The Neon Demon

Ce mois-ci, Mii a pris quelques journées par-ci par-là pour que nous puissions nous retrouver en amoureux… Comme on a difficilement la possibilité de faire garder nos quatre enfants (enfin, trois, Mouflette ayant le bon goût de se garder toute seule), on s’arrange comme on peut, et ces petites escapades diurnes ont le mérite de nous trouver à peu près frais et dispos (contrairement aux soirées où l’on a tendance à tomber de fatigue à 21h…).
Bref, vendredi, nous en avons profité pour aller au cinéma.
A l’affiche, un film de Nicolas Winding Refn. Only god forgives nous avait laissé un souvenir vraiment étrange et nous avons eu envie de voir ce nouveau film du réalisateur Danois.

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Le synopsis est simple, presque trop… Jesse, une jeune et jolie jeune fille quitte sa Géorgie pour se lancer dans le mannequinat à Los Angeles. Elle emménage dans un motel un peu crasseux de Pasadena où le propriétaire a l’air franchement louche. Elle rencontre une maquilleuse très très bizarre ainsi que ses deux copines mannequins. Dès ses premiers castings, elle remporte un succès unanime, ce qui fait d’elle une proie de la jalousie de ses concurrentes.

Voilà. L’histoire tient en quelques phrases.
Pourtant, le film est absolument fascinant. La vacuité du contenu renvoie au vide de la vie de Jesse, qui évolue, sans but, sans talent, dans l’unique espoir de mettre à profit un don dont elle n’est pas responsable, sa beauté et sa fraîcheur.
Il s’agit là d’une chronique cynique et acide du monde clinquant et vide de la beauté. De ce monde où l’apparence est devenue reine. Et de notre société toute entière rivée sur ces jeunes filles parfaites sur papier glacé.

Le film tourne autour de cela… Les sacrifices dont sont capables les femmes pour garder cette fraîcheur de la jeunesse, pour retrouver leur ancienne beauté, pour devenir belles, pour le rester…
La fascination que provoque la beauté et la candeur d’une jeune nouvelle, la jalousie maladive que cela entraîne, jusqu’à l’obsession, jusqu’à la folie…

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Certaines scènes dérangent jusqu’à la nausée… D’autres sont franchement incompréhensibles (enfin on est peut-être cons, mais on est deux à n’avoir rien compris aux triangles…). D’autres sont tellement limite que pour la première fois de ma vie, je me suis sérieusement demandée si j’allais quitter la salle ou pas (une scène dans la morgue est insoutenable à mon sens…)… Mais le film est globalement sublime. Esthétiquement parfait. La recherche artistique de chaque scène est poussée à son paroxysme.

La symétrie parfaite entre la scène du début, ironique présage du destin de l’héroïne… On commence dans la nuit, dans les stroboscopes, on termine dans la lumière aveuglante du soleil dans le désert.
Cette jeune fille douce et frêle, fragile, sensible… Qui perd tout lorsqu’elle devient lucide, cynique, pervertie par le milieu dans lequel elle est entrée trop facilement. C’est quand elle prend conscience du pouvoir de sa beauté, de ce sentiment indescriptible, quand elle devient dangereuse, qu’elle devient aussi la plus vulnérable.

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Le paradoxe est là, cette perfection visuelle face à la répugnance de certaines scènes. L’omniprésence artistique face à la vacuité du scénario. Avec une pointe de dérision caustique… Une sorte de désillusion aussi sordide que loufoque.

Il est très difficile d’affirmer que j’ai aimé ce film… Parce qu’il ne faire rien pour séduire… Mais il est impossible de dire que j’ai détesté, parce que la recherche esthétique est absolument fascinante. C’est le genre de film que l’on n’a pas forcément envie de revoir un jour, mais qu’il est impossible d’oublier… De ceux qui dérangent mais auxquels on repense avec un étrange sentiment positif.

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6 Discussions on
“The Neon Demon”
  • J’ai vu la bande annonce et j’en suis restée perplexe (un film de vampire??) mais très intéressée !
    Je vais donc le regarder… Mais pas avant (ou pendant) le repas si j’ai bien compris ^^

  • C’est vrai que le film utilise des métaphores très particulière. Celle des triangles peut être interprété comme l’idée du couteau qui transperce et qui mettent à jour la vraie nature de Jesse. Mais le film est très beau. Personnellement je le reverrais et je n’ai pas trouvé les scène si choquante que ça quand elles sont remises dans leur contexte symbolique (même si sur le coup je n’étais pas très à l’aise)

    • Ha oui, il faut aller chercher loin pour les triangles! 😉
      Je suis pas sûre que ce soit sa vraie nature, mais plutôt sa nature pervertie par un milieu d’apparences et de diktats…
      La scène de la morgue m’a tuée par contre, symboliquement et concretement… Dès que j’y repense je me sens mal…

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