Je suis heureuse d’être devenue mère!

Depuis quelques temps, un nouveau phénomène voit le jour, suite à la révélation d’une étude sur le regret de maternité de 20% des allemandes, ces parents qui osent dire qu’ils regrettent d’être devenus parents, qui regrettent la venue au monde de leurs enfants. Et chacun d’admirer ces gens qui osent briser un tabou, qui osent dire tout haut ce qu’une partie de la population semble penser.
Je ne donnerai pas mon avis sur ce phénomène, je comprends que l’on puisse être complètement sous l’eau, avec des enfants, et que l’on puisse momentanément exprimer un ras le bol de sa marmaille… Je suis sans doute utopiste, mais je me plais à penser que les gens qui regrettent leur parentalité le sont à un instant T, un moment de profond désespoir, mais pas de manière définitive.

Je suis moi-même maman de quatre enfants. Ca fait pas mal de marmots et c’est une organisation quotidienne parfois très difficile à gérer. Il m’arrive de me dire que j’aimerais bien partir loin et ne jamais revenir. Je suis humaine, je ressens parfois un gros ras le bol de la maternité. Je n’en peux plus d’entendre 50 fois par minute le mot « maman » scandé sur tous les tons, pour me demander qui, un câlin, qui, un goûter, qui, des précisions sur une leçon d’espagnol… Parfois j’ai envie d’aller me recoucher à peine la journée commencée, me rouler dans la couette et hurler dans mon oreiller. Même que des fois, je le fais pour de vrai! Je vais prendre une douche pour me calmer parce que je me sens à deux doigts de péter un plomb.

Etre parent en 2016 n’est pas facile, on est seul, on a une pression monstre, quoi que l’on fasse, rien n’est bien… C’est dur parce que le monde moderne est très moyennement adapté aux jeunes enfants et encore moins aux bébés… C’est dur parce qu’être parent est difficile et je ne suis pas sûre que c’était beaucoup plus simple il y a 50 ans… On a une perte globale des repères, à l’heure actuelle, on cherche un nouveau modèle parental, les pères s’investissent beaucoup plus, les mères veulent faire mieux que la génération précédente, on ploie sous les critiques permanentes, on fabrique des enfants rois, des tyrans, une génération perdue, des assistés…
On fait trop d’enfants, on n’en fait pas assez. On ne les nourrit pas comme il faut, on ne les éduque pas comme il faut… On se sépare alors qu’il ne faudrait pas, on leur fait vivre des situations qu’ils ne devraient pas vivre, on les fait naître dans un monde qui n’est pas fait pour eux…

J’ai quatre enfants, je suis maman depuis quinze ans, ce n’est pas rose tous les jours mais je n’ai jamais regretté d’être devenue mère. Je n’ai jamais regretté la naissance d’aucun de mes enfants. Ils ont tous été désirés, attendus et je les vois chacun comme des cadeaux, certains surprises, certains prévus. Au delà de l’amour que je porte à chacun, devenir mère m’a fait grandir, j’expérimente une nouvelle manière d’être, je découvre mes limites mais surtout l’étendue de mon potentiel en matière de patience, d’empathie, d’apprentissage.
Avoir des enfants ne se résume pas à changer des couches, donner des compotes, plier du linge ou s’assurer que chacun va être à l’heure à l’école.

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Devenir parent est une aventure humaine incroyablement riche et intense.
Quand on devient parent, on découvre que l’on ne sait rien, que l’on a tout à réapprendre au travers des yeux de notre enfant, de chacun de nos enfants. Devenir parent, c’est voir la vie en double, triple, quadruple… Avoir une partie de soi qui ne nous appartient plus, qui va vivre de manière autonome. C’est accepter de grandir en même temps que des petits êtres qui attendent tout de nous. Le rôle d’un parent est extrêmement exigeant, on a la responsabilité de vies qui ne sont pas la nôtre. On ne vit plus que pour soi. On est obligé de se faire violence pour devenir digne des êtres que l’on a mis au monde.
C’est intense, difficile, mais c’est beau, émouvant, sensationnel, dans tous les sens du terme.

Je comprends très bien ceux qui ne veulent pas devenir parent, ceux qui ne se sentent pas la force d’une telle responsabilité, ceux qui remplissent leur vie de leur passion et qui n’ont pas la place pour un ou plusieurs enfants. Je les comprends et je les admire d’accepter qu’ils ne sont pas faits pour cela.

J’ai plus de mal à comprendre ceux qui résument la vie d’un parent à son quotidien, ses inconvénients, ses redondances… Comme si la vie d’un parent était d’une banalité affligeante, dénuée de fantaisie et de surprises.
Ma vie de mère comporte une part de quotidien chiant et pénible, mais ce n’est pas la lessive étendue le matin ou les dossiers d’inscription à l’école rendus à l’heure qui font de moi une mère, c’est toute l’attention que je porte à mes enfants, mon envie de les aider à grandir et à s’épanouir, ma fierté de voir que mes enfants sont heureux, gais, communicatifs dans leur bonheur, voir que mes enfants sont des gens biens, des petits êtres ouverts d’esprits, curieux, prêts à découvrir plein de chose et à mordre la vie à pleines dents.

Je suis heureuse d’être mère. Je ne sais pas qui remercier de m’avoir donné quatre magnifiques enfants, mais je suis infiniment reconnaissante à la vie de me permettre d’endosser ce rôle complexe et réjouissant et de voir grandir quatre petites pousses.

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30 Discussions on
“Je suis heureuse d’être devenue mère!”
  • Je partage tout à fait ce que tu as écris. Ce n’est pas toujours facile de gérer la vie de 4 personnes (oui nous on est 4, pas 6 – et je trouve déjà ça sport!), mais ce n’est pas à cela que se résume la vie de parents. Je crois que je sais que je suis mère quand mon cœur semble exploser d’amour à chaque fois que je regarde mes filles…pas quand je peste à force de ranger leurs affaires 🙂

    Je pense aussi que nous sommes dans une société qui nous impose de tout faire : on devrait être mère parfaite+amante parfaite+enfant parfait qui est aidant de ses parents vieillissant+ faire du sport 3 fois par semaine+ se cultiver+++++ et finalement tout cela n’est pas toujours possible en même temps. Il y a un temps pour tout : le temps de la petite enfance où le sport = courir après bébé pour lui mettre une culotte et ranger ses jouets, le temps de l’enfant où on retrouve plus de temps pour faire du sport ou sortir, etc.
    Alors certains en arrivent à dire : « je regrette d’être mère car ça me demande trop » mais est-ce être mère qui demande trop ou est-ce les impératifs de la société/des médias/ des magazines féminins/ d’instagram???

    • Tu résumes très bien la situation! Je pense également que ce n’est pas être parent qui est si difficile, mais la pression mise sur les épaules des femmes (essentiellement) par la société.
      Je crois qu’en Allemagne, ce phénomène est un gros ras le bol généralisé pour dire stop à cette pression (qui est pire qu’en France d’après ce que j’ai compris). Peut-être un tournant pour eux, pour réinventer une maternité plus libre!

  • Quel beau article. Je m’y retrouve totalement. Je suis parfois épuisé par mes enfants (et j’en ai « que » deux lol) il m’arrive aussi de dire que je vais partir m’isoler un peu, sur une île déserte ou ailleurs du moment que ce soit calme. Lol mais jamais je ne regrette ma vie, le fait d’avoir fait des enfants. Cette société d’insatisfaits qui cupabilise tout le monde et surtout les mères… Soyons heureux

  • Très bel article, tu résumes ce que beaucoup de mamans ressentent je pense 😉
    C’est difficile car on se sent toujours jugé, en compétition les unes avec les autres…
    Tes enfants sont superbes et ta famille magnifique!
    Gros bisous
    <3

  • Le phénomène des parents qui regrettent leur choix ouvertement est recent en Europe, mais pas aux Etats-Unis. J’avais trouvé ce groupe Facebook par hasard il y a quelques mois : https://www.facebook.com/IRegretHavingChildren/

    Je pense que si on oublie la pression qui nous entoure pour faire des enfants, la pression d’être des mamans parfaites, et tout ce qui a été déjà dit sur les conditions sociales, on reste avec un fait simple : il y a tout simplement des gens qui ne sont pas faits pour être parents. Le souci est que sans le devenir il est très difficile de le savoir 😀 Du coup il y a des couples qui font un enfant parce qu’ils sont persuadés (par leurs propres convictions, pas les gens autour d’eux … peu importe) que c’est « the right thing to do ». Et ils se retrouvent avec un môme et toutes les contraintes qui vont avec, et parfois sans le sentiment d’amour et de plenitude qui est censé venir avec. Ils aiment leur enfant, mais pas leur nouvelle vie. Cette vie remplie de contraintes, cette vie où une sacre partie du budget part dans la garde, le lait, les petits pots, cette vie où il faut faire gaffe à tout, cette vie où la vraie vie commence après que le bébé dort, cette vie où le bébé/enfant passe avant tout … Et souvent cette vie avec un énorme vide là où tout le monde leurs a dit qu’il y aura de l’épanouissement, de l’émerveillement, de l’amour. Parfois ca dure quelques mois avant que ce vide se remplisse. Parfois il ne se remplit jamais …

    • Je trouve qu’à l’heure actuelle, avec toute l’information circulant sur la parentalité, il est un peu hypocrite de dire qu’on « ne savait pas »… On est quand même au courant de toutes les contraintes inhérentes à ce rôle.
      Mais il est certain que tous les parents ne sont pas faits pour le devenir… Et ce phénomène (je ne connaissais pas sa version étasunienne! Merci poour la découverte) est un moindre mal considérant tous les enfants battus, maltraités, victimes de sévices sexuels ou autres tortures… Là, ce sont les parents qui souffrent. Ma foi, les parents sont des adultes responsables et peuvent vivre avec leurs regrets!

      Peut-être que ce phénomène autorisera les gens à se questionner avant de faire un enfant, peut-être qu’une plus grande partie se sentira autorisée à ne pas faire d’enfant parce qu’ils n’en veulent pas ou ne se sentent pas capables de les assumer. C’est peut-être positif au final! 🙂

      • Moi aussi je pense comme toi que finalement c’est du positif que tous ces parents peuvent enfin parler plus ou moins librement de ce qu’ils ressentent. Cela permettra d’avoir aussi des témoignages négatives à côté des « instants Kodak » auxquels nous sommes habitués. Et donc des futurs (ou pas) parents pourront choisir en ayant vu aussi cette côté obscure de la force 😀 (ha! je n’ai pas pu m’empêcher)

         » il est un peu hypocrite de dire qu’on « ne savait pas » » – là je ne suis pas d’accord à 100% avec toi. Tu as eu de la chance d’avoir eu 4 bébés en bonne santé. Mais il y a des parents que se retrouvent du jour au lendemain dans des situations qu’ils auraient pas pu anticiper … Des situations qui souvent finissent par les dépasser. Un bébé qui pese 800 grammes, un (voir souvent deux) bébés qui doivent subir des interventions lourdes, un bébé qui gardera des séquelles à vie … et la vie bascule. Plus d’instant Kodak, plus de vacances au soleil, plus de rentrée à l’école comme pour tout le monde. Ce sont des parents qui souvent ont besoin des longues séances avec des phy pour arriver à surmonter le quotidien. Devenir parent peut souvent tourner au cauchemar …
        Et le plus difficile est que ces parents là se retrouvent souvent isolés, car les autres ne comprennent pas ou pensent avoir tout compris. Et s’ils osent en parler, on leur dit souvent : « mais ton bébé est en vie, tu n’as pas le droit de te plaindre » …

        Donc j’espère que cette vague de parents qui osent enfin briser le silence donnera aussi du courage à ceux qui vivent des situations écrasantes et qui n’osent pas en parler….

        Ah mince, j’ai trop écrit à nouveau 😉 Tu m’excuseras … le sujet me passionne 😀

        • Je t’en prie!
          Là, je crois qu’il s’agit vraiment de parents qui ont, tout comme moi, des enfants en bonne santé… Le phénomène ne touche pas des familles en grande difficulté mais des familles lambda, comme toi et moi.
          Bien sûr que j’ai de la chance et j’en ai parfaitement conscience. Il est évident que si l’un de mes enfants était handicapé, gardant de sévères séquelles d’un quelconque traumatisme, je ne serais sans doute pas aussi affirmative. Mais d’après ce que j’ai lu de cette étude et des témoignages qui ont suivi, les gens « malheureux d’être parents » ont eux aussi des enfants en pleine forme, sans difficulté particulière.

          Après, soyons clairs, je ne pense pas que la parentalité est un long fleuve tranquille et même avec des enfants en bonne santé, c’est un statut très difficile parfois, voire cauchemardesque à certaines périodes… Mais j’ai tout de même du mal à comprendre que l’on puisse regretter et le dire (au risque que les enfants l’entendent…) Ce n’est pas facile d’être parent mais ce n’est pas évident non plus d’être un enfant, encore moins quand on a des parents qui ne semblent pas assumer de les avoir mis au monde…
          Ce qui me gène le plus, au fond, c’est que le débat soit toujours centré sur les parents, en ce moment, comme si les enfants étaient un accessoire que l’on regrette d’avoir acheté ou un animal trop encombrant que l’on regrette d’avoir adopté. Ce sont des êtres humains qui ont besoin de repères, de se sentir désirés, voulus, aimés… Pas de sentir qu’ils sont des erreurs que leurs parents regrettent (Je suis peut-être d’autant plus touchée que j’ai moi-même été surnommé « l’erreur » durant une bonne partie de mon enfance, et je mets un point d’honneur à ce que chacun de mes enfants sache que je suis heureuse de leur présence sur Terre!!)

  • On peut aimer ses enfants sans restriction, les avoir désiré, mûrement réfléchis et puis regretter tout de même une part de liberté révolue. Mais dans certains articles qui en parlent, il est question d’autre chose aussi. Certaines femmes regrettent cette inquiétude constante qui survient quand on a un enfant. On pourra le répéter, quand on en a pas, on ne peut pas réaliser ce qui tord le ventre de ceux qui ont des enfants et s’inquiéteront toujours désormais. C’est sans doute plus ou moins prononcé et certains parents tombent peut-être dans une mini dépression qui les amènent à regretter la naissance de leur enfant, mais cela ne les empêche pas de les aimer, au contraire.
    Ensuite, c’est sûr, comme tu dis, c’est sans doute un état passager. Mais le sujet parait tout de même beaucoup plus compliqué qu’il n’y parait et c’est bien de pouvoir en parler.

    • On peut regretter d’avoir perdu son insouciance alors, mais pas d’être devenue mère… Ce n’est qu’une des nombreuses composantes!
      Je regrette parfois ma liberté, mon insouciance, mon « irresponsabilité », mais si c’était à refaire, je ferais quand même mes enfants…
      Mais je comprends qu’en Allemagne, spécifiquement, cela soulève un problème de société!

  • Merci pour cet article. J’ai moi aussi été choquée par ces articles qui circulent. Pense t-on un seul instant aux enfants de ces gens (parce qu’on ne parle que des mères mais les pères, ils sont où ? Ah oui, au tennis) (pardon, expérience personnelle ) qui n’ont rien demandé, rien choisi (contrairement à leurs parents) ? Savoir (ou ressentir parce que même sans le dire, ils le ressentent certainement) que ses parents nous regrettent est d’une violence sans nom… Je suis d’accord avec toi, ça fait quelques années qu’on parle de ces contraintes (desperate housewife, Florence Foresti etc.) donc on ne découvre pas ça en accouchant quand même) Donc l’argument de « je ne le savais pas avant » ne tient pas trop.

    Et je trouve dommage qu’on déplace le débat. Entre « je suis tellement épanouie en tant que mère qui fait des gâteaux arc-en-ciel à mes 5 enfants, les emmène au tennis, au chinois, au piano, toujours bien apprêtée et avec le sourire » et « j’en peux plus de faire les gâteaux arc-en-ciel, les emmener au tennis etc. », on ne peut pas juste se dire qu’un gâteau acheté à la pâtisserie une heure avant et des retards au tennis, ce n’est pas si grave et qu’après tout, leur père n’avait qu’à le faire ce gâteau ? Non, les femmes doivent tout réussir ou ne rien faire. Quelle tristesse… Et ça retombe sur le dos des enfant qui au fond n’en n’ont rien à secouer de ces gâteaux et tonnes d’activités extra-scolaires.

    • Quand n se met à la place des enfants, c’est très dur, oui… Et comme tu le dis, je crois que les enfants s’en fichent complètement d’avoir un gâteau sur trois étages décoré à la pate à sucre! Un bon vieux marbré et ils sont contents pareil!!

  • Bonjour Aurore,

    je voudrais te dire merci parce que tu as exprimé ce que je ressens au fond de moi. J’aime être maman et plus j’ai d’enfants, plus jai envie d’endosser ce rôle si épuisant mais si enrichissant.

    Merci d’avoir résumé mon ressenti positif.

    cet article m’a fait drôlement du bien. La sinistrose ambiante me pèse plus que je ne saurais l ‘expliquer.

  • Super article, très réaliste. Pour ma part, cela fait 4 mois que je suis devenue maman malgré la fatigue, les nouveaux rythmes’ etc , je me suis jamais sentie aussi epanouie ..

  • La maternité en Allemagne est tres differente qu’en France. Effectivement la pression sur les meres y est tres forte. Mon fils est né en Allemagne et j’ai ressenti une pression tres forte sur comment je devais faire. Il faut arreter de travailler au moins 3 ans sinon l’enfant ne sera pas assez attaché à sa mere, il faut aussi allaiter 6 mois. Je sais qu’en France on a l’impression que la pression sur les meres est forte mais en Allemagne c’est pire….Il es tres difficile de travailler avec des enfants en Allemagne, les meres sont jugées sur toute ce qu’elles font.
    C’est une des raisons de notre depart, on ne voulais pas elever des enfants en Allemagne avec cette ambiance. Je ne voulais pas que mes enfants pensent qu’ils passent toujours avant moi, que je vais toute sacrifier pour eux. Et c’est ca qui est attendue des allemandes… C’est une société beaucoup plus conservatrice que la France. Tout ca pourrait expliquer le mal etre des meres allemandes et le choix de beaucoup d’allemandes de ne pas avoir d’enfants

    • Oui, je pense également que le contexte local joue et ce « regret » sonne finalement comme une provocation ou une revendication.
      Ca m’agace un peu que ce soit transposé en France, alors que justement, je trouve que les femmes y sont beaucoup plus libre.
      A votre place, je serais partie aussi je pense, quelle difficulté!

  • Comme le dit Anne, cette enquête connait un fort retentissement dans des pays (comme l’Allemagne) ou la maternité est surinvestie. En France il n’est pas question de choisir entre avoir des enfants et avoir un travail, même si bien sur des accommodement sont à prévoir. On ne trouve pas normal qu’une femme, parce qu’elle a des enfants, doivent cesser tout le reste (sortir, travailler, avoir des loisirs).

    Mais ça va plus loin. J’ai dans mon entourage deux personnes qui se sentent concerné par cette étude. La première est artiste, et sa motivation première est de se faire une place (même si elle n’espère pas en vivre) dans sa discipline. Elle a été heureuse d’être enceinte, elle aime son enfant, mais elle ne se sent pas dans le personnage. Après une dépression et une séparation, elle profite de la garde alternée qui le permet d’être elle-même une semaine sur deux. De pouvoir dire « je ne suis pas certaine que j’aurais eu un enfant si j’avais pris d’autres éléments en compte », c’est effectivement sans doute violent pour l’enfant, mais pas plus que d’être le fruit d’une grossesse non désirée. Ne pas avoir de projet parental (ou avoir des doutes sur celui ci) au départ n’enlève rien de l’amour qu’on porte à l’enfant.

    Dans le deuxième cas, elle souhaitait fort être mère et on lui avait dit que c’était médicalement impossible. Être enceinte était donc un miracle… et alors qu’elle connaissait à peine le père il lui a été inconcevable de ne pas avoir cet enfant. Et là je pense qu’elle ne regrette pas d’être mère, mais de l’être dans ces conditions. Le père s’étant révélé particulièrement destructeur.

    Du coup, non c’est n’est pas « changer des couches, c’est pénible » ou « a quand même ça coute cher un enfant ». C’est beaucoup plus profond que ça. Tu dis admirer ceux qui ont fait le choix de ne pas avoir d’enfant parce qu’il ne sont pas fait pour ça. Alors pourquoi douter de la maturité de ceux qui, ayant eu un enfant jeune ou pour répondre à une pression sociale, se disent maintenant qu’on libère un peu la parole « j’aurais peut-être fait autrement si… »

    • Je ne mets pas en doute leur maturité. Je trouve le discours hyper violent pour l’enfant.
      Et je trouve qu’il y a une énorme différente entre être le fruit d’une grossesse non-prévue (on peut ne pas vouloir d’une grossesse mais vouloir l’enfant et l’assumer, l’aimer et être ravi de sa venue au monde une fois qu’il est là! Et lui tenir un discours valorisant sur la grossesse « surprise » que l’on a vécu!) et dire « si j’avais su, je n’aurais pas fait d’enfants » ou pire « je regrette d’être parent, je regrette d’avoir fait des enfants ».
      C’est bien de libérer la parole, mais je note une fois de plus que l’on embrasse volontiers l’intérêt des parents, mais jamais celui de l’enfant… Comment grandir harmonieusement dans un contexte où l’on se sent de trop? Où l’on est un tel poids pour ses parents qu’ils regrettent notre venue au monde?
      J’ai beaucoup de mal.

      • Je crois sincèrement que l’intérêt de l’enfant est aussi dans celui des parents. Un enfant qui a un de ses parents qui vit mal sa parentalité (et tiens, comme c’est bizarre mais « j’étais pas fait pour devenir père » est une phrase tout à fait prononçable – pas glorieuse, mais prononçable) va de toute façon en subir les conséquence, que ce soit dit ou non. On ne parle pas de ras le bol devant des Lego mal rangés, hein. On parle de dépression, d’addiction, de suicide, d’abandon de famille. De choses pour lesquelles libérer la parole (et le dire à ses copines autour d’un verre, son amant, son psy n’oblige en rien à le dire à ses enfants, en plus) va faciliter la résolution (pas effacer l’ardoise, juste permettre de la poser, et peut-être de pouvoir vivre avec sans avoir besoin de béquille ou d’échappatoire).
        Je le ressens peut-être d’autant plus dans mon histoire personnelle des comportements s’expliquent par l’histoire familliale et les non dit de celle-ci (3 et 4 générations avant). Et que pour moi cacher les choses ne protège pas les enfants, ça rends juste leurs angoisses incompréhensibles.
        Et je pense aussi qu’on peut très bien dire de façon positive et valorisante à un enfant qu’on a l’impression d’être passé à côté de sa vie en devenant parent, comme on peut aussi dire à un enfant de façon toxique qu’il était désiré. Ce ne sont pas seulement les propos qui compte, mais aussi l’amour qu’il y a avec.

        • C’est vrai, les non-dits sont dangereux, je comprends ce que vous voulez dire… Avoir un parent qui regrette notre venue au monde et refuse de l’admettre, cela peut être toxique aussi, j’imagine. Merci pour cet éclairage! 🙂
          Ce thème rejoint aussi mon histoire personnelle, celle de ma fille plutôt, qui a subi un abandon de la part de son père. Je ne sais pas s’il regrette d’avoir eu un enfant (dont il ne s’est jamais occupé), mais ça a été à moi de combler son absence, à moi de me débrouiller doublement seule pour offrir à ma fille la vie qu’elle mérite. Je vois d’un mauvais oeil ce « regret » parce que je le regarde avec mon prisme à moi, sans prendre en compte les multiples différences dans chaque situation.

  • Mais MERCI pour ce post!
    Comment se fait-il qu »inconnues et à des milliers de km on puisse ressentir les memes choses aux mêmes instants?!
    Quand hier soir je me retrouve chez qqn que j apprécie mais qui aime peu les enfants et surtout qui, comme tu le dis résume le fait d être parent aux choses les plus pénibles, prône l autorité abusive et super nanny à gogo pour ces petits monstres!!!!!… que je me sens du coup tres nulle comme maman et comme être humain, faible…!Et ALLELUIA! Je tombe sur cet article…
    Évidemment j’ai du mal à comprendre qu’on puisse regretter d avoir des enfants! Regretter le moment choisi, la personne avec qui, de ne pas avoir penser à tout…mais regretter!? Je pense qu’il y a au moins un millions de choses positives qui font pencher la balance et oublier toutes les choses pénibles
    Je trouve que la phrase qui dit que 2 personnes font un enfant car elles ont trouvé que la vie était si belle qu’il fallait la créer pr la faire partager est très juste. Et puis c’est l amour en principe qui crée cela…
    Rappelons nous aussi que nous avons été enfant et le fruit de cela, que si nos parents n avaient pas pensé cela nous ne serions pas là pour en discuter…Et que c’est la chose la plus (difficile) merveilleuse!

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