de remise en question et d’autres qualités. 🙂
    Si la justice n’est pas capable de reconnaitre correctement ton statut de victime, je suis heureuse de voir le soutient et la reconnaissance que ces commentaires te témoignent. Tu le mérite !

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