Accepter de s’aimer

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai une image de moi absolument déplorable, zéro self estime, mais une confiance en moi frôlant la mégalomanie… Cela semble paradoxal, mais après une analyse poussée de ma petite personne, j’en suis arrivée à cette conclusion. Je m’aime suffisamment pour tenter l’impossible afin de m’octroyer le droit de m’aimer. Mais je me déteste tellement que je me refuse sans arrêt le droit de réussir. Etrange, cette cohabitation entre la haine et l’amour de sa propre personne dans un même cerveau. Fatigant, usant, très contre-productif.

Petite, le discours à mon sujet a toujours été très contradictoire. On me disait que j’étais la plus belle du monde, la plus intelligente, la plus ceci, la plus cela. En présence d’autres personnes, on vantait des mérites que je n’avais pas « elle est la meilleure de sa classe, TOUT le monde se retourne sur elle dans la rue tellement elle est belle… », et en privé, on me reprochait de ne pas correspondre à ce que l’on attendait de moi.
Petite, ça allait encore parce que j’étais suffisamment jolie et intelligente, et surtout suffisamment « petit singe savant » pour satisfaire l’égo de ceux qui m’élevaient. Mais en grandissant un petit peu, j’ai cessé de correspondre à la jolie poupée récitant docilement tout ce qu’on lui demandait. Est-ce que les abus ont joué? Est-ce que, très tôt, j’ai voulu éprouver l’amour qu’on me portait en agissant au contraire de ce que l’on souhaitait de moi? Je ne sais pas… Mais très vite, je suis devenue trop laide, trop gauche, trop mauvaise élève, trop encombrante, trop tout… Dès mes 7/8 ans, je suis devenue une petite fille pas comme il faut, dont on continuait de vanter de faux mérites devant les autres, pour garder bonne figure, mais que l’on accusait de tous les maux, une fois la porte refermée. On me menaçait de m’envoyer en pension si je n’étais pas, enfin, première de la classe (passé le CP, je ne l’ai plus jamais été. J’étais une bonne élève, mais jamais la première), on me conseillait d’être plus extravertie, comme ma merveilleuse cousine, si à l’aise, on m’ordonnait de danser devant tout le monde, de m’amuser, de montrer que j’étais heureuse, mais je n’arrivais pas à faire semblant (je mettais déjà toute mon énergie à garder un terrible secret), alors on me criait dessus, on me disait que j’étais idiote, nulle, incapable, inutile.
Pesaient sur mes petites épaules les attentes démesurées d’adultes qui ne savaient pas se satisfaire de moi. Je devais être la meilleure, mais on ne m’a jamais expliqué comment, on ne m’a jamais poussé concrètement, il fallait que je sois la meilleure, la plus belle, la plus intelligente, sans qu’aucun effort ne soit fourni par des adultes trop irresponsables pour m’élever, sans même parler de le faire correctement.
Et j’ai grandi encore, je suis devenue tout ce qui était détesté, et j’ai perdu tout espoir d’être aimée un jour, d’être acceptée pour ce que j’étais.

J’ai grandi avec un écrasant sentiment de ne pas être suffisante. Habitée par une haine profonde de moi-même, qui n’a jamais su mériter l’amour d’une mère. Et pourtant animée par l’espoir fou que j’arriverais un jour à m’aimer quand même.
Je me suis lancée des défis fous, persuadée d’être capable de les surmonter… J’ai décidé de passer le bac peu de temps après la naissance de ma fille aînée, alors que j’étais en plein divorce (chaotique et des plus éprouvants) et malgré toutes les contestations de mes proches ‘mais tu es folle, tu n’y arriveras jamais! C’est complètement irresponsable! Quand on est mère, on travaille, on ne reprend pas des études!’, j’ai eu le bac.
J’ai passé le bac dans l’espoir de me donner un peu de crédit, en espérant m’apprécier un peu plus, mais ça a été un fiasco total… Je ne me suis pas plus aimé, cela a même été l’occasion pour moi de me dénigrer un peu plus d’avoir obtenu ce bac sans mention, à 21 ans, je me sentais ratée, en décalage, stupide…

J’ai enchaîné ensuite des études difficiles (pour moi, parce que prendre une filière avec des maths alors que je suis probablement dyscalculique, c’était pas franchement facile…), avec des résultats parfois exceptionnels, parfois médiocres, qui toujours m’amenaient à cette déception de constater que quelques soient mes résultats, les mauvais servaient à me détester encore plus et les bons ne servaient strictement à rien. J’ai eu mon deug en passant à « ça » de la mention, j’ai eu ma licence en deux ans, sans mention parce que le redoublement empêche de l’obtenir. Et j’ai eu mon master 1 en quatre ans. En réalité, j’ai mis 8 ans pour avoir un simple Master 1, je n’ai jamais essayé de m’inscrire en M2, persuadée que je serais recalée à cause de mon parcours chaotique.
Et si on ne peut que louer ma persévérance confinant à la bêtise, on ne peut pas vraiment dire qu’un tel parcours étudiant force le respect quant à mon intelligence, il prouve seulement que je suis bête, et qu’il m’a fallu le double de temps qu’à un étudiant normalement constitué pour arriver au même niveau.

Mes études restent une blessure autant qu’une source de satisfaction. La blessure d’avoir enfin la preuve, s’il en fallait une, que je suis stupide. La satisfaction d’avoir toutefois un diplôme et d’appartenir à une frange « respectable » de la société… Parce qu’aujourd’hui à 35 ans, plus personne ne me demande à quel âge j’ai eu mon bac ou mon master…

Mon poids est une seconde blessure, une sorte de défi lancé à ceux qui m’entourent « aimez-moi comme je suis ou dégagez! » en même temps qu’un parfait alibi pour me détester.
Et je sais bien que le poids n’est qu’un prétexte, je me détestais tout autant quand j’étais mince, sinon plus…
Au moins, grosse, j’ai le sentiment d’avoir une bonne raison de me haïr.

Sans titre 2

Comment réussir à s’aimer alors qu’on a manqué d’amour quand on était enfant? Comme accepter que l’on est aimable alors qu’on a grandi en ne se sentant pas mériter l’amour de ses propres parents?
Je ne sais pas.

Je sais juste qu’il y a un fort conflit intérieur que je commence enfin à comprendre. Je veux m’aimer, je crois même qu’au fond, je m’aime bien… J’aime bien mon humour, je me trouve chouette, rigolote, pleine de vie, j’aime mon état d’esprit positif et mon ouverture d’esprit, j’aime mes yeux noirs, ma peau lisse qui reste jeune plus longtemps, mes longs doigts et ma bouche joliment ourlée. J’aime le fait d’avoir persévéré dans les études, même si j’ai mis du temps… Je me trouve courageuse et tenace et, si j’étais quelqu’un d’autre, je crois que j’aurais beaucoup de respect et même sans doute de l’admiration pour moi…
Mais je suis moi, et je suis convaincue que je n’ai pas le droit de m’aimer. C’est profond, c’est atrocement douloureux. J’aimerais mais je n’ai pas le droit… Sans doute parce que ce serait désobéir à ceux qui m’ont torturé… Sans doute une sorte de syndrome de Stockholm qui dure très très longtemps…

Je sais qu’il y a là une clé. J’ai tenté beaucoup de chose pour m’aimer mieux, mais je ne me suis jamais donné à fond, parce que réussir dans l’effort annulait toute preuve d’intelligence, d’une part, mais aussi parce que réussir, c’était prendre le risque d’être fière de moi… Alors j’ai réussi tout en échouant. Pratique pour satisfaire mon esprit ambivalent.
C’est aussi valable pour les multiples régimes fructueux sur le court terme, se révélant un échec cuisant quelques mois plus tard.

Je dois apprendre à m’aimer. Je dois surtout apprendre à accepter de m’aimer, accepter que je suis aimable, accepter l’amour, le respect, l’amitié des autres sans me répéter sans cesse qu’ils m’aiment pour les mauvaises raisons, que s’ils me connaissaient vraiment, ils fuiraient… Parce qu’en réalité, je ne suis pas une mauvaise personne, je suis chouette, et il n’y a aucune raison que l’on ait peur de moi parce que si j’ai des défauts, je n’ai pas celui de la méchanceté, loin de là.
Je dois apprendre à accepter d’être fière de moi sans chercher à tout prix à enterrer ce sentiment. Je dois apprendre à accepter les compliments qui me passent par la tête sans ajouter immédiatement une énorme injure… Je dois accepter de me trouver jolie (et peu importe que ce soit vrai ou non, j’ai le droit, moi, d’apprécier ce que je vois dans le miroir) sans me dire que c’est terriblement prétentieux, orgueilleux, que c’est un avis partagé uniquement par moi-même, et, mon dieu, mais que diraient les gens s’ils savaient ce que je pense de moi? Déjà, personne n’a besoin de le savoir, et ensuite, je crois que tout le monde s’en ficheraient… Certains seraient heureux pour moi, d’autres se diraient « non mais elle se trouve belle? Mais t’as vu sa gueule? » et ils seraient plus à plaindre que moi…
Je dois apprendre à accepter de me trouver intelligente, car là encore, c’est subjectif… Einstein trouverait que je suis une abrutie et d’autres moins intelligents que moi trouveraient peut-être que je suis un génie. Tout est relatif, alors j’ai bien le droit d’arrêter de me répéter en boucle à quel point je suis stupide, et donc indigne d’amour et de respect.
Je dois arrêter de me faire souffrir en me répétant des mots qui ne m’appartiennent pas. Ceux qui m’ont donné la vie n’ont pas su m’aimer, cela a fait de mon enfance un enfer… Mais je ne suis pas condamnée à souffrir parce qu’ils n’ont pas été capables de voir la superbe petite fille que j’étais. Parce que tout enfant mérite que ses parents voient en lui une merveilleuse petite personne.

Maintenant que j’ai pointé ça du doigt, maintenant que j’ai déterré ce cadavre, il me reste à apprendre, pas après pas.
Parce que je suis convaincue qu’on aime mille fois mieux son entourage quand on s’aime suffisamment soi-même. Parce que cette boule dans la gorge est source d’une terrible colère qui ne sort jamais sur les personnes qui la méritent.
Parce que la haine de soi n’apporte rien d’autre que de la souffrance inutile. Et que personne, jamais, ne devrait nous dire qu’on s’aime trop.

PS: Je sais que je dois donner l’air de beaucoup trop gamberger, c’est le cas… Je ne demande à personne d’être d’accord avec ma démarche, mais simplement de respecter mon chemin à moi pour aller mieux. Chacun sa voie.

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38 Discussions on
“Accepter de s’aimer”
  • Tu as raison de parler de ton difficile parcours! Cela fait parti de ta vie te tu n’as pas à t’en excuser!! Si ça ne plait pas à certaines personnes qu’elles passent leurs chemins! Je te souhaite de trouver la paix intérieure pour te sentir au mieux! Je t’embrasse

  • C’est marrant parce qu’en ayant pas du tout eu le même parcours que toi je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis, cette sensation de ne pas avoir le droit de s’aimer tout en se trouvant plein de points positifs au fond.
    Si ça t’aide, que ça te fait du bien et que ca te fait avancer, je ne vois pas pourquoi tu devrais te justifier de ton introspection, je trouve au contraire ça tres couarageux
    PS : Je t’ai envoyé un message, tu en feras ce que tu en veux 😉
    <3

  • Emouvant de lire ton billet aujourd’hui…

    Je crois que la phrase la plus percutante pour moi est celle-ci « si j’étais quelqu’un d’autre, je crois que j’aurais beaucoup de respect et même sans doute de l’admiration pour moi… ». C’est fou comme on peut accorder aux autres un crédit que l’on ne se donne pas à soi-même? Et je pense que c’est une chose répandue. On est tellement dur avec soi-même en général. L’exemple de tes études est frappant. Oui d’accord ça t’a pris plus de temps qu’à d’autres: enfin, en même temps, avec un bébé puis un enfant à gérer, c’est quand même pas un détail!!!

    C’est important de savoir que oui, tu es née en étant une merveille et que oui tu es une merveille, comme chacun d’entre nous!! Et que ce n’est pas de l’arrogance de se le dire, c’est juste qu’on ne mérite pas moins, chacun d’entre nous!!

    Voilà on sent à te lire que ça « travaille » la-dessous, et je te souhaite vraiment que tout cela te mène vers la sérénité. Mais c’est lourd à digérer, il n’y a pas à culpabiliser de ressasser, reanalyser, creuser pour essayer de comprendre, tu as raison chacun son rythme et sa voie…

    Je t’envoie des ondes positives!

    • Merci Sabine! 🙂 Ca travaille en effet, et je crois, comme tu le dis, que c’est un mal très répandu de se sous-estimer, de manquer de confiance en soi… Je ne sais pas à quoi c’est dû. Notre culture peut-être? Notre éducation aussi sans doute…
      Mais la confiance en soi n’est pas une chimère, cela existe, c’est atteignable par n’importe lequel d’entre nous, j’en suis convaincue! 🙂

  • Je suis admirative du travail d’introspection que tu réalises.
    A chaque lecture je progresse un peu grâce à toi, alors merci.
    Et puisses tu un jour t’autoriser la bienveillance à laquelle tu as droit.
    Merci

  • Comme Madamezazaof mars, mon histoire est bien loin de la tienne, et pourtant tes mots résonnent bien fort.
    Je suis toujours soufflée par ta lucidité.
    Et l’énergie qui se dégage de tes mots.
    C’est vraiment fort de te suivre dans ton cheminement.
    Je te souhaite de trouver la paix.

  • Beaucoup de personnes de ton entourage sont titulaires d’un M1 (même obtenu en 3 ou 5 ans) ?
    Parmi mes proches : personne
    Dans mon entourage pro : personne
    Dans un cercle + éloigné : ça se compte sur les doigts de la mains. En pourcentage… je ne sais pas je suis nulle en maths (j’ai du mal avec la captcha ici, c’est te dire mon niveau)(et pourtant j’ai un M1).
    De mon point de vue, faire des études de ce niveau avec ces enfants en bas âge ça force le respect.

    Est-ce qu’on guérit de son enfance ? Je ne sais pas. Mais il me semble que tu te soignes.

    Et si tu écrivais ou disais à voix haute, chaque jour, toutes les belles choses que tu as accomplies. Relis l’article où un psy te faisait le bilan de TOUT ce que tu as accomplis.

    Tu larmoies, tu as le droit. Les gens on les aimes pour leurs qualités mais aussi leurs aspérités non ?

    • Dans mon entourage, tout le monde a un M2, en fait… Minimum… Tout le monde est diplômé d’une grande école de commerce ou d’ingénieur, a fait l’X, Centrale ou l’ESC… A passé le barreau ou est médecin…
      Je n’évolue pas dans le bon cercle!! 😉

      Mais oui, je prévois d’écrire sur un carnet toutes les gentilles choses que je glane ici ou là afin de changer les choses, afin d’intégrer dans mon inconscient que je suis valable, respectable et chouette. C’est un travail, mais peu à peu, avec les bons outils, j’y arriverai!!!
      Merci beaucoup à toi! <3

  • Dyscalculique ahaha, j’ai ri !
    Je comprend ton complexe face aux études, mais je crois que tu dois lâcher du lest un peu. Les diplômes ne valent rien
    Ce ne sont que des bouts de papier. Ceux qui s’imaginent que c’est le passeport pour l’intellgence, n’ont rien compris.

    • Non mais je te jure, les chiffres me font peur, j’ai des crises de spasmophilie à chaque fois que je dois faire une addition!
      Alors je ne sais pas comment ça s’appelle, mais j’ai décidé que c’était de la dyscalculie! 😉
      Sans penser que les diplômes sont un passeport vers l’intelligence, je donne beaucoup de valeur aux études qui m’ont permis de structurer ma pensée, de m’enrichir de connaissances et satisfaire ma curiosité. J’ai aimé les faire, même si cela a aussi une très grosse dose d’angoisse pour moi… Cela m’a apporté beaucoup de positif. 🙂

  • Bonjour, c’est un vécu pas facile à gérer…je pense savoir à quel point, j’ai presque exactement le même. Pour ma part je sors à peine la tête de l’eau, et je suis bien plus âgée que vous…donc de mon point de vue vous êtes une réussite, pas un échec 😉

  • bonjour, je lis très souvent vos billets, dans lesquels je me retrouve souvent d’ailleurs.
    enfance non protégée, dépréciation continuelle, vie d’adulte perturbée, etc..Je suis maintenant grand mère, j’ai eu 4 enfants pour lesquels j’ai « tout donné » ils me paraissent épanouis et me rendent au centuple ce que j’ai pu leur transmettre.
    Je suis certaine que vous parviendrez a dépasser tout cela ,les enfants qui grandissent heureux près de vous, vous y améneront en douceur.
    un petit bémol, j’ai un peu de mal a lire vos billets à l’ecriture pas assez contrastée sur le fond blanc….

  • Je suis toute émue….. Vous pouvez ajouter à liste de vos qualités celle de l’écriture, vos billets sont toujours excellents et parfaitement bien écrits. Vous êtes sur la bonne voie, il est essentiel de s’aimer, et tout le monde mérite d’être aimé comme il est. Aimer c’est accepter l’autre, s’accepter sans fards, sans falbalas. vous pouvez être fière de votre parcours, reprendre ses études, avec un enfant de surcroit c’est vraiment courageux, je ne sais pas si j’en aurais été capable. Je trouve que vous vous en sortez terriblement bien. J’ai eu la chance d’avoir des parents aimant mais ado j’ai été rejetée par tout le collège (et quand je dis tout, c’était même par ceux qui étaient mes « amis ») parce que je ne rentrais pas dans le moule. Pendant 3 ans je n’ai pas eu d’amis ou presque. J’ai subi brimades et humiliations. Si les réseaux sociaux avaient existé à l’époque, je ne serai peut-être plus là aujourd’hui….J’ai fini par croire que je ne méritais pas d’être aimée. ça m’a poursuivie très longtemps. J’ai mis un temps fou avant d’avoir d’autres amis et comprendre pourquoi ils voulaient bien toujours me voir et m’appeler. Je me suis détestée à tel point que j’ai martyrisé mon corps. Je voulais disparaître littéralement. Me fondre dans le moule ou me fondre dans le paysage je ne sais pas. Renvoyer une image de magazine idéalisée… à 25 ans je pesais 40kg…. Je n’ai eu qu’un seul amoureux, mon mari, et je ne l’ai rencontré qu’à 25 ans… C’est dire le temps qu’il m’a fallut, et surtout la psychothérapie qui va avec… j’ai été très complexée par mon propre parcours étudiant chaotique (quand on est pas heureux, on ne travaille pas, on ne réussi pas pareil, on est pas armé pour…), et enfoncée par ma soeur qui elle savait se faire aimer et réussir sans effort. J’ai ensuite compris que je valais autant qu’elle. J’étais juste différente et qu’on avait pas le droit de me comparer à elle qui était une toute autre personne. J’ai aussi compris qu’elle avait sa fragilité et finalement pas plus de facilités mais qu’elle avait su créer une façade. Je suis sans façade. Je suis moins reluisante, moins solaire, on a moins envie d’aller vers moi qu’elle, mais au final, je m’aime ainsi, sans artifice, au moins au final on est pas déçu, je ne mens et ne triche pas. je ne suis pas sûre que si j’avais créé un masque moi aussi je serai capable aujourd’hui de m’apprécier. La découverte de notre stérilité de couple m’a de nouveau affaiblie à 28 ans… Le refus de différents organismes pour l’adoption même si nous avions l’agrément a rouvert la blessure. Je n’étais pas assez bien pour être mère. J’ai de nouveau travaillé sur moi, et nous avons réussi à avoir nos enfants. Aujourd’hui forte de mes différentes psychothérapies, je peux dire que je m’aime, enfin ! Je ne suis pas parfaite, mais tant pis ! qui l’est ? Je suis bien plus sûre de moi aujourd’hui et bien plus heureuse qu’à 20 ans… portant je frôle les 40….

    • Merci pour ton témoignage poignant, Libelulle. J’ai pris du temps à te répondre car je ne savais pas quoi te dire qui ne soit pas une platitude…
      Merci pour vos mots, vos compliments, votre confiance, cela me touche beaucoup… <3

  • J’ai juste envie de te prendre dans mes bras et te dire que tu es « une belle personne » (à prononcer à la Marion Cotillard bien sûr), dedans et dehors, n’en doute pas.

  • Que dire, sinon que je sais à quel point cette ambivalence est éreintante et presque handicapante. Le droit de s’aimer et d’être aimée, se dire que je suis suffisamment gentille pour être aimée, suffisamment « comme il faut » pour daigner être aimée. C’est presque l’histoire de ma vie dont tu parles. A 35 ans, je manque cruellement de confiance en moi, mais au fil des années, je parviens à en gagner. Et comme tu dis, les kilos ne changent rien à l’estime que l’on a de soi. Cela ne remplace pas le manque de sécurité que l’on a eu enfant et qui continue de nous pourrir la vie, de creuse un trou béant dans le coeur.
    Tu es sur le bon chemin, celui qui te fera t’aimer totalement. Courage, parce que tu en vaux tellement la peine.
    <3

    • Merci beaucoup Kiki, tes mots me touchent énormément! Je te souhaite aussi du courage pour cette voie, elle n’est pas facile, demande des efforts, mais nous méritons de faire ces efforts pour nous! 🙂

  • Je lis très souvent votre blog que j’apprécie beaucoup. Dans la vie, j’aime les choses vraies, profondes. Je ne suis pas intéressée par le superficiel, l’apparence. Dans votre blog, je retrouve cette profondeur qui m’intéresse. Votre parcours est très intéressant aussi et m’inspire le respect pour vous. Avoir fait tout ça, en ayant eu une enfance si toxique, c’est fabuleux. Au niveau des pistes pour vous aider à vous sentir mieux; l’hypnose me semble intéressante car elle peut permettre de transformer le négatif que l’on a vécu en quelque chose de beaucoup plus doux. Une autre petite piste, que vous pratiquer déjà, est de faire, d’agir. A ce moment, les faits vous montrent, même si votre inconscient ne veut pas le voir, que vous avez fait de chouettes choses. C’est d’office bon pour l’amour de soi. Bonne continuation sur votre chemin de vie. Bénédicte

    • Merci beaucoup pour ces pistes de réflexions, Bénédicte! Ainsi que pour la vision que vous avez de moi, qui est très sympathique… Je suis, je crois, quelqu’un « d’authentique », je suis heureuse que cela transparaisse sur mon blog! 🙂

  • J’ai pleuré en lisant ton article… J’ai vécu pratiquement la même chose que toi ! C’est tellement regrettable de devoir vivre une tel déchirement intérieur à cause de ceux qui étaient censés nous aimer sans condition au lieu de nous apprendre à nous détester et par la même occasion à détester notre existence. J’espère que tu réussira dans ton combat et te félicite pour le courage que tu as de mettre des mots sur tes maux. Il est clair que tu es une adorable personne, je te souhaite beaucoup de bonheur.

  • Bonjour
    je viens de lire cet article seulement aujourd’hui, où je découvre ton blog.
    je voudrais savoir où tu en es de cette démarche, comment tu t’y prends pour « t’aimer plus »… J’ai eu une sorte de révélation en lisant cet article (sérieux!), je n’avais jamais réalisé que je vivais comme toi avec cette ambivalence de dénigrement permanent doublé d’une grande confiance en soi. De se trouver au top pour immédiatement se juger plus bas que terre.
    Comme toi (dans une moindre mesure), mes parents ne m’ont jamais dit que j’étais à la hauteur, il fallait toujours faire mieux. Et pourtant je sentais leur amour et entendais leur discours de fierté avec les autres. A l’inverse de toi, je pense qu’ils étaient sincères, mais ultra maladroits dans leur façon de dire les choses. Ce que mon cerveau a retenu, c’est que je suis nulle et fabuleuse en même temps. Ce qui fait une combinaison explosive perpétuelle à base de « je suis la meilleure, mais qu’est-ce que je suis prétentieuse »  » j’y arrive mais XXX est plus intelligent que moi » « je ne mérite pas cette augmentation, parce que je n’ai pas assez travaillé » etc etc etc..
    Et tout naturellement, en surpoids, incapable de perdre le moindre gramme, je ne fais que grossir lentement mais sûrement.. je refuse de faire des régimes, consciente que c’est le « mal ». Mais je me contrôle en permanence, même depuis 1 an où j’ai commencé à voir la même diététicienne que toi. Tout en cherchant à lacher prise, pour appliquer la méthode, ça ne fonctionne pas.. parce que, devine : je passe mon temps à me dire que je n’y arrive pas, que je suis nulle, et que je suis encore plus nulle d’être obsédée par cette histoire de poids, alors qu’il y a la guerre en Syrie et que franchement, je devrais me foutre de mon apparence, que ma vie est parfaite et que les gens ne m’aimeront pas plus si je perds du poids.
    Bref, le cerveau tourne en boucle.. je ne m’aime pas plus, je ne réussis pas mieux…
    mais lire ton article a mis le doigt sur quelque chose que je vais creuser. Je te remercie pour ça. J’espère que tu continueras à en parler sur ton blog, car ton cheminement m’intéresse vraiment.
    MERCI
    V.

    • Bonjour Véronique.
      Je te dirais que ça dépend des jours…
      Certains jours je me sens prête à « m’accepter comme je suis » et d’autres je cherche toutes les solutions pour maigrir parce que je ne me supporte plus…
      J’ai perdu 4 kilos avec la diététicienne (c’est déjà un exploit que je n’ai pas grossi vu tout ce que je mange mais passons…) mais j’ai l’impression de tourner en rond, je voudrais que ça aille plus vite, sentiment de manquer de volonté, d’être nulle, feignante, pas assez courageuse…
      Bref, aujourd’hui, c’est pas la grande forme par rapport à tout ça. Je commence même à me renseigner au sujet de la chirurgie bariatrique parce que je ne me sens pas capable de maigrir seule. Et à la fois, ce type de chirurgie me fait très peur essentiellement parce que j’ai peur de tout reprendre dans 5 ans…

      BREF, là tout de suite, j’ai envie de dire « fuck accepter de s’aimer », je n’y arrive pas du tout et je me sens en échec! 😉
      Merci à toi pour ton commentaire qui me rassure, je ne suis pas seule, ça fait du bien! 🙂

      • Oh non, ce n’est pas facile… et moi, je suis rassurée de voir que tu as perdu 4kg, c’est énorme, de mon point de vue!!! J’aimerais pouvoir en dire autant, moi qui n’ai fait que grossir depuis 1 an que je consulte!!!
        je pense que c’est un excellent signe, et que ça veut dire que tu arrives à assimiler le lacher prise, continue!! tu es sur la bonne voie. Laisse toi encore du temps et de la patience (facile à dire)..
        courage et merci pour ta réponse.
        V.

        • Merci beaucoup Véronique. Ton commentaire m’a beaucoup aidé et je t’en remercie. C’est vrai qu’à la reflexion, 4 kilos en moins, ça veut dire que j’ai cessé de grossir et même si c’est très lent, je suis sur la bonne voie.
          Je dois garder à l’esprit que je ne veux pas perdre 30 kilos en 6 mois (e,fin si, j’aimerais, mais ça ne servirait à rien si c’est pour les reprendre ensuite).
          Je te souhaite beaucoup de courage à toi aussi, il nous en faut pour faire preuve de patience, de persévérance et d’un certain lâher prise. Mais on y arrivera!! 🙂

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