Aller de l’avant…

L’autre jour, je discutais avec mon mari, et il m’a fait le plus beau compliment qu’on puisse me faire, il m’a dit que ce qu’il aimait le plus chez moi, c’est ma faculté à aller de l’avant, toujours.

Ca m’a fait plaisir parce que je pense effectivement que c’est quelque chose qui me caractérise. J’ai des tas de défauts, mais j’ai cette qualité là, d’être quelqu’un qu’on ne peut pas freiner quand elle a décidé quelque chose (note que pour beaucoup c’est un défaut, mais par chance, la personne avec laquelle je partage ma vie voit ça comme une qualité!).

Quand j’étais petite, j’avais un égo surdimensionné pour compenser l’estime de moi totalement inexistante. Je pensais à la fois que j’étais complètement stupide et incapable de réussir quoi que ce soit dans la vie (matraquage parental) et en même temps que j’étais très intelligente et vouée à de grandes choses (j’ai su lire à 4 ans, ça m’est monté à la tête).

A l’adolescence, j’étais blasée, je ne me pensais plus intelligente du tout, et tellement certaine d’être une incapable, je ne faisais plus rien. A 16 ans j’ai arrêté d’aller en cours, je n’ai pas passé mon bac, je me suis totalement déscolarisée.

Quand j’ai eu Mouflette, j’ai voulu tenter d’avoir ce diplôme qui me manquait. Enfant, je voulais être avocat, puis juge. Et c’est un rêve qui ne m’a jamais quitté. Sans le bac, je ne pouvais pas entreprendre ces études bien trop compliquées pour moi. Mais j’ai tenté. Et j’ai eu mon bac, à 21 ans (Mouflette avait 18 mois), avec mention (ce qui n’a aucune sorte d’importance mais ça m’a fait plaisir quand même).

J’ai reçu des dizaines de critiques, des avertissements, des menaces même à base de « Mais tu n’y arriveras jamais, tu vas perdre une année et rater ta vie! » (note que je vois pas comment elle pouvait être plus ratée qu’à l’instant T mais bon…). Mais, déterminée, j’ai continué. Ca a été très difficile, cette année de terminale. J’avais un enfant, j’étais en instance de divorce et ça se passait très mal, ma vie était particulièrement chaotique. Mais j’ai réussi, à force de persévérance et de travail (sur les 3 dernières semaines, mais quand même, j’ai bien bossé).

J’ai ensuite continué mes études, jusqu’au master. J’ai réussi à mon rythme. Rapidement et brillamment au début, bien plus lentement vers la fin, vu les difficultés rencontrées dans ma vie.
Néanmoins, ces études sont une force pour moi. Oui, pour l’instant, mon diplôme ne me sert à rien, mais ce parcours étudiant m’a permis d’avancer. Il m’ouvre des portes professionnelles, d’une part, mais m’a aussi permis d’acquérir un début de semblant d’estime de moi (et non de confiance. La confiance, aussi curieux que ça puisse paraître, je n’en ai jamais manqué, même si je cache ça derrière un « qui ne tente rien n’a rien », si je ne pensais pas avoir une chance de réussir, je crois que je ne me serais jamais engagée dans ces études longues).
Les études m’ont aussi apporté sur un plan concret: une manière de penser, de réfléchir, une méthode d’apprentissage, ça a fait travailler ma mémoire, mon intelligence et ma réflexion. Etudier ouvre l’esprit, donne des clés pour comprendre le monde, l’appréhender. Je ne dis pas que c’est indispensable, certains y arrivent parfaitement sans aucun diplôme, d’autres sont bardés de diplômes et sont crétins comme leur pied. Mais pour moi, ça a été très important et ça m’a permis d’acquérir des connaissances, une façon de travailler, une certaine rigueur. Bref, une ouverture d’esprit que je n’avais pas avant.

Enfin bref. L’année dernière, quelques jours avant la naissance de MissCouette, j’ai validé mon master avec des notes assez brillantes. Et puis pendant un an, je n’ai rien fait, je me suis occupée de mon bébé, de ma famille, j’ai blogué à fond…

A la base, j’ai commencé mes études en me disant qu’après le master, je tenterai l’examen d’entrée au CRFPA. Mais arrivée à 29 ans, mon master ENFIN en poche, 8 ans après le bac (donc avec quelques années de retard en route) j’en avais juste marre, des études, du stress des examens, du bachotage, de tout.

Oui mais, un an après, je me retrouve avec certains regrets. Devenir avocat est toujours un rêve pour moi, un rêve totalement inaccessible mais à portée de main, à portée d’inscription. Pourquoi je rêve de devenir avocat est un peu complexe à expliquer, il y a le côté « Zorro », défendre la veuve et l’orphelin. La difficulté intellectuelle, l’exercice oral, un métier intéressant et enrichissant. Je mentirais si j’omettais la reconnaissance sociale. Oui, c’est futile, mais cette reconnaissance me rendrait heureuse et fière (je crois). Et puis le reste, des raisons intimes et pas vraiment avouables.

Alors voilà, comme je déteste les regrets, comme j’ai envie de pouvoir me dire « j’ai essayé au moins » et comme j’ai, malgré tout, un petit espoir d’être capable d’y arriver je me suis inscrite l’année prochaine à la prépa CRFPA de l’IEJ de Toulouse.
C’est complètement fou parce que je n’ai pas de place en crèche ni d’assistante mat’ dispo. Que je ne vais bénéficier que d’une douzaine d’heures de garderie par semaine et que ça ne me laissera ni le temps de me rendre à tous les cours et encore moins celui de travailler en journée vu la vitalité d’un bébé d’un an et +. L’examen d’entrée au CRFPA est d’un niveau particulièrement élevé (10% de réussite chaque année… Et une entrée à bac+4 minimum) et demande donc un travail assidu et acharné.

Je pars donc avec de sérieux handicaps, d’autant que tout le monde ne comprend pas mon choix de redevenir étudiante, encore, alors que j’ai deux enfants et qu’il serait temps que je m’y mette, quand même (au boulot s’entend)(ou à faire un 3ème enfant).
Et en fait, je m’en fiche qu’on me comprenne. Je ne demande ni avis ni conseil. L’an prochain, je serai étudiante pour préparer un examen (ou concours déguisé)(mais sans vote, hahaha), et puis c’est tout. Si je rate, je me maudirais sans doute et trouverais que je suis la pire personne qui soit (ou pas, d’ailleurs). Si je réussis, je serais sans doute contente quelques minutes et j’entrerais dans une école prestigieuse et qui demande un travail important, avec l’espoir d’un métier de rêve à la clé (un métier de rêve pour moi, bien entendu).

Mon mari et mes amis proches me soutiennent. Mon mari est fier de moi, fier que j’ai des projets, de l’ambition, et que je mette en œuvre la possibilité de les réaliser. Et moi je suis heureuse. C’est vrai, ça diffère mon entrée dans la vie active (en vrai, je bosse depuis chez moi, mais ça n’est pas un vrai travail, bien entendu) , mais c’est important pour moi.Et ça n’est pas à cinquante piges que je me lancerais! (encore que).

Dans la vie, parfois, faut être un peu con et se lancer des défis insurmontables. Enfin moi j’aime bien faire ça! (Et puis, confidence pour confidence, j’aime bien être un peu con.)

Voilà, un billet un peu perso, presque intime. L’année prochaine, j’aurais sans doute beaucoup moins de temps pour faire tourner ce blog, même si j’essaierai autant que je peux! Je vais avoir besoin d’apprendre l’organisation militaire. Mais l’idée de me lancer dans un projet que je juge immense, ça me plait. J’aime quand les choses bougent. J’aime aller de l’avant et que rien ne soit figé. Même si c’est pour me vautrer lamentablement…

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