Nervous Breakdown

C’est une sorte de vague, ou peut-être un cycle… De temps en temps, je sature, ma cocotte-minute intérieure se dérègle et je suis sur le point d’exploser. Je me sens à deux doigts du petit rien qui me fera basculer.

J’ai essayé de rapprocher ces vagues de mes propres cycles mais cela n’a rien à voir. Cela ne coïncide pas non plus avec la Lune, pas plus qu’avec le temps qu’il fait, même si le mauvais temps a tendance à amplifier le phénomène et le soleil à l’atténuer un peu. Cela a peut-être un rapport avec le changement de saison mais je n’en suis pas absolument certaine non plus. Et cela n’a pas vraiment de rapport avec mon activité, même si, fatalement, plus j’ai de choses à faire et plus la panique est forte.

En revanche, je crois que ces périodes coïncident avec la perte de contrôle, quand le quotidien change. Avec l’âge (et même si je ne suis pas bien vieille), je deviens psychorigide. Je l’étais sans doute déjà auparavant, mais le temps renforce le phénomène, à moins que ce ne soit avec le nombre d’enfants. Je m’en suis rendue compte récemment. Quand j’étais vingtenaire et que je n’avais qu’une enfant, rien ne m’inquiétait vraiment. Je la laissais grimper aux arbres, tomber, se faire mal, se relever, apprendre, expérimenter, cela ne me faisait pas plus peur que ça, j’étais même plutôt du genre zen et pas du tout « mère poule ». J’avais confiance en ses capacités à rebondir et mon coeur ne se soulevait pas d’effroi à chaque fois qu’elle ratait une marche. Je ne peux malheureusement pas en dire autant aujourd’hui… Mon cerveau est devenu ultraperformant pour anticiper le pire. Je vois mes enfants dans l’escalier et immédiatement, je les visualise se pousser, tomber la tête la première, se fracasser le crâne et cesser d’exister. Je donne la main à mes enfants dans la rue, et je les visualise me lâcher et se faire emporter par une voiture qui roule à toute allure. Je les vois sur la balançoire et je les imagine se prendre le rebord en plastique dans la figure et perdre toutes leurs dents… C’est un processus inconscient qui s’impose à mon esprit. Je les vois, là, en train de jouer tranquillement et les images angoissantes affluent. Alors je les sur-protège dans l’espoir qu’il ne leur arrive rien de toutes ces images atroces, je suis pénible, je ne les laisse pas vivre comme ils le méritent. Et cela m’épuise.

Je crois que pour pallier ces désagréments mentaux, j’ai mis en place une sorte de routine très rassurante pour moi. Chaque situation est sous contrôle. Mais dès qu’une situation nouvelle apparaît, il me faut un temps d’adaptation pour qu’elle rentre dans ce cycle d’habitudes, que le processus devienne cadré et rassurant, pour qu’il rentre dans la routine.

Quand le quotidien a été un peu modifié, une fois qu’il retourne à la « normale », je suis épuisée et je tombe dans ces « cycles » d’immense fatigue, de démotivation et d’impression que je ne vais jamais arriver à rien.

Je pensais que c’était dû à un léger surmenage, j’ai beaucoup de boulot en ce moment (c’est souvent ainsi à cette période, mais cette année c’est bien pire que les précédentes!), l’échéance de mon concours approche dangereusement et je suis toujours la mère de quatre enfants, avec tout ce que cela implique (être parent de quatre enfants justifie un emploi du temps complet, à lui seul, même s’ils sont tous scolarisés). Et il est évident que porter toutes ces casquettes contribue à me fatiguer. Mais je déteste l’inactivité, je ne supporte pas de n’avoir pas grand chose à faire, alors être un peu « surbookée », même si je n’arrive à rien faire comme je l’aimerais, cela m’apporte un certain équilibre. Et cela n’est pas vecteur d’une si grande angoisse, les jours où « tout va bien ».

Non, je crois qu’au fur et à mesure des années, je suis devenue « psychorigide » sans vraiment m’en rendre compte. J’ai développé de nombreuses angoisses et peurs que je n’avais pas avant. Cela s’insinue un peu partout, dans tous les domaines de la vie de mes enfants. Cela m’empêche de respirer, certains jours. Peut-être que l’angoisse s’est décuplée avec l’arrivée de Noisette et Pépin, deux enfants en un an, peut-être que c’était trop plus que mon petit coeur nerveux ne pouvait supporter. Et plus ils grandissent, plus ce sentiment de danger imminent grandit avec eux. Et je crois que c’est ça qui me fatigue et me désoriente…

De plus en plus, il me faut mes petits repères, ma petite routine. Ce constat m’effraie, moi qui voue un culte à ma liberté et qui ai toujours loué ma gestion de l’imprévu et mon amour pour l’impulsif. J’ai beaucoup de mal à supporter ce que je deviens, une sorte de monstre de petites habitudes rassurantes, enfermé dans un cocon ouaté. Une maniaque qui panique à l’idée du moindre désordre. Les repas sont une source d’anxiété, par exemple, parce que les enfants ne mangent pas très proprement, il y a des miettes qui tombent, des tee-shirts salis, rien de bien extraordinaire, mais rien que je ne sois encore capable de supporter… Et j’ignore pourquoi. Mouflette grillait un pantalon par semaine, se changeait tous les jours et foutait un bordel de dingue sans que cela me pose spécialement de souci… Je gérais (mais gérer le bordel d’un enfant, c’est plus simple que celui de quatre! Idem pour le linge et tout le reste) D’ailleurs, quand je pars avec un seul de mes enfants, je suis beaucoup plus zen (tout ce qui se passe sans moi reste dans un coin de ma tête, en sourdine)

J’ai pris conscience de tout cela avec un détail un peu insignifiant. Plus jeune, j’adorais les chats, j’en avais un dont j’ai dû me séparer quand je suis tombée enceinte de Mouflette (et qui a fini sa vie chez ma mère). Or, récemment, un chat s’est perdu dans notre jardin, il était tout câlin et cherchait notre compagnie. Mon premier réflexe a été de le prendre dans mes bras et de le caresser. Un flux continu d’images de poils de chat envahissant notre intérieur cosy, de balafres sur les joues de mes enfants, griffés par le chat, de rideaux en lambeaux après que le chat ait fait ses griffes dessus, d’odeur nauséabonde après qu’il ait marqué son territoire sur le canapé, voire un oeil crevé d’un de mes enfants qui se serait approché trop près d’une de ses griffes… Tout ça en l’espace de quelques secondes. Le pelage du chat dans mes mains est tout à coup devenu insupportable, je me suis sentie en danger et sale, alors je l’ai reposé. (On a pris son tatouage pour le signaler au vétérinaire) Cela a provoqué chez moi une sorte d’électrochoc. Comment ai-je pu devenir aussi distante avec celle que j’étais il y a à peine dix ans? Comment un adorable chat peut provoquer autant de peurs irrationnelles?

Je ne sais pas comment surmonter toutes ces angoisses qui m’accablent (le mot n’est pas trop fort, ces peurs sont un vecteur de panique incontrôlable qui me met K.O régulièrement… Ces fameux « cycles ») Je ne suis pas certaine de savoir d’où ces angoisses proviennent (au fond, je le sais bien, mais je ne comprends pas comment j’ai pu les laisser prendre autant de place) J’étais plutôt du genre « Carpe diem », la peur n’empêche pas le danger, quoi qu’il advienne, je ferai face…

Mais un truc s’est détraqué et je dois le réparer.

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10 Discussions on
“Nervous Breakdown”
  • Tu vas le surmonter, et le dépasser, il n’y a pas de raisons… tu as dépassé tellement d’événements que je ne doute pas que tu y arrives..cela doit être une façon de te protéger et de gérer des angoisses. Gérer (les miettes, les poils de chat) = gagner du temps et donc de l’énergie. Comme tu es fatiguée tu n’imagines pas comment tu pourras faire face au moindre grain de sable : donc tu contrôles tout…
    Oui tu fais beaucoup pour une seule femme, et donc c’est normal de se sentir débordée…Sois bienveillante envers toi-même…accepte d’être un peu controlfreak en ce moment car tu en as besoin.
    Peut-être tu peux informer ton mari et tes enfants, qui mettront surement de l’eau dans ton vin si tu dépasses les limites…
    Je te dirai bien mais « lâche » « souffle quand tu sens des bouffées arriver »….mais ça tu le sais déjà, et si tu écris ce billet c’est que justement tu n’y arrives pas…encore….
    tout passe, ne t’en fais pas….

    • C’est très certainement ça, le contrôle me permet de garder le dessus, psychologiquement parlant et de ne pas m’effondrer, je suppose…
      Je n’ai jamais l’impression d’en faire assez, alors j’ai du mal à comprendre ces manifestations! 😉
      MErci beaucoup pour ton soutien et tes encouragements, cela me fait du bien. 🙂

  • D’une manière différente, mais j’ai aussi été confrontée à des angoisses et peurs envahissantes, entrainant de l’anxiété. Je m’en suis sortie grâce à la reflexologie émotionnelle. Je ne connaissais pas du tout, mais il me fallait une solution naturelle et rapide…. en quelques séances, hop, c’est parti ! Il faut accepter d’ouvrir ses tripes au praticien, mais ça vaut la peine. Je suis tombée sur une praticienne géniale

  • Je passais sur ton blog par hasard et je me suis arrêtée car je l ai trouvé très mignon.
    Pour rrvenir au sujet de ton blog, d expérience je sais qu’il ne faut pas que culpabiliser d avoir évoluer, tout le monde evolue. Si tu culpabilise demande toi au yeux de qui ce n’est pas bon que tu sois plus dans le control, ça aide.
    La vraie tristesse est cyclique, même la dépression est cyclique tant qu’on sait pas toujours le déclencheur et tous les psys ne donnent pas de médicaments 😉 ils ne disent rien de spécial ils nous aident juste à trouver et à depasser ce qui nous dérange intérieurement.
    Si celle que tu es aujourd’hui ne te plaît pas et surtout si un jour tu as envie de deposer les « armes » je te conseillerai plutôt l hypnose « humaniste ». C’est très efficaces pour l anxiété et pour le poids, la cigarette et généralement les séances sont l occasion de prendre du temps pour soi. Bon courage

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