Grossesses rapprochées, le tsunami!

Déjà, avec un seul enfant, j’avais souvent du mal à m’en sortir. Je m’en suis occupée quasiment seule jusqu’à ses 5 ans, j’étais jeune, j’étais étudiante, j’étais inexpérimentée… Et j’avais déjà beaucoup de mal à m’organiser!
MissCouette est arrivée et, à deux parents, avec deux enfants, on s’en sortait plutôt bien. On gérait à peu près mais c’était « chaud patate » quand même un peu… Disons que les deux premières années étaient animées, entre une Mouflette qui tentait de retrouver sa place avec énergie et un bébé qui, comme souvent les bébés, demandait une attention constante… Même si MissCouette était franchement du genre cool.

Et puis, quand MC a eu 3 ans, je suis tombée enceinte. C’était voulu et attendu de longue date. Sans parler de difficultés, cette grossesse m’est apparue comme survenant après un parcours du combattant (deux fausses couches consécutives, il m’a fallu près d’un an avant de me sentir prête à « retenter ». Je sais bien que c’est un parcours relativement courant, mais chacun vit les choses à sa manière). Cette grossesse a été très éprouvante car Noisette était mal alimentée. De très nombreux examens ont été faits (là encore, tout est relatif, on parle d’une échographie toutes les 3 semaines, mais cela a été très angoissant), une suspicion de trisomie au dernier trimestre a ajouté une énorme dose de stress… On nous promettait un bébé minuscule, 2,5 kilos à terme… La prématurité planait puisqu’au moindre ralentissement de croissance, Noisette devait être sortie afin de « mieux grandir » en couveuse.
Au final, Noisette est née spontanément à 37 semaines, elle pesait 2,8 kilos.
Elle est néanmoins née très affaiblie, a eu toutes les difficultés du monde pour s’alimenter, mes doutes et angoisses n’ont pas été entendus à la maternité et s’en est suivi un passage paniquant en néo-nat, une semaine pendant laquelle j’ai cru perdre ma toute petite fille… Une naissance éprouvante, donc, particulièrement angoissante…
Et moins de 4 mois après tout cela, bam, j’apprends que je suis enceinte à nouveau.

J’ai eu le sentiment de vivre une grossesse de deux ans… Déjà très affaiblie par la grossesse de Noisette, j’ai très mal vécu, tant physiquement que psychologiquement, la gestation de Pépin. J’appréhendais tellement de me retrouver avec deux bébés… Noisette a fêté ses 13 mois et Pépin est né le lendemain (pratique pour retenir les date de naissance).
J’ai toujours regardé avec un oeil inquiet les familles qui enchaînaient les bébés. Admiration teintée de « mais mon dieu ils sont fous??! » Moi qui ai attendu 8 ans avant de me sentir prête à faire une petite soeur à Mouflette… Je n’envisageais pas moins de trois ans d’écart entre mes enfants… Les enfants rapprochés me terrifiaient.
Et on s’est retrouvés avec des bébés très rapprochés de 13 mois d’écart seulement… Autant dire, pour moi, un cauchemar similaire à des jumeaux (ma hantise absolue, alors que c’est le rêve de Mii…).

Cela fait 20 mois que Pépin est né et inutile de dire que je ne me suis toujours pas remise du tsunami provoqué par les naissances successives de mes deux benjamins. Encore épuisée par ma troisième grossesse, je suis tombée enceinte à nouveau… Et quand le petit dernier est né, quand j’ai eu fini de l’allaiter (et je ne vais pas mentir, cela n’a pas été une partie de plaisir pour moi alors j’ai écourté autant que possible!) hé bien je me suis retrouvée avec quatre enfants à gérer, dont deux bébés, une adolescente très chiante et une petite fille de 5 ans cherchant sa place avec perte et fracas.

20 mois que nous sommes quatre. C’est drôle parce que dit comme ça, ça me parait tellement peu! Alors que j’ai l’impression d’avoir ce quotidien depuis une dizaine d’années… Alors que, paradoxalement, Pépin me semble avoir 10 ou 11 mois, tout au plus.
20 mois et physiquement, c’est pas encore l’extase (mais la perte/reprise de poids de l’année dernière n’a sans doute pas aidé non plus). Moralement, c’est les montagnes russes (mais là encore, je vis un chamboulement psychologique indépendamment du nombre de mes enfants).
On dit qu’il faut 9 mois pour se remettre d’une grossesse. Je pense qu’il faut environ 178 mois pour se remettre de deux grossesses consécutives (et je n’imagine même pas l’état dans lequel je serais après une grossesse gémellaire, OMG…)

En soi, les deux bébés rapprochés, c’est dur, c’est éprouvant, c’est sportif… Mais ce que j’ai trouvé le plus difficile, ce sont les grossesses. J’ai adoré ma première et ma deuxième grossesse. Je n’ai pas apprécié la troisième essentiellement à cause du stress généré par les doutes médicaux. J’ai détesté ma quatrième grossesse, qui semblait la prolongation de la grossesse précédente…
L’évocation de cette période est encore un peu terrifiante pour moi… Mon corps garde en mémoire la fatigue intense. Mon dos se souvient du poids excessif, de la démarche cambrée… Je devrais aller voir un osthéo d’ailleurs parce que je doute que quoi que ce soit se soit remis au bon endroit « là-dedans »…
Les malaises à répétition, les chutes de tension, l’anémie, encore présente un an et demis plus tard…

Je me demande souvent pourquoi je suis si fatiguée, aujourd’hui… Et parfois, je pense que mon corps ne s’est toujours pas rétabli de ces deux dernières grossesses… Je n’ai pas eu le temps de me reposer, de reprendre des forces, avec des travaux à gérer, un déménagement, un emménagement et surtout quatre enfants dont deux petits bébés… Porter Noisette, puis Pépin, changer un million de couches, donner des biberons, soigner les bobos, s’inquiéter puissance quatre, monter des meubles, fixer des étagères, repasser 4 millions de vêtements, 3 millions de lessives, les repas, emmener tout le monde à l’école, à la crèche, refréner mes multiples envies de meurtres envers les utilisateurs du métro toulousain.
Et encore, je n’ai pas à me plaindre, Noisette a fait ses nuits juste avant que son frère naisse et Pépin est un bébé ultra-cool qui dormait 12 heures d’affilé à 2 mois.

En soi, si je prends ma vie à l’instant T, je n’ai pas tellement de raisons d’être fatiguée. Certes, gérer quatre enfants, ce n’est pas évident, mais je dors très bien la nuit (il suffit de me poser sur un lit et je m’endors en 30 secondes environ…) et j’ai très souvent mes huit heures de sommeil (oui, je sais, j’ai beaucoup de chance).
Mais je reste éreintée. Mon anémie est enfin réglée pourtant, mais le moindre événement, le moindre rhume, et je mets des semaines à me requinquer… Je sais bien que mon embonpoint n’aide pas du tout. Mais je crois que je reste « sonnée » par ces deux ans de grossesse.
Vendredi dernier, j’ai donné mon sang, profitant de mon taux acceptable de globules rouges. Une semaine après, j’ai toujours des vertiges suite à ce don. Et ce sentiment de n’avoir jamais le temps de m’en remettre, que quelles que soient les heures de sommeil, je me lève crevée.
Parfois je suis au top de la forme, et d’autres, je ne suis pas certaine de réussir à tenir debout après mon réveil.

 

Ce n’est peut-être pas très sympa de ma part de faire porter le chapeau de mon excessive fatigue à cette période de grossesses à gogo, mais je pense qu’il y a un lien. Après tout, ça ne fait que 20 mois. Pépin est encore petit, il commence à s’autonomiser pour quelques trucs, mais il reste un tout petit garçon très dépendant et Noisette n’a qu’un an de plus, elle est tout aussi prenante voire plus, car son « terrible two » (que l’on pourrait appeler « terrible 1,2,3 » la concernant) est un défi pour les nerfs.

C’est drôle parce qu’après la naissance de Pépin, je me demandais si j’arriverais un jour à ne plus vouloir d’autres enfants… Et aujourd’hui, je regarde les bébés des autres, je trouve ça adorable, mais me reviennent instantanément en mémoire les nuits blanches, les difficultés d’allaitement, les douleurs post-partum, le sentiment d’aliénation d’avoir un bébé accroché à soi H24. Je me souviens avec nostalgie des bébés, de leurs gazouillis, de leurs petits poings levés quand ils dorment, de l’ardeur de leurs regards… Mais ce qui me revient quand je me demande si un « petit cinquième » me tenterait, c’est plutôt la fatigue chronique et insurmontable, la dépendance totale, les difficultés de mouvement. Alors je crois que ça y est, je suis « vaccinée »! J’adore mes enfants et je suis tellement heureuse qu’ils grandissent! Sans aller jusqu’à dire que j’ai hâte qu’ils soient propres et qu’ils s’habillent tout seuls, je les regarde grandir avec un léger soulagement. Ouf, bientôt, ça sera plus facile. Même si l’expérience avec une ado nous montre que les difficultés deviennent différentes, au moins, on est plus reposés!

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22 Discussions on
“Grossesses rapprochées, le tsunami!”
  • 4 enfants ici aussi:le grand bientot 20 ans,la deuz bientot 13 ans , mon arc en ciel bientot 9 ans et la derniere tout juste 3 ans !pas mal d’ écart entre chaque (1 img et 6 fausses couches ca aide !) Mais toujours et encore cette fatigue …
    Je cours pas mal (apres le temps!) De rdv en rdv pour mon arc en ciel qui est multi dys sévère, et je cours tout court, 2 fois par semaine parce que ca m’ aide a fondre;a me vider la tete et a etre une meilleure mere pour ma tribu !

  • Je me souviens, après mes 2 grossesses rapprochées, je me chopais tous les microbes qui passaient. J’ai eu les pires gastro de ma vie après ces 2 grossesses et pourtant, enceinte, je me sentais pleine de vie. L’allaitement avait chamboulé ma thyroïde et je maigrissais beaucoup. C’est clair, les grossesses rapprochées, ça marque.
    Une bonne longue cure de vitamines pourrait te faire du bien.
    Bon courage

    • Oui, je me suis acheté une cure de 15 jours, j’en suis à la moitié (mais toujours HS), je vais continuer. Je prends du fer en continue aussi (et pourtant mon niveau est pas super remonté…)

  • Merci pour votre article, je m’y retrouve totalement!
    Maman de Antoine 22 mois et Louise 9 mois (= 13 mois d’écart :p), entre eux et le boulot (infirmière avec des horaires variables) je suis moi aussi totalement H.S, à me demander si je n’ais pas un truc qui cloche (narcolepsie?…;-)
    Mais bref, « un jour ça ira mieux », « on en bave maintenant pour mieux en profiter après » (dixit nos proches: heu… c’est quand « après » ?!!!)

    Bon courage et bravo pour votre blog que j’adore, je dévore chaque article!

  • On sous-estime souvent tout ce que la grossesse « ponctionne » dans notre corps… China Rubra en homéopathie aide beaucoup pour ce genre de fatigue, ici c’est ce qui me fait tenir avec mes 3 loulous (le plus petit à 13 mois)… à tester !

  • comme je te comprends! Trois bébés en 33 mois. La dernière aura 13 mois dans 2 jours. Et personne ne veut se coucher le soir, et tout le monde est debout à 6h chaque matin! Quand j’arrive au bureau à 9h, je suis déjà lessivée! Pourtant, je ne serais pas contre un p’tit 4.
    Le pôpa ne veut pas, il dit qu’on est trop vieux et qu’il est trop fatigué… ah bon??? 🙂

  • Mes deux dernières ont 16 mois d’écart ; je comprends parfaitement ce que tu ressens. Elles ont maintenant 7 mois et 2 ans (bientôt) et je sors enfin la tête de l’eau. Et il faut aussi s’occuper de la grande de 6 ans. Par contre, physiquement, je me sens plutôt bien malgré des nuits pas géniales.

  • Je trouve ton article super car il est honnête et c’est rassurant (bon c’est pas super pour toi d’être crevée).
    Mo je compatis, même si à ma hauteur je n’ai ‘que ‘deux enfants et pourtant régulièrement je me demande pourquoi j’ai fait un deuxième vu l’état dans lequel je suis.
    Pour la fatigue, je dirai que le problème n’est pas que le sommeil. L’état de vigilance constant dans lequel tu es quand tu es maman de petits (plus grands je sais pas si on relâche), l’impression de ne jamais avoir de répis (ou alors une heure dont tu profites à peine car tu sais que tu rempiles juste après)…tout ça épuise aussi.

  • Évidemment, je sais de quoi tu parles. Mes deux premiers ont 12 mois d’écart, et j’ai eu la folie de pondre la troisième deux ans après. Trois mômes en trois ans, parfois je me demande quelle mouche m’a piquée. Mon corps, pourtant jeune et en bonne santé, me rappelle douloureusement combien je l’ai poussé à bout ces dernières années. Cela dit je mesure ma chance, et je savoure les avantages qu’offre la géométrie (atypique) de ma famille. Parce que oui, ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre, il y a quelques avantages à avoir des enfants d’âges rapprochés. Par exemple je suis très contente de me dire que bientôt les couches, la poussette, le lit parapluie, et les problèmes logistiques de déplacement ne seront qu’un souvenir. Et je suis ravie quand je constate le lien si particulier qui unit mes deux aînés. Comme Des jumeaux, complices dans les bêtises comme dans les câlins. C’est dur, au quotidien. Mais je me rassure en me disant que malgré tout, on leur a fait un beau cadeau. Courage Aurore, prend le temps de savourer chaque instant, et autorise toi des moments rien qu’à toi, avec le soutien de Mii. Tes marmots sont magnifiques, du plus grand au plus petit, tu peux être fière de ton parcours.

  • J’ai l’impression d’être dans le même état que toi alors que je n’ai que 2 enfants et qui ont 3 ans d’écart ! Je crois que je commence à peine à sortir de l’ornière. A mon avis, il faut au moins deux ans pour se remettre d’une grossesse, au minimum. Alors quand on en a enchainé deux comme toi, c’est plus que normal d’avoir besoin d’encore plus de temps. Plein de courage !

  • Physiquement tu dois être totalement en besoin d’ostéo comme tu dis, car ces grossesses, ta fatigue et le quotidien joue énormément dans l’état général de notre corps.J’y vais deux fois par an, il y a toujours quelque chose à remettre en place!Ca te ferait surement du bien!en tout cas je tire mon chapeau aux famille nombreuses, car nous, parfois, même si c’est de moins en moins, rie qu’avec un enfant, une maison et des travaux, on est de temps en temps sous l’eau…mais souvent à cause du boulot et d’un rythme désarticulé…

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