Juste la fin du monde [Cinéma]

Grand prix du Festival de Cannes 2016, j’avais très envie de voir ce film, même si je n’apprécie pas la moitié des acteurs de la distribution (Cassel et Cotillard me portent généralement sur les nerfs).
J’ai donc profité des Incontournables UGC, qui proposent de voir ou revoir les grands succès de 2016, pour aller voir Juste la fin du monde avec Mister Mii.
J’étais un peu nerveuse parce que Mii n’est pas très « cinéma d’auteur », mais il faut croire qu’à force de le traîner dans les salles obscures avec moi, il s’est pris au jeu!

Synopsis: Louis, un jeune homme de 34 ans, auteur, retourne dans le sud de la France, voir sa famille qu’il n’a pas vue depuis 12 ans, afin de leur annoncer sa mort très proche.

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Mon avis:
Malgré l’effarante simplicité du scénario, ce film est grandiose.
Au début, les scènes m’ont mise mal à l’aise, les gros plans, les silences lourds et étouffants, les regards qui ne savent pas ce qu’ils veulent dire… Je me suis dit « oh mon dieu, en voilà un cinéaste qui aime se regarder filmer comme d’autres aiment s’écouter parler… Cela va être d’un ennui mortel! »
Mais il se passe rapidement un truc… La tension grandit de manière croissante, et les émotions deviennent tout aussi envahissantes que cette sensation d’oppression qui ne nous quitte plus jusqu’à la fin.

La beauté du cinéma transperce de ce film sa faculté à faire éprouver des sensations puissantes tout en poussant en soi-même une réflexion dense.
On ne sait rien de cette famille, ni son passé trouble, ni son présent chaotique.
La pièce de théâtre dont est issu le film a pour sujet l’homosexualité et le Sida. Mais le film de Dolan ne les aborde pas de manière claire, ce qui laisse au spectateur tout loisir d’y apposer ses propres démons.
On peut alors imaginer le départ de Louis, 12 ans auparavant, comme la fuite d’une famille dysfonctionnelle et toxique, même si l’on ne sait pas pourquoi… Est-ce son homosexualité qui a précipité son départ? Un père violent? Un frère agressif? Des parents absents? On ne fait que le deviner.
Quand il revient, 12 ans après, le noyau familial qui avait appris à vivre sans lui manque d’exploser… Il est celui qui a remis en question le précaire équilibre en partant, et celui qui manque de tout faire exploser en revenant.
Une soeur qu’il n’a pas vu grandir et qui souffre d’être la dernière, la fille, qui se rebelle en se droguant mais qui reste prisonnière d’un quotidien morose et pesant.
Une belle-soeur dont il fait seulement la connaissance, frêle et fragile jeune femme qui essaye de donner à ce simulacre de famille un peu de réalité et de sens. Marion Cotillard est absolument bluffante dans ce rôle de femme vulnérable, dont on devine les failles.
Un frère très en colère, qui ne laisse personne parler, parce qu’il a trop peur d’entendre, peut-être… Un caractère emporté, violent, d’un être profondément blessé.
Et une mère proche de l’hystérie, consciente de la comédie qui se joue, mais aimante, malgré tout.

Louis va mourir, il essaye de se souvenir du beau de son enfance comme autant de petites bribes de joie et de mélancolie. Mais le présent le rattrape.

Un film magistralement filmé, tenu par des acteurs tous sublimes, avec une mention spéciale pour Gaspard Ulliel, parfaitement juste dans le rôle de celui qui a fuit, celui qui est coupable d’avoir abandonné sa famille, le seul qui a eu le courage de sortir d’un climat manifestement toxique et enfin celui qui revient chercher une sorte de réconfort impossible à trouver dans cette famille-là.

Une claque, on ne ressort pas indemne de la salle de cinéma. Un film qui filme les non-dits, les émotions refoulées, les secrets, d’une manière sensationnelle, au sens propre comme au figuré.

Mii qui est habituellement réfractaire à cette forme de cinéma est ressorti conquis, tant par le jeu prodigieux des acteurs que par la mise en scène d’une justesse inouïe.

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2 Discussions on
“Juste la fin du monde [Cinéma]”
  • J’aime beaucoup lire les avis des autres surtout quand je n’ai pas le même. Cela me rassure de savoir que l’on est encore tous différents avec nos propres ressentis. Je n’ai pas effectivement pas aimé ce film, j’étais accompagné donc je ne l’ai pas fait, mais j’aurais quitté le cinéma. Huit-clos étouffant et trop de non-dits pour moi justement « ennui mortel ». Je te rejoins cependant sur la qualité d’actrice de Marion Cotillard. Belle journée !

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