Reprendre ses études : les questions à se poser avant

Ma reprise d’études suscite pas mal de curiosité et d’interrogation autour de moi, que ce soit « dans la vraie vie » ou sur internet. C’est légitime, la reprise d’études à « l’âge adulte » reste un choix non-conformiste et relativement singulier mais néanmoins tentant pour un certain nombre de personnes.
Les questions que l’on me pose le plus souvent sont par rapport à la prise de décision. Comment me suis-je décidée à sauter le pas? Quelles questions je me suis posée? Ai-je eu des doutes?

J’aimerais donc revenir sur cette période afin d’aider celles et ceux qui se posent sérieusement la question de reprendre leurs études et aimeraient savoir si c’est le bon moment pour eux.
Je n’ai bien évidemment pas une réponse individuelle à apporter… Chacun a ses propres raisons, sa motivation, une situation personnelle et des contraintes qui rentrent en ligne de compte. Je ne peux que parler de ma propre expérience.

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Qu’est ce qui a impulsé ma prise de décision? Un ensemble de choses… Le sentiment d’être en décalage avec ce que je souhaitais vraiment… J’ai consacré plusieurs années de ma vie à fonder notre famille. Cela a été pour moi une priorité. Une fois que Pépin a eu deux ans, j’ai senti notre famille « au complet » (oui, avant, je n’étais pas tout à fait sûre… ^^). Et j’ai ressenti un fort besoin de me recentrer un peu sur moi-même. De me sentir pleinement accomplie.
Un peu avant l’été dernier, un ensemble de choses a fait que je me suis sentie prête à finir le cursus entamé des années plus tôt et à enfin réaliser mon rêve de devenir avocate.

L’idée a mûri rapidement. La première chose que j’ai faite, avant de me renseigner sur la faisabilité de mon embryon de projet, a été d’en discuter avec mon mari. Il m’a paru évident qu’une telle décision se prenait à deux et que je ne pourrais jamais m’embarquer dans une telle entreprise sans le soutien indéfectible de celui qui partage ma vie.
Etait-ce le bon moment pour lui autant que pour moi? Serait-il prêt à m’épauler? A supporter mes doutes et mes angoisses (je suis réaliste, je ne suis pas quelqu’un de très serein…)? Que pensait-il de mes chances de mener à bien un tel projet?

J’ai la chance de vivre avec un homme qui croit en moi plus que moi-même. Je n’ai pas eu besoin d’essayer de le convaincre, il m’a immédiatement dit de foncer, il m’a assuré de son soutien et qu’il mettrait tout en oeuvre afin de me faciliter la tâche.
Je ne suis pas en train de dire que l’on doit nécessairement avoir la bénédiction de son/a conjoint/e pour réaliser ses projets, loin de là… Je suis simplement pragmatique… Quand on décide de chambouler sa vie, cela a forcément un impact non négligeable sur l’entourage… Et on peut difficilement se consacrer pleinement à sa nouvelle vie si le conjoint met des bâtons dans les roues, inconsciemment ou non. Ce n’est pas impossible, mais ce sera beaucoup plus difficile, alors autant être fixé dès le départ!

Ai-je eu des doutes? Oui, environ un million!
Je me suis demandé si ce n’était pas là que pure folie? Je me suis demandée si c’était une décision mûrement réfléchie ou juste une nouvelle marotte? Est-ce que j’en suis capable? Suis-je prête à modifier chacune de mes habitudes pour mener à bien ce projet? Mes enfants vont-ils m’en vouloir? Est-ce que j’aurai toujours du temps pour me consacrer à eux? Vais-je pouvoir tout mener de front? Aurai-je l’énergie nécessaire?

Les doutes n’ont pu être balayés peu à peu qu’en immersion… En effet, avant, difficile de répondre concrètement… C’est ce qui est très angoissant avec ce genre de démarche, on doit sauter dans le grand bain et voir ensuite si on sait nager…

Je me suis posée plusieurs questions déterminantes:
– Ai-je très très très envie de me lancer?
– Comment est-ce que je me vois si je ne tente pas?
– Qu’est-ce que je ressens en me voyant tenter?

C’est basique, mais assez efficace. Oui, j’en avais très très très envie et même plus encore. Je me voyais totalement déprimée si je n’essayais pas. Et je ressentais beaucoup de joie à l’idée de me lancer.

Je me suis ensuite demandée quels pourraient-être les obstacles.
– L’organisation avec une famille nombreuse. C’est sûr, je ne pars pas gagnante… Mais les filles sont toutes scolarisées et Pépin va à la crèche. Concrètement, c’était donc tout à fait envisageable. Pas facile, mais faisable!
– Ma motivation ne risquait-elle pas de baisser rapidement? C’est ce qui m’a le plus fait peur… Je me suis souvent lancée dans des trucs en perdant tout intérêt au bout de quelques semaines… Mais je me suis également engagé dans des projets au long court que j’ai tenu sur la durée… J’ai senti au plus profond de mes tripes que cette fois-ci était la bonne et que ma volonté ne me ferait pas défaut. C’était un pari risqué, mais j’ai su me faire confiance et je m’en remercie. 6 mois de cours plus tard, je suis toujours vaillante et motivée!
– Mon manque de confiance en moi… L’un de pires obstacles possibles… Serait-je capable de passer outre mes doutes sur mes capacités pour mettre toutes les chances de mon côté? J’ai répondu par l’affirmative, un peu à l’aveugle… Et j’ai eu raison.
– La peur de l’échec. Je me suis demandée si j’étais prête à assumer un échec. Je me suis mise en situation, je me suis vue effondrée par des mauvais résultats, pleurant toutes les larmes de mon corps et devant assumer le fait que mes efforts n’aient pas payé… Je me suis visualisé me relever et retenter ma chance. J’ai su alors que oui, j’étais aussi prête que l’on puisse l’être pour faire face à un échec. Evidemment, j’en souffrirais, mais je saurais rebondir.

Je crois que lorsque l’on souhaite reprendre ses études ou changer de vie, d’une manière générale… On doit d’abord se questionner sur la faisabilité matérielle du projet (pourrai-je vivre en arrêtant de travailler? Pourrai-je bosser mes cours tout en travaillant? Comment s’organiser avec les enfants, le cas échéant? Aurais-je du temps pour mener à bien mon projet? Un endroit calme où me réfugier? Etc…)

Et ensuite, se questionner sur sa disponibilité mentale.
Se lancer dans les études (ou tout autre projet un peu fou) c’est se remettre en question tout entier. On doit être en mesure de savoir si on est prêt à aller au bout ou non. Si on est prêt à assumer le regard des autres en cas d’échec. Si l’on est prêt à rebondir. Si l’on est prêt à assumer une réussite aussi! On doit également faire la balance entre ce que l’on a à y gagner et à y perdre… Et si ce que l’on risque de perdre est essentiel à nos yeux ou non. (Que ce soit le confort matériel, son couple, une sécurité de l’emploi…)

La décision me semble naturelle, avec le recul. Mais elle a représenté une bombe à l’échelle de mon quotidien. Remettre en cause tout le confort qu’apportait ma présence permanente à la maison pour mes enfants et mon mari… Etre prête à se passer du confort matériel de mon activité professionnelle (qui n’a pas spécialement ralenti, mais c’est une possibilité que j’ai envisagé). Sortir de ma zone de confort bien acquise. Me mettre en danger, d’une certaine manière… Cela m’a terrifié au début, mais j’étais prête. Si je ne l’avais pas été, j’aurais trouvé toutes les excuses du monde pour ne pas me lancer (et j’en avais beaucoup à portée de main!)

Alors je ne dirais pas « Si je l’ai fait, vous le pouvez aussi », parce que j’ai bien conscience d’être une sacrée chanceuse et que tout le monde n’a pas la même liberté que moi, ni le même soutien. J’avais peu de contraintes, au final, et que je sois chez moi ou en cours n’a pas changé grand chose à notre vie, financièrement parlant. Cela a tout changé sur bien d’autres plans, mais rien d’insurmontable.
En revanche, j’aimerais dire que oui, c’est possible. Pas facile tous les jours! Mais possible.
Et c’est terriblement exaltant de se trouver in the right place at the right moment!

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13 Discussions on
“Reprendre ses études : les questions à se poser avant”
  • on sent tellement de motivation dans cette reprise d’étude que ne pas le faire aurait forcément été source de déception pour toi.
    Mais je t’admire! reprendre des études c’est travailler à la fac ET chez soi…et faire cela avec 4 enfants, j’imagine que ça doit demander une sacrée organisation.
    Je me pose la question parfois concernant un éventuel cursus complémentaire du mien, mais je n’ai pas trouvé le courage de sauter le pas…(après c’est facile de se dire que ça sert à rien quand on a déjà fini ses études, toi tu réalises ton rêve).

  • Quel plaisir de te lire ! C’est un chouette projet de vie J’aime ton audace et ton courage, car même si tu le minimises, tu as tout ça en masse ! Bravo donc et belle route à toi

  • Je pense aussi que, de toute façon, si on ne se sent pas bien et qu’on aspire à autre chose, il y a un moment où cette idée devient plus forte que les autres. Donc il vaut mieux l’écouter avant la crise!
    Bien sur, c’est plus facile quand tout l’entourage y met du sien et ce n’est surement pas facile de se remettre en question. J’aurais beaucoup de mal à écouter des profs parler toute la journée ;-)!

    • Je t’avoue qu’il y a des jours plus faciles que d’autres! 😉
      Au début, j’étais très enjouée… Là je commence à saturer un peu des cours toute la journée (d’autant qu’on a un emploi du temps qui change sans arrêt, impossible d’avoir des repères, certains jours c’est 8h de cours et d’autres 1h30 de 17h à 18h30… C’est un peu usant.
      D’autant que je commence à baliser parce que je ne suis pas prête et tous ces cours me semblent une perte de temps (je sais que ce n’est pas vrai, mais je suis tellement plus productive chez moi qu’aller en cours me pèse parfois…)(Surtout avec le froid glacial qui revient, ma motivation est très basse là! Ca reviendra avec le vrai printemps! ^^)

  • Merci pour tous ces articles autour de ta reprise d’études c’est passionnant !
    Et je les lis avec avidité, car j’ai un projet qui me trotte dans la tête. C’est pas le moment pour moi (financièrement, je ne peux pas me le permettre), mais ça viendra dans quelques années.
    En attendant, j’aime beaucoup ces retours d’expérience !
    J’ai bien aimé tes trois questions aussi. Car lorsque je me les poses, je réalise que je ne suis pas encore assez motivée, assez libérée pour me lancer. Mais ça va venir, je le sais, avec les années …

    • Merci Cyann, cela me fait très plaisir d’avoir ton retour! Et heureuse que mon expérience puisse t’aider à te positionner…
      J’aurais répondu négativement à mes questions il y a quelques années… J’avais la tête ailleurs et d’autres priorités. Je suis plus convaincue que jamais que « chaque chose en son temps »! 🙂

  • De la chance, du soutien, mais aussi une telle envie de réussir.
    Je crois que tu portes ce projet tellement profondément en toi que cette reprise d’étude était une évidence.
    Le plus dur quand on saute dans la piscine (qui semble glacée à première vue), c’est de mettre le doigt de pied. Des fois on coule, on a l’impression que le bout de la piscine est trop loin : mais non : on y est et pis c’est tout ! Et surtout c’est bon d’y être : malgré le froid, malgré la peur, malgré tout ça et à cause de tout ça : c’est vivre pleinement !

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