Lorsque j’étais enceinte de Noisette (dans mon souvenir) j’avais lu un article dans je ne sais plus quel magazine dans la salle d’attente de je ne sais plus quel médecin… L’article m’avait marqué parce qu’il disait en substance que le nombre d’enfants ne faisait pas varier le bonheur des gens… Voire même que le fait d’avoir un enfant ne faisait pas non plus varier le bonheur. Grosso modo, quand l’enfant nait, un pic de bonheur prend place dans la vie des gens puis s’estompe au fil des semaines pour ramener le couple à la normale, le même bonheur qu’il avait avant.

Je m’étais dit alors « ho bah ça va, on ne prend pas trop de risques, on ne va pas être plus malheureux, on risque juste de rester heureux pareil »

Et dernièrement, je me suis demandée si j’étais plus ou moins heureuse qu’avant, avec nos quatre enfants qui nous propulsent au rang de famille nombreuse. Noisette sautait sur mon lit pendant que Pépin essayait de se glisser sous la couette tandis que MissCouette essayait de les faire redescendre en asseyant une autorité très relative. Je les regardais tous les trois et mon coeur était tout gonflé d’amour et de bonheur, comme s’il était prêt à exploser… Et bêtement, je me suis posée la question: est-ce qu’avec un seul enfant, je serais aussi heureuse? Ou avec pas d’enfant du tout? Ou avec seulement deux ou trois?

C’est un peu idiot comme question parce que personnellement, je suis incapable de jauger mon bonheur… Je suis heureuse ou je ne le suis pas. Je suis très heureuse, un peu heureuse ou pas vraiment heureuse, mais il n’y a pas un pourcentage qui s’affiche comme sur une jauge de vie dans les jeux vidéos. Suis-je plus heureuse aujourd’hui qu’il y a 5 ans? Difficile à dire.

J’ai néanmoins réalisé qu’avec quatre enfants les occasions de se réjouir sont quatre fois plus nombreuses. Alors on a aussi quatre fois plus envie de hurler face aux bêtises quatre fois plus nombreuses, on devient sourd quatre fois plus vite à cause des cris multipliés par quatre, on a envie de se taper la tête contre les murs quatre fois plus… Mais on a aussi le coeur quatre fois plus gros, rempli de quatre fois plus d’amour…

C’est cliché, je le sais. Peut-être que c’est une façon de se consoler des week-ends en amoureux qu’on ne fera plus avant dans vingt ans, du mot « calme » dont on ignore désormais la signification, et du temps perdu à chercher des chaussettes, changer des couches ou préparer des repas pour une armée (enfin, 6 personnes, c’est pareil). Mais j’ai tout de même vraiment ce sentiment que plus on est nombreux et plus on passe de bons moments. Tout est décuplé, tout est plus intense… Chaque heure passée avec un seul enfant doit être remplie afin d’en profiter, de lui montrer qu’il est unique au sein de cette grande famille. Chaque moment passé tous ensemble est forcément intense du fait du nombre, tout simplement…

La vie est plus difficile, on doit jongler avec quatre personnalités très différentes, quatre enfants aux besoins et exigences très diverses… On s’inquiète beaucoup plus. Mais la vie est également plus riches en beaux moments, en rigolades, en coeur prêt à exploser de trop de bonheur.

Il n’y a pas de modèle meilleur qu’un autre. Les grandes familles ne m’ont jamais fait rêver, ça m’a même toujours plutôt fait peur… Enfant (fille unique), je regardais ceux qui avaient plein de frères et soeurs avec énormément de curiosité et une pointe d’angoisse. Et je ne me suis jamais rêvée en mère de famille nombreuse, oh que non! Mais la réalité dépasse les rêves parfois et cette joyeuse tribu me comble au delà de tout ce que je pouvais imaginer!

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