Famille nombreuse, reprise d’études et job free-lance: concilier l’inconciliable

Les semaines ont 7 jours, les jours font 24 heures et les heures 60 minutes. C’est carré, précis et immuable.
Le temps ne s’allonge pas, pire, plus on en a besoin et plus il semble s’écouler rapidement.

Comment, alors, concilier 3 vies en une seule?
Voilà 11 mois que je tente de répondre à cette question sans toutefois y parvenir tout à fait…

1 – Revoir à la baisse ses exigences

J’ai tendance, comme beaucoup j’imagine, à avoir des exigences assez hautes concernant tout ce que j’ai à faire. Si ce n’est pas parfait, cela ne mérite pas d’être fait… Et comme il est impossible de « ne pas faire », je mets beaucoup d’énergie à faire des trucs pas nécessairement indispensables…
L’idée est donc de prioriser ce qui est important et ce qui l’est moins. Et accepter que ce qui a moins d’importance ne soit pas effectué parfaitement.
C’est bateau mais le ménage fait partie des choses qui ne sont pas véritablement essentielles… Ok, c’est important que l’environnement dans lequel on évolue soit agréable, propre et rangé. Mais si c’est un peu le bordel, personne ne va mourir dans d’atroces souffrances (sauf en cas d’attaque de Légo récalcitrant, mais cela arrive moins souvent qu’on ne le pense)
Le repassage peut être zappé, tout comme le lavage des sols bi-hebdomadaire, tout comme la tonte du jardin (de toute façon ça repousse toujours alors bon…), tout comme le rangement de la salle de jeux (avec un peu de chance les Légo finiront par s’entretuer) et ces rideaux qui attendent d’être posés peuvent bien patienter quelques mois de plus!

C’est assez frustrant, quand on est un brin maniaque, mais c’est important de ne pas se laisser bouffer par les détails.

2 – Apprendre à déléguer

Ce n’est pas évident quand on a eu l’habitude de gérer quasiment tout tout seul depuis des années, mais là aussi, c’est essentiel de déléguer et de laisser faire les autres à leur guise sans leur reprocher d’avoir utilisé une autre méthode que la nôtre.
La situation change, la famille soit s’adapter (d’autant plus quand la décision du changement a été prise collégialement).
Ici, par exemple, bossant depuis la maison depuis près de 9 ans et bénéficiant de plus de temps libre que mon mari, je gérais beaucoup plus de choses que lui: ménage, linge, gestion de l’administratif, garde des enfants malades, taxi pour ceux qui devaient aller ici ou là, gestion des comptes…
Depuis 11 mois, je suis moins disponible que lui, il a dû prendre une partie de ce qui m’était dévolu à sa charge.
Notre fille aînée a également pris sa part. Et les plus jeunes font ce qu’ils peuvent (c’est à dire pas grand chose, mais c’est un investissement pour l’avenir: ils progressent!)
Cela a été source de tensions au début, l’un n’étant pas habitué à faire certaines tâches, me les laissaient comme si de rien n’était… L’autre ayant du mal à supporter que tout ne soit pas fait dans les règles de l’art. La troisième estimant que les tâches étaient mieux réparties avant, quand elle n’avait presque rien à faire!
C’est un ajustement, et la période de mise en place est importante à passer, car sinon, la situation antérieure revient au galop et il est impossible de s’en dépêtrer.
Chacun étant de bonne volonté, tout a fini par rentrer dans l’ordre, petit à petit.

3 – Apprendre à dire « non » (et rester ferme)

C’est peut-être le plus difficile et à la fois le plus important…
En tant que mère, on est beaucoup plus sollicitées (enfin, je ne sais pas pour les autres, mais on me demande plein de trucs, à moi, alors que mon mari passe toujours étonnamment entre les mailles…). Ramener un gâteau pour l’école (genre le père ne sait pas faire de gâteau, lui…), penser à prendre les jus de fruits, aider à faire le ménage (c’est pourtant quasi tout le temps Mii qui s’y colle, mais c’est toujours à moi que l’on demande…)(Nos enfants sont dans une école associative, les parents font régulièrement le ménage), aider à diverses opérations quelconques et chronophages.
Bref, savoir dire non est indispensable, même si l’on culpabilise un peu ensuite. On a un objectif, il est impossible à atteindre si l’on perd du temps à aider les uns et les autres, alors on refuse! D’autant qu’accepter et risquer de ne pas avoir le temps de le faire ensuite, ce n’est pas terrible… Autant mettre les choses au clair tout de suite!
Ce n’est pas évident parce que les gens ont peu l’habitude qu’on leur refuse une demande qu’ils estiment légitime.
Récemment, une maman m’a demandé de l’aider à faire un truc long et chiant, je savais que je n’aurai pas le temps de m’y coller, j’ai donc gentiment refusé de lui rendre ce service (que je lui avais pourtant rendu l’année précédente).
Irritée par ma réponse, elle a insisté, insisté, et insisté encore, à base d’arguments plus culpabilisants les uns que les autres. Cela n’a pas été facile mais j’ai maintenu mon refus (bon à la fin, j’avais envie de l’insulter, mais je me suis également retenue…)
Bref, cela demande pas mal de volonté et de pratique, mais dire « non » est vraiment une bouée de sauvetage!

4 – Accepter ses erreurs et ne pas s’en vouloir mille ans

Cette année, j’ai eu l’impression d’être une mère horrible. J’ai oublié de faire un gâteau pour l’école pour l’anniversaire de Noisette, par exemple. Elle en a donc eu un le même jour que l’anniversaire de MissCouette (2 semaines après le sien).
J’avais bien pensé à lui en faire un pour le soir, à la maison, mais j’ai zappé qu’il en fallait un pour l’école.
Je m’en suis beaucoup voulue, alors que concrètement, à 4 ans, elle n’a pas vraiment calculé qu’elle avait eu son gâteau en retard… Elle l’a eu, elle a fêté son anniversaire avec un peu de retard, elle était toute fière d’apporter un gâteau en même temps que sa grande soeur… Je suis certaine qu’elle se souviendra d’avoir eu un gâteau, mais pas qu’elle l’a eu avec deux semaines de retard!
Et puis bon, elle a un père, il a aussi oublié le gâteau (mais c’est moi qui me suis pris une remarque à l’école, of course!) et lui n’a pas eu l’air d’en faire tout un plat.

En temps normal, il est déjà difficile de penser à tout (Pépin a eu ses vaccins avec 6 mois de retard alors que je n’avais qu’à m’occuper de lui à l’époque -ou presque-), mais quand on reprend une activité difficile et exigeante, il est normal de ne plus penser à rien…
En fin de compte, je retiens le gâteau oublié, mais j’ai pensé à tout un tas d’autres trucs tout au long de l’année et je considère cela comme normal (alors que, objectivement, cela tient de l’héroïsme! ^^)

Sans titre 4

 

5- DORMIR

Cela dépend des gens, bien sûr… Pour ma part, si je n’ai pas mes 8 heures de sommeil par nuit, je ne suis bonne à rien le lendemain. Cela me désespère, m’énerve et me contrarie, mais je n’y peux rien, j’ai un métabolisme de marmotte.
J’ai essayé de réduire petit à petit, mais 7 heures est mon minimum absolu (et encore, je fonctionne au radar). J’ai fini par me résoudre au fait que manifestement, mon corps a décidé que j’avais le besoin en sommeil d’un lamantin ou d’un enfant de 6 ans (ou d’un petit vieux de 75…). Cela n’a pas toujours été le cas, plus jeune, je pouvais enchaîner les nuits de 3 heures pour me remettre efficacement d’une nuit blanche… Mais ce temps est révolu, ma petite dame!
Je tends donc à m’adapter aux besoins de mon corps, même si ceux-ci ne m’enchantent pas… J’ai besoin de dormir pour être efficace, besoin de récupérer de mes triples journées peut-être. Alors je fais en sorte d’être couchée à 23h tous les soirs pour être pimpante le lendemain à 7h.
Si d’aventure je me couche à 1h du mat un jour, je mets une semaine à m’en remettre…
C’est pénible mais ce n’est pas vraiment le moment de lutter.
Apprendre à se connaître et respecter ses faiblesses, c’est important pour tout mener de front ensuite.

*****

Quand j’ai décidé de reprendre mes études, je savais que cela demanderait du temps, un maximum d’organisation, beaucoup de sacrifices et un investissement conséquent.
J’ai la chance d’avoir à mes côtés un partenaire de choc qui me soutient et qui met tout en oeuvre pour m’aider à réussir. La confiance qu’il a en mes capacités à réussir et tous les efforts qu’il fait pour me permettre d’y arriver sont pour moi un moteur.

L’essentiel, finalement, est peut-être de bien s’entourer. D’accepter de s’appuyer sur ceux qui nous le proposent. De changer son point de vue sur la façon dont on mène sa vie (Si je suis moins dispo pour mes enfants, c’est une chance pour eux de passer plus de temps avec leur papa, une chance pour nos filles de voir un modèle différent de ce que la société tend encore à nous imposer). D’apprendre à poser un regard bienveillant sur les choix que l’on fait.

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