Enfants rapprochés, comment survivre?

La vie est drôlement facétieuse parfois. Je me souviens parfaitement du jour où ma voisine m’a annoncée qu’elle attendait son troisième enfant. Elle était déjà mère d’une petite fille de deux ans et demi et d’un bébé de 9 mois. Je l’avais félicitée mais intérieurement, je m’étais demandée comment c’était humainement possible de faire autant d’enfants en si peu de temps. Ce n’était pas un jugement, cela ressemblait plutôt à de la panique!
J’étais moi-même maman de deux fillettes, l’une de 10 ans et la seconde d’à peine à un an. Et je m’estimais physiquement et moralement incapable de retomber enceinte à ce stade de ma vie.

Trois ans plus tard, je mettais au monde notre troisième fille. Et quatre mois à peine après sa naissance, je retombais enceinte. Quand notre fils est né, sa « grande » soeur venait d’avoir 13 mois, la veille.

Le tourbillon.

Cela fait désormais un peu plus de trois ans que nous avons acquis le grade de « famille nombreuse dont deux bébés rapprochés ».
Cela ne faisait pas partie de mes projets et cela n’a jamais non plus été un rêve (ni la famille nombreuse, ni les enfants très rapprochés).
Je ne sais pas comment nous avons survécu à ce tsunami.
Je ne suis pas le genre de mère « cool » qui prend les choses comme elles viennent. Je suis une grande angoissée, j’aime que tout soit carré et organisé, je déteste le chaos et l’imprévu. Paradoxalement, j’aime avoir la possibilité de décider certaines choses à la dernière minutes, la spontanéité de la vie.
Je suis aussi quelqu’un de très indépendant qui supporte mal les contraintes

Mes deux benjamins me sont un peu « tombés dessus ». J’étais à la fois heureuse et curieuse d’avoir deux bébés si rapprochés. Et à la fois complètement paniquée et anxieuse.

Les trois premières années ont ressemblé à s’y méprendre à des montagnes russes. Des hauts, des bas, des passages en chute libre, des remontées difficiles. Énormément de joie, beaucoup de rire, mais aussi un paquet incommensurable de fatigue, d’énervement… Et surtout le calme à jamais disparu…

J’ai lu récemment un article qui expliquait en substance que personne ne pouvait comprendre le fait d’avoir des jumeaux tant qu’il n’en a pas eu soi-même. Et que des jumeaux n’avaient vraiment rien à voir avec des enfants rapprochés, les jumeaux, c’est bien plus difficile, patati patata.
Je n’ai pas de jumeaux. En revanche, je ne sais pas comment je m’en suis sortie avec nos enfants rapprochés. Je me dis que suivant ce témoignage, je serais sûrement morte avec des jumeaux (ils m’auraient peut-être mangé durant mon sommeil!)

Je ne sais pas ce qui est le plus dur et je ne veux pas engager de débat là-dessus (en vrai je m’en fous de savoir qui souffre le plus… Etre parent est déjà en soi une difficulté insurmontable!).
Je sais juste que j’ai eu l’impression de me noyer dans une vague qui n’en finissait pas…

Enceinte avec un bébé dans les bras, vivre une grossesse alors que celle d’avant vient à peine de terminer… Ce sentiment ne m’a pas quitté durant les trois années qui ont suivi.
Quand l’un commençait à faire ses nuits, l’autre entrait dans la période des terreurs nocturnes. Quand l’un commençait à marcher, il fallait attendre un an avant que l’autre s’y mette. Quand l’un commençait à manger tout seul, on en avait encore pour un an avec l’autre. Le seul truc sur lequel ils ont été simultanés c’est l’arrêt de la tétine… Il était impossible de faire arrêter l’un tant que l’autre en avait encore (parce qu’ils se les refilaient!). On a donc dû attendre que le dernier soit prêt pour engager un arrêt commun.
Même à l’échelle de la journée, quand l’un piquait une crise, dès qu’on arrivait à le calmer, l’autre prenait la relève.
Le chaos en permanence.

On a dû organiser nos journées pour les séparer parfois. Quand l’un de nous deux partaient faire une course, il en emmenait un tandis que l’autre gardait le deuxième. Pour avoir un calme relatif pendant quelques heures.
Car on ajoute à la difficulté de devoir se confronter à deux rythmes d’enfants décalés d’un an le fait que leurs comportements étaient décuplés lorsqu’ils étaient ensemble.
Seul, chacun est relativement gérable. Ensemble, c’est la bombe atomique.

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Et ce n’est pas comme si nous n’en avions « que » deux… Il faut ajouter les humeurs des aînées. La cadette qui a commencé à se rebiffer un peu pour obtenir l’attention qu’elle mérite. L’aînée qui après 9 ans à vivre en fille unique se retrouve noyée au milieu d’une fratrie bruyante et qui affirme des velléités de fuite.

Mon titre est trompeur, je n’ai aucune solution pour y « survivre » si ce n’est d’attendre que le temps passe.
C’est ce que je me répétais dans les périodes franchement difficiles « Bientôt ils seront plus grands, ce n’est qu’une question d’années, ça passe vite, serre les dents en attendant et essaye de profiter de ce petit monde! »
La parentalité n’est pas un chemin doux et lumineux. C’est une expérience magnifique mais parfois aussi vraiment frustrante et déconcertante.
A vrai dire, avec mes deux aînées, je n’ai jamais ressenti la maternité comme une réelle difficulté. C’est plus la société qui me posait souci, et le regard qu’elle porte sur les mères et la façon dont nous devrions éduquer nos enfants.
En revanche, mes benjamins ont atteint mes limites. Pas chacun individuellement mais le lot des deux bébés combinés.
Je pense que j’aurais pu avoir 12 enfants avec trois ou quatre ans d’écart entre chacun (j’exagère, je n’aurais jamais voulu 12 enfants! ^^). Je suis convaincue que la vie aurait été plus facile si nous avions attendu 3 ou 4 ans avant d’avoir Pépin. Je suis aussi persuadée que Pépin ne serait jamais arrivé si nous avions attendu, nous nous serions « contentés » de trois enfants. Je ne suis pas en train de dire que je regrette sa naissance, bien au contraire. Mais que cette aventure des bébés rapprochés m’a fait prendre conscience de la difficulté matérielle et concrète d’être parent.
J’avais connu la fatigue, l’angoisse et tout ce que l’on peut imaginer avec mes grandes. Mais je n’avais jamais ressenti la difficulté sur le long terme.

Depuis la rentrée, je sens que les choses prennent un tournant favorable.
Nous n’avons plus de bébé à la maison.
L’entrée à l’école a signé pour chacun de mes enfants une première étape vers l’émancipation et Pépin n’échappe pas à la règle.
Il acquiert son autonomie chaque jour un peu plus et à une vitesse fulgurante.
Les crises de Noisette et Pépin se font de plus en plus rares.
Nos enfants arrivent à cohabiter avec un peu plus de facilité.
Les trajets en voiture sont plus calmes.
Tout devient plus simple et surtout beaucoup plus apaisé.

Je pense que nous entrons désormais dans une ère où le fait d’avoir des enfants très rapprochés tiendra plus du bonheur que du sacerdoce.
J’ai adoré voir évoluer mes deux bébés. Mais cela m’a également épuisé. Mii aussi est complètement lessivé. Et même Mouflette est à bout et cherche souvent à fuir les moments en famille pour éviter le bruit généré par ses frère et soeurs.

Je crois que de toute manière, et même si j’aime la période « bébé », je préfère la relation qui se tisse avec les enfants un tout petit peu plus grands. Pourtant j’ai cru que je n’arriverais jamais à passer outre mon envie presque boulimique de bébés minuscules… Mes deux « petits derniers » m’ont sans doute vaccinée! ^^

Nous commençons enfin, après trois ans, à trouver un rythme et un équilibre satisfaisants. Voir mes enfants grandir et devenir de petites personnes pleines de joie et de passion me chamboule le coeur. J’ai aimé les avoir bébé mais je suis vraiment heureuse que cette période soit derrière nous et pouvoir enfin commencer à profiter du bonheur d’une famille nombreuse et relativement calme.

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8 Discussions on
“Enfants rapprochés, comment survivre?”
  • Je n’en ai « que » 2, nés à 15 moins d’intervalle. La grande s’est faite beaucoup attendre, son cadet ne nous a pas laissés le temps de l’envisager. Cette grossesse surprise a été un vrai cataclysme pour moi alors que nous étions déjà tellement fatigués par un seul bébé. Là ils ont 3 et presque 2 ans. Rapprochés mais pas encore au point d’avoir les mêmes besoins. Comme tu l’expliques, tout est succession. Depuis 3 ans, on est en mode survie. On a la tête à peine émergée et il suffit d’une ou deux nuits blanches, une bonne gastro, pour nous faire sombrer. C’est tellement difficile certains jours, je ne pensais pas que la fatigue serait une telle torture. Comme toi, je serre les dents en me disant que chaque jour qui passe est un de moins vers leur autonomie. Comme toi, je me demande, si avoir des jumeaux c’est vraiment pire ? Mais nous n’avons pas de regret non plus. Ils se disputent mais la minute d’après nous fondons devant leur complicité et on se dit « mais bordel, qu’est ce qu’on ferait sans eux ! Tout ça vaut quand même la peine »
    Je t’admire pour ta force de caractère pour avoir repris les études et t’y tenir malgré je l’imagine un quotidien bien rempli ! Et je te souhaite très sincèrement de réussir dans ton projet parce que tous les efforts que tu sembles fournir ne peuvent que payer, ce n’est pas possible avec autant d’investissement !

    • Merci Hélène!
      Je pense quand même que des jumeaux « c’est pire ». Mais pas de beaucoup lol!
      Clairement ça en vaut la peine! Leur complicité n’a pas de prix!
      Merci beaucoup pour tes encouragements. J’espère aussi réussir mais si ça n’est pas cette année, ça sera la suivante! 😉

  • Bon je vais faire ma connasse. En tant que maman de jumeaux et d’un petit dernier rapproché, ça n’a rien à voir en termes de difficultés. Gérer deux nouveaux nés en même temps c’est une horreur. D’ailleurs on a totalement oublié ces premiers mois (tant mieux ^^). Vivre le rythme de deux nouveaux nés pas synchronisés, les biberons toutes les 3h de manière anarchique, le besoin qu’ils ont de contact permanent alors qu’on est seule et autres joyeusetés du 4e trimestres c’est le Vietnam ;).

    Mais pour autant ça ne veut pas dire que ce n’est pas la guerre ailleurs. Avoir des enfants rapprochés c’est aussi horriblement difficile les premiers temps. Nous aussi c’est notre mantra: plus tard ça ira mieux.

    • Tu ne fais pas ta connasse, tu partages ton vécu! 😉
      Je veux bien croire que des jumeaux ce soit « pire ». C’était ma hantise à vrai dire et je crois que je préfère des bébés rapprochés, quand même (même si j’ai trouvé ça vraiment hard!)
      Un bébé de un an et un autre qui vient de naître, ça reste légèrement plus gérable je pense…

      Allez courage!! Warrior! 😉

  • Quand tu écris que tu aurais pu avoir 12 enfant s’ils étaient espacés, c’est exactement ce que je me dis depuis que j’ai eu 2 filles rapprochés 16 mois entre la 2e et la 3e. Comme toi, j’ai 3 filles puis un garçon. Le plus grand écart est entre l’aînée et la cadette.
    Tu me donnes de l’espoir dans ces moments où elles me rendent folles (elles ont actuellement 8, 3 et demi, 2 ans). Le petit frère a 2 ans d’écart avec ma 3e fille et je trouve que c’est plus gerao.

  • Votre article me parle beaucoup ! Cette impression d’être dans un tourbillon ne nous quitte pas. Nous avons une fille de deux ans et demi, un garçon de 17 mois (13 mois d’écart) et j’attends notre troisième pour novembre (18 mois d’écart avec le deuxième). Ils étaient tous les trois prévus mais parfois on se dit qu’on est fous. J’aimerais un 4ème un jour, avec un écart de deux ou trois ans mais le papa n’est pas d’accord pour le moment. Je pense que lorsque tout ce petit monde sera à l’école et qu’on soufflera un peu, il sera peut-être plus ouvert à l’idée. J’ai eu beaucoup d’exemples d’enfants rapprochés dans mon entourage mais pas lui et je pense qu’il a du mal à croire que le rythme va se calmer un peu dès que les enfants gagneront en autonomie. 😀

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