Sélection de livres « petits mais costauds »

Comme je l’expliquais la semaine dernière, je suis prise d’une frénésie de lecture qui peine à passer (il y a de pires maux dans la vie, me direz-vous, et vous n’auriez pas totalement tort!). J’ai pris la décision de ne plus lire que le soir et uniquement le soir pour ainsi garder du temps pour tout ce que j’ai d’autre à faire (réviser, m’entraîner la la note de synthèse, écrire un livre, bosser, m’occuper de mes enfants aussi, accessoirement -dois-je rappeler que j’en ai quatre?-). A force d’habitude, je suppose que cela devrait devenir un bon compromis sur le long terme!

Bref, pour que cette compulsion livresque ne soit pas inutile (ça ne l’est jamais totalement, on est d’accord!) j’ai décidé de vous livrer une petite sélection de livres courts mais intenses, qui vous permettront de vous remettre dans le bain de la lecture si, comme moi, vous avez été contraints de le quitter ou tout simplement de passer un bon moment pendant deux heures.

Soie de Alessandro Barrico *****

140 pages de délicatesse absolue. Il m’a été conseillé par mon oncle et j’ai été totalement conquise. En 1860, un négociant de vers à soie doit contourner une épidémie en allant s’approvisionner au Japon. Mêlant aventure et amour impossible, ce petit roman a tout d’un grand. Les émotions sont puissantes mais tout en retenue. Le récit est évanescent, comme la soie qui est le fil conducteur de l’intrigue. C’est beau, fort et subtil. La narration est truffée de phrases merveilleusement poétiques, en peu de mots, la beauté et l’insignifiance de nos vies nous frappent de plein fouet. Un chef d’œuvre!

Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepuvelda ****

Dans la forêt amazonienne, un blanc est sauvagement assassiné. On soupçonne immédiatement les indiens qui vivent dans la forêt. Un vieil homme prend leur défense et affirme que l’homme a été tué par un jaguar. Il part alors en expédition pour retrouver le meurtrier animal.
Peu enchantée par le titre, je me suis laissée guider par l’avis de mon oncle. J’ai eu raison. Ce livre est une pépite. En 130 pages, on est catapultés dans un autre monde, un autre univers, celui de la forêt sauvage et magnifique. Le vieil homme fuit la barbarie en lisant des romans d’amour « avec de l’amour fort, beaucoup de malheurs et une fin heureuse ». En filigrane, la cruauté des hommes civilisés, tellement idiots, hautains et irrespectueux de la nature… En contrepieds, les « sauvages » qui habitent la forêt et en connaissent tous les secrets, qui respectent la vie, la nature, dans sa générosité mais aussi sa cruauté parfois.
Un très beau roman, court mais très fort.

L’enfant qui de Jeanne Benameur ****

J’ai découvert Jeanne Benameur avec Les demeurées. J’ai eu un vrai coup de coeur pour son écriture ciselé, précise, étonnante et sensible. Si j’ai bien aimé Les demeurées mais regretté quelques facilités narratives, j’ai adoré L’enfant qui… Le récit très poétique du bout de vie d’un enfant qui a perdu sa mère. Le père et la grand-mère de l’enfant sont également ravagés par le chagrin. La question en filigrane est celle du seuil, de la résilience, du souvenir et des racines. Comment grandir quand sa maman a disparut? Comment reconstruire sa vie quand on ignore où est celle qu’on a follement aimé? Une écriture travaillée comme de la dentelle, douce, infiniment précise, tendre et aiguisée. Je n’ai qu’une envie, lire d’autres romans de cette auteure hors normes qui écrit des romans comme des poésies.

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick Modiano ****

Encore une lecture conseillée par mon oncle. J’ai lu, l’année dernière, La petite bijou qui m’avait beaucoup plu. J’ai retenté avec une pointe d’appréhension, allais-je aimer autant celui-ci? Et mon oncle m’avait prévenu « Modiano, c’est beau mais c’est toujours la même histoire! ». Et c’est vrai… Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier raconte grosso modo la même histoire que La petite Bijou mais avec des personnages différents (encore que). J’ai eu du mal à rentrer dans le récit. L’écriture est très simple, de prime abord… Mais il se passe quelque chose d’un peu magique au fur et à mesure de la lecture, une sensation envoûtante de grande mélancolie mêlée à un peu de nostalgie… C’est doux, douloureux, plutôt exquis en fait. Pourtant cela ne raconte presque rien, des souvenirs évanescents, des réminiscences du passé, quelques sensations diffuses… L’écriture qui semble simple revêt le pouvoir de rendre palpable l’immatériel.

Modiano a reçu le prix Nobel de la littérature pour son travail sur la mémoire et l’oubli. Deux de ses oeuvres ont suffit à me convaincre qu’en effet, son travail est remarquable. Je compte lire d’autres romans de l’auteur, pas trop souvent cela dit parce qu’ils me plongent dans un certain désarroi à chaque fois…

Ici ça va de Thomas Vinau ****

C’est un titre tout simple, pour un livre qui l’est tout autant. Un couple part habiter dans la maison d’enfance de l’homme. Il a sombré peu avant dans un burn-out et réapprend à vivre dans cette terre natale dans laquelle les souvenirs peinent à trouver le chemin de sa mémoire.
Ils rénovent la maison, ratiboisent le jardin, en même temps qu’ils guérissent, qu’ils pansent leurs blessures et qu’ils reconstruisent leur couple.
C’est tendre et doux. Le style est épuré. Il ne se passe presque rien, on assiste à la vie toute simple, dans ce qu’elle a de plus beau.
J’ai beaucoup aimé ce petit roman, comme une goutte de rosée. Un univers rassurant où tout coule avec naturel et lenteur, que l’on quitte à regret.

Si cette petite chronique vous plaît, j’en publierai sans doute d’autres! 🙂

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