Ma thérapie par le rangement!

Einstein disait, paraît-il « Si un bureau encombré évoque un esprit encombré, alors que dire d’un bureau vide…? »
Il répondait avec humour à la critique qui lui était faite à propos de son bureau en bordel… Cette petite phrase m’a longtemps hanté, et je crois encore que mon besoin d’ordre dénote un manque d’intelligence de ma part.

Mais c’est ainsi, le désordre m’angoisse et je ne me sens sereine que quand tout est à sa place autour de moi.

Cela fait des années, toute ma vie je crois, que je cours après l’ordre, sans jamais parvenir à quelque chose de satisfaisant. Je suis une maniaque contrariée, apte à ranger et nettoyer, mais incapable de garder une maison dans un état acceptable. Surtout, mon « inacceptable » est difficilement compréhensible pour un oeil extérieur… Si UNE chose, ou disons quelques objets sont en désordre, j’ai un sentiment de chaos hyper envahissant, comme si ce petit désordre était totalement insurmontable. Comme si la maison toute entière était sur le point de s’écrouler parce que trois livres trainent par terre.

Evidemment, avec quatre enfants, j’ai dû apprendre à surmonter cette sensation, et peu à peu, j’ai appris que j’étais capable de ranger les livres en peu de temps et que l’ordre était à ma portée. Mais cela était toujours insatisfaisant pour moi.

Dernièrement, j’ai été prise d’une véritable folie de rangement. J’ai eu un besoin irrépressible de mettre de l’ordre, de ranger, jeter, trier, donner, ranger encore mieux, jusqu’à ce que chaque chose soit à sa place.

Cela m’a pris environ trois semaines (la maison était déjà très très bien rangée, objectivement), j’ai acheté des boîtes, j’ai fabriqué des rangements de fortune (moches, mais j’étais fière de moi), j’ai viré ce qui me pesait, j’ai aidé mon mari à faire le tri, et pour la première fois, il s’est plié au jeu de bonne grâce, mes enfants s’y sont mis aussi, et tous ont loué le beau rangement et la maison bien propre.

Et moi, je me suis allégée.
Je sais qu’il s’est joué quelque chose de beaucoup plus profond qu’un simple rangement… Je n’ai pas simplement rempli des poubelles ou déplacé des objets… J’ai mis de l’ordre dans ma tête.

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Pour la première fois de ma vie, je suis satisfaite du rangement opéré. Pour la première fois, quand un petit désordre apparaît, je suis en paix, je ne me sens plus envahie par le chaos. J’ai fait le vide, je me suis débarrassé de tout ce qui me pesait, pour ne garder que l’essentiel, au propre comme au figuré.

Cela m’a demandé un peu de temps et beaucoup d’énergie (ranger, c’est physique!), mais cela m’a donné un grand sentiment de bien-être.

Je sais bien qu’en théorie, le bien-être est dans la tête. Mais je suis pour ma part convaincue qu’il y a des sortes de rites initiatiques qui permettent d’avancer…
Pour certains, ce sera le sport, pour d’autres, une retraite spirituelle, pour moi, c’est, en ce moment, le rangement.

J’ai récemment pris une décision radicale qui a une grande influence sur le cours de mon existence.
Si le choix a été très difficile à faire, si j’ai cru mourir de douleur au début, je sais aujourd’hui que c’était la meilleure chose à faire et je commence à ressentir un profond soulagement.

Durant ma frénésie de rangement, j’ai pu ne penser à rien d’autre qu’aux objets que j’avais dans les mains, à la meilleure place où les mettre, au choix de les garder ou non.
Basique, concret, profondément ancré dans le réel.
Un objet –> Le garder ou pas –> Où le ranger.
Ca doit sembler légèrement stupide vu de l’extérieur… En quoi accomplir des actions aussi simples peut aider?
Pour ma part, ça m’a aidé à structurer ma pensée. J’ai beau ne pas être spécialement matérialiste, chaque objet chez moi revêt une symbolique, forte ou non. Mon éplucheur à légumes peut être bien plus qu’un simple économe… Il est aussi le vecteur de souvenirs. Avec qui ai-je épluché des légumes? Quelles sensations cela a t’il fait naître en moi? J’avais trois éplucheurs à légumes, un en bois que j’ai depuis très longtemps, un en plastique acheté récemment chez Ikea (dans un lot avec deux autres ustensiles) et un en plastique noir dont je ne me souviens plus la provenance. J’ai balancé le Ikea qui ne m’évoquait rien. J’ai gardé le noir qui est pratique, même s’il ne m’évoque rien non plus. Et celui en bois m’a rappelé mon indépendance gagnée, les premières pommes épluchées par Mouflette, les moments partagés avec MissCouette… Ce simple petit objet du quotidien a désormais une histoire, qu’il véhicule à chaque fois que je le touche.

Certains objets sont relativement neutres. Certains sont vecteurs d’émotions et sensations très positives, d’autres, au contraire, m’ont tout de suite été hostiles.

Sous son apparente simplicité, le rangement m’est apparu comme une véritable thérapie. Je me suis déchargée de certains poids. Je n’ai jamais eu de mal à me séparer des objets pourtant, croyais-je… Mais certains restaient accrochés à moi comme des boulets.

Cet été, nous nous sommes fait cambrioler et on m’a volé tous mes bijoux.
Passée la stupeur, cet événement a été un déclic.
Je ne crois ni au destin, ni aux « choses qui arrivent pour une raison », en revanche, je crois en la capacité de notre cerveau à s’approprier certains événements pour leur donner une signification spéciale.
Et ce cambriolage s’est avéré positif pour moi (je le répète, j’ai fait face à un cambriolage « soft », peu de casse, aucun saccage, « juste » le vol des bijoux « de valeur »). Je me suis faite voler tous mes bijoux, dont certains auxquels je croyais beaucoup tenir. et leur disparition m’a apporté comme un soulagement indéfinissable. Comme un message « tu n’as plus besoin de ces objets et tu n’as plus besoin de ceux dont ils proviennent ».

Ce rangement m’a aidé à faire le tri entre ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. J’ai pu me départir d’objets « toxiques » et mettre en valeur d’autres qui tenaient à mes yeux. J’ai aussi pu mettre en lumière ce qui me manquait et que je dois récupérer, ou au moins essayer…
Ces objets laissés presque « en otage » et que je dois libérer pour me couper définitivement d’une emprise non souhaitable.

c’est un processus à la fois facile, efficace mais peu avouable… Justement parce que trop simple, trop ancré dans le matériel auquel on ne devrait donner aucune importance.
Mais cela fait aussi partie de mon cheminement vers la bienveillance. Ecouter mes besoins, même ceux qui me semblent idiots ou indignes… Les respecter. Me respecter.

Et savourer en famille le plaisir de vivre dans un lieu ordonné, où chaque chose à sa place, où on peut consacrer notre temps ensemble plutôt qu’à chercher partout ce dont on ignore où c’est rangé…

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19 Discussions on
“Ma thérapie par le rangement!”
  • Je trouve ça super beau de t’être fait confiance pour vivre ce rangement et tout ce que ça change pour toi si pleinement !
    J’ai pu expérimenter que souvent, de petites choses en apparence anodines ou idiotes peuvent pourtant avoir une portée symbolique tellement importante que de les changer nous font changer aussi. C’est aussi très vrai dans notre façon de parler et de nous parler à nous même 😉
    Merci pour ce partage et aussi pour tes derniers articles que j’ai trouvé très touchants de sincérité, c’est très inspirant 🙂

  • je suis pareil, je ne supporte pas le désordre, il me met de mauvaise humeur. Mon mari est à peu près comme moi, même si nous avons nos différends sur la méthode… personnellement, je suis incapable de bien travailler si mon bureau est en désordre ou de cuisiner sereinement si l vaisselle n’est pas faite ! Et je préfère ranger un peu tous les jours plutôt que de passer des Week-end entier à mettre en ordre l’appartement !

  • Je suis admirative. Je dois dire que je suis une maniaque contrariée. A une époque de ma vie, j’ai développé une maniaquerie à la limite du tic. Je rangeais tout, j’ordonnais, je lavais. A cette époque, j’ai développé des insomnies très importantes accompagnées de crises d’angoisse, j’étais à un âge un peu charnière, vers 27 ans, j’avais un bon travail, j’étais célibataire et j’angoissais de me voir seule avec mon appartement très bien rangée. J’ai été voir une sophrologue et en réalité elle m’a appris à lâcher prise (là dessus en tout cas, parce que disons le, sur le reste, je reste une énorme control freak, en plus d’être une hésitante maladive incapable de toute spontanéité dans le quotidien). J’ai appris à ne plus ranger par ordre, à ne plus trier. Depuis c’est le bordel chez moi 😀 J’ai une femme de ménage qui vient nettoyer et ranger, mais franchement, je m’en tape, d’une force rare. Ce que je constate c’est qu’à 27 ans j’étais malheureuse, aujourd’hui je suis bordélique et épanouie 😀

    • Ha oui alors que moi c’est l’inverse, j’étais malheureuse avant quand c’était rangé mais que je ne savais pas m’en rendre compte. Et je suis heureuse aujourd’hui que j’arrive à VOIR que c’est bien rangé! ^^

  • Toujours bien analysé, toujours du recul sur toi-même, bravo !
    Moi j’ai envie de rangement extrême, mais il me fait peur au contraire.

  • C’est incroyable comme je me retrouve dans ton texte. J’ai aussi lu Marie Kondo et je me sens en phase avec sa présentation du rangement. Je me sens tellement mieux quand tout est rangé, mais rangé à Ma façon… et puis j’ai beaucoup aimé le fait de conserver les objets qui nous rendent heureux, qui nous envoient des ondes positives !

    • Oui, j’aime aussi cette idée. Mais je trouve qu’une approche vraiment « psychologique » du rangement devrait être fait. Car au delà de la culture et du tempérament, il y a vraiment un truc qui se joue dans la tête, je trouve…

  • Je suis exactement pareille. Sauf que j’ai un mari très très peu coopératif pour le rangement, le ménage et le tri des choses dont on n’a plus besoin. Et j’ai aussi un bébé de 10 mois à la maison.
    On peut faire un burn-out du rangement ? Je crois que j’en suis à peu près à ce point là mais j’essaie progressivement de faire les choses le mieux possible 😉

    • … quand c’est rangé et clean mais le bordel ne me dérange pas trop non plus… sauf dans la cuisine ! je ne peux pas laisser de la vaisselle sale mais mon bureau (heu la table du salon…) pas rangé, ça ne m’empêche pas de vivre… Depuis toujours je donne et je fais du tri, et plus le temps passe moins je veux m’encombrer… je voudrais avoir encore besoin de moins de choses (ou moins croire que j’ai besoin de ces choses !)
      mais quand on est nombreux c’est bien d’avoir plusieurs épluches légumes, y’a plus d’excuse pour ne pas le faire 🙂

      • Oui, moi non plus ça ne m’empêche pas de vivre (surtout mon bureau lol qui est plus souvent en bordel que bien rangé!) au quotidien, mais bon, je préfère quand c’est bien rangé. J4ai des phases en fait, par moment, je me fiche complètement du bazar qui s’accumule et puis je suis prise d’une frénésie vitale de rangement et je me sens bien qu’une fois que tout est rangé. N »anmoins, ça semble se calmer un peu et j’arrive à trouver un équilibre pour ranger au fur et à mesure et ne plus avoir ce « break point »! 😀

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